Nouvel épisode pour parler de la vie d’un de nos frères lensois parti loin du pays. Aujourd’hui, c’est le grand nord que l’on visite. David, qui vit au Canada, nous parle du RC Lens des années 1990, du hockey mais également de ce qui lui permet de tenir l’hiver venant. Sans parler de la footixerie qui sévit aussi sur les bords du Saint-Laurent.
Salut David, est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle David. Je suis né à Dunkerque. J’ai 43 ans et je vis au Québec depuis un peu plus de 2 ans avec ma femme et mes 3 garçons. Je suis tombé amoureux du Racing vers l’âge de 12 ans environ en regardant Téléfoot. Je voyais la ferveur de la Marek et ça me faisait rêver. Il faut dire qu’à cette époque, mes seules émotions footballistiques se résumaient à des matchs de l’USL Dunkerque au Stade Tribut contre La Roche-sur-Yon ou Beauvais… Bref, deux salles, deux ambiances ! Quelques années plus tard, en 1994/95 mon père (qui a partagé ses bancs d’école avec Didier Six) m’a fait la surprise de m’emmener à Bollaert pour voir Lens-Auxerre. J’étais en Delacourt et j’ai passé presque tout le match à regarder le Kop. Quand Marc-Vivien Foe a marqué, j’ai vécu une énorme émotion. Dans mon souvenir d’enfant, j’avais l’impression que la tribune allait s’effondrer. C’est à ce moment que tout a commencé…
Qu’est-ce qui t’a amené à Québec ?
On peut le dire… c’est la crise de la quarantaine ! J’avais envie de changer d’air, de voir autre chose et surtout d’améliorer notre qualité de vie. On s’est installés au Québec en 2019, alors c’est encore récent, mais je ne regrette pas ce choix. Mais c’est vrai que c’est quand même un gros »move » comme on dit ici. En l’espace de 3 mois, tu prends une décision, tu vends tout ce que tu as pu acheter dans ta vie, tu prends l’avion et tu recommences dans un appartement vide. Il a fallu s’adapter. Ici, ce n’est pas la France, c’est un morceau d’Amérique qui parle français.
Du coup, tu pratiques le Hockey ?
Oui. En fait, j’ai toujours aimé le Hockey et je l’ai même pratiqué un peu en France. J’adore vraiment ce sport ! En débarquant ici, j’ai immédiatement pris des abonnements pour moi et mes fils pour aller voir les matchs du club local, les Remparts de Québec. Je m’attendais à y voir de la passion et de la ferveur comme dans un stade de foot européen, mais finalement, c’est surtout un spectacle familial ou les gens vont plutôt manger et boire que supporter leur équipe. De ce que j’ai compris, la passion de la ville de Québec a disparu lorsque la franchise NHL des »Nordiques de Québec » a été vendue à Denver dans le Colorado. Les partisans se sont sentis trahis. Pour faire une comparaison, imagine qu’à la fin de saison, Joseph Oughourlian vendait, avec un bon gros chèque en retour, le Racing à un entrepreneur milliardaire d’Orléans ou du Mans. Tous les joueurs et le staff doivent déménager dans leur nouvelle ville et Bollaert devient une friche industrielle… Eh bien c’est ça qui s’est passé ! Imagine la tête des supporters lensois si ça devait arriver. Par exemple, mon voisin, qui était un partisan solide des Nordiques, n’a plus jamais voulu regarder la moindre minute de hockey de sa vie tellement il était dégouté…
« Je suis vraiment heureux du retour du Racing au premier plan »
Est-ce que tu arrives à suivre les matchs tous les week-ends ?
Malheureusement, non. Mes garçons font tous les trois du hockey et je suis moi-même coach de l’équipe de mes deux plus jeunes. C’est très très prenant ! Avec deux matchs de hockey chaque samedi et deux autres matchs le dimanche, il est assez rare que je sois à la maison en milieu de journée. Il y a six heures de décalage horaire. Je regarde les matchs en streaming dès que possible mais sinon, je me contente des highlights. Je suis vraiment heureux du retour du Racing au premier plan. La nouvelle équipe de dirigeants a l’air de faire un bon travail général alors je retrouve le plaisir que j’avais un peu perdu depuis l’arrivée du gentil Hafiz !
Est-ce que tu as réussi à croiser des supporters lensois à Québec ? As-tu des anecdotes teintées de Sang et Or depuis le Grand Nord ?
J’ai croisé pas mal de Français et de gens du Nord mais pas vraiment de supporters Lensois. Pour l’anecdote, je croise parfois quelques enfants québécois avec des maillots du PSG… Ça prouve bien qu’il n’y a aucune culture du foot ici (rires) !
Est-ce que tu suis la MLS ? Si oui, est-ce que tu as des joueurs à recommander à Florent Ghisolfi ?
De très loin, je suis arrivé à l’automne 2019 et la saison était presque terminée. Ensuite, il y a eu le COVID et tout s’est arrêté. Il faut comprendre que la MLS est une ligue qui se déroule dans 2 pays (USA et Canada) donc avec la fermeture des frontières, tout est devenu compliqué. L’Impact de Montréal a même dû se délocaliser en Floride pour jouer ses matchs.
Quand je suis arrivé, c’est Rémi Garde qui était l’entraineur puis Thierry Henry a pris la succession. Il est arrivé comme un vrai dieu du foot mais n’a pas été beaucoup plus brillant qu’à Monaco. En 2021/2022, un nouvel entraineur est arrivé mais l’Impact n’a toujours pas réussi à se qualifier pour les play-offs.
Est-ce que j’ai des noms pour F. Ghisolfi ? Oui. Plein ! Surtout si l’ambition du Racing est de retourner en Ligue 2. Sinon, il vaut mieux passer son chemin. En vérité, je trouve le niveau technique assez faible. Les matchs manquent de rythme et sont souvent ennuyeux. Je comprends bien mieux pourquoi Zlatan mettait un but par match en jouant en marchant. Il y a pas mal de joueurs sud-américains qui remplissent les équipes ici… mais ce ne sont pas les meilleurs !
Qu’est-ce qui réchauffe le mieux ton salon, une cheminée bien alimentée en bois ou un but à la 95e minute de Seko Fofana ?
Surtout celui contre le LOSC ! C’était vraiment hot, en tout cas, assez pour avoir bien bien chaud même ici ! Surtout qu’en ce moment, la température ne dépasse pas les -18°C au plus chaud de l’après-midi. Alors il faudrait des buts de Seko tous les jours pour passer l’hiver.
La poutine c’est mieux que les frites Sensas, vraiment ?!
Ben d’abord, il faut expliquer ce qu’est la poutine. C’est une assiette de frites sur laquelle tu mets du fromage qui a le gout de plastique. Et ensuite tu verses une sauce brune bizarre de recette inconnue. A partir de là, tu comprends que les frites de Lens (avec un peu de vinaigre bien sûr) sont largement devant ! Simple et efficace ! Cela dit, pour dire la vérité, j’apprécie de manger une bonne poutine en famille ou avec des amis.
« Je suis un poly-traumatisé du Racing »
Comment tu vois cette deuxième partie de saison ?
En fait, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. On a tellement galéré pendant 15 ans que je n’arrive même pas à réaliser ce qui se passe depuis 2 ans. J’ai toujours l’impression qu’on est le « Petit Poucet » de la Ligue 1 et que chaque point qu’on gagne est miraculeux. En fait, j’étais présent à Troyes le 26 Mai 2007 qui marque pour moi un tournant dans l’histoire récente du club. Si, on gagne ce match, on joue la Ligue des Champions l’année suivante et on s’assure des gros revenus financiers. Mais on perd ce soir-là 3-0 et on se retrouve en Intertoto! Quelque chose s’est cassé. A l’intersaison, l’équipe se reconstruit mal et on finit 18e l’année suivante. On connait la suite de l’histoire: la Ligue 2, l’ascenseur, Mammadov, les barrages de L2 ratés, etc… En résumé, comme on dit, je suis un poly-traumatisé du Racing. Donc je suis prudent et je profite de chaque bon résultat. En fait, j’espère l’Europe car ça aiderait peut-être à garder quelques joueurs à la fin de la saison. Et puis, il va falloir penser aussi à remplacer nos vieux leaders qui ont un impact tellement important sur le mental et l’éthique de travail du reste de l’équipe. Bref, c’est un gros chantier pour nos dirigeants.
Un immense merci à David ! Tu es lensois vivant à l’étranger et souhaites partager ton expérience ? Envoie-nous un email sur contact@culturesangetor.com !