Certains moments marquent une époque et restent ancrés dans l’imaginaire collectif de plusieurs générations. Ces dernières décennies, le Racing Club de Lens en a vécu plusieurs. Beaucoup de douloureux, comme une relégation qui suit une défaite en finale de Coupe de la Ligue, une montée échouée à la dernière seconde. Certains exaltants, un titre de Champion de France succédant à un revers en finale de Coupe de France.
Cette première semaine du mois d’octobre rentre indéniablement et avec fracas dans l’Histoire avec un grand H. Elle s’inscrit désormais durablement dans la mémoire à long terme de tous les amoureux de notre club. Comme une imprégnation, un patrimoine génétique semblable à l’inné que nous possédons lors de notre venue du monde. En tant que supporters lensois, nous portons de manière inconsciente cet imaginaire. Que l’on ait quinze, vingt ou soixante ans, nous faisons corps avec ce patrimoine mémoriel. À Bollaert, nous sommes accompagnés par les envolées de Didier Six contre la Lazio. Nous portons un couvre-chef tel un Arnold Sowinski dans ses cages. Nous levons les bras vers le ciel lors d’un but comme un Yoann Lachor s’envolant le 9 mai 1998 sur la pelouse de l’Abbé Deschamps. Nous transpirons d’une certaine rancœur lorsque que l’on voit un anglais portant un maillot frappé d’un canon. Notre amour UNIQUE et INCONDITIONNEL nous empêche de porter un maillot Sang et Or le matin et un maillot rouge et blanc l’après-midi.
C’est ce qu’on appelle la Culture Club avec laquelle on ne triche pas.
Un homme aujourd’hui s’inscrit en lettres d’or dans ce grand roman artésien. Franck Haise. Au moment d’écrire ces lignes, je peux ressentir une certaine forme d’angoisse. La peur de l’absence. Un jour, sans doute, Franck Haise ne sera plus au Racing Club de Lens. Comme la crainte d’un deuil, c’est une idée à laquelle je ne peux me résoudre, tant cet homme est au présent dans le Panthéon lensois au centre, avec à sa droite d’Arnold Sowinski et à sa gauche Daniel Leclercq. Quand le passé et le présent s’entremêlent. Lorsqu’on écoute en fermant les yeux les discours de notre entraîneur, on a cette sensation d’entendre l’humilité et l’humanité d’Arnold Sowinski et la rigueur et l’exigence de Daniel Leclercq. Comme une évidence de la bonne personne au bon endroit au bon moment.
Après cette semaine riche en émotions, une pause s’impose, comme on dit. Le temps nécessaire pour intérioriser ce que nous venons de vivre. Néanmoins, le football est régulièrement fait de symboles. Un symbole qui nous fait retrouver Arsenal vingt-cinq ans après pour un retour en Ligue des Champions. Et le hasard du calendrier qui nous offre notre bête noire havraise pour le retour aux affaires courantes. Comme un clin d’œil de l’histoire prêt à s’imprégner lui aussi dans notre culture club.