Le RC Lens Féminin a vu sa saison s’achever dimanche 22 mai sur la pelouse du Stade Bollaert-Delelis, comme récompense d’une première saison plutôt réussie et presque conforme à l’objectif fixé, à savoir le Top 5. Retour sur une saison pleine de promesses.
Une préparation prometteuse
Rien n’était gagné à la reprise de l’entraînement fin juillet pour Sarah M’Barek et son groupe, à la sortie d’une saison qui s’était terminée très prématurément en raison de la situation sanitaire. Les seuls entraînements avaient permis un entretien physique mais l’absence de matchs sur une si longue période n’était pas sans conséquence.
Un premier match amical perdu face aux U19F du Paris FC (2-5) mettait en lumière la tâche énorme qu’il fallait réaliser pour que le RC Lens Féminin soit prêt pour la reprise du championnat de D2F, un mois plus tard. Après ce premier accroc, la suite des matchs de préparation allait être plus conforme à ce qu’on pouvait attendre de l’équipe lensoise, avec une première victoire (0-2) face au SC Eendracht Aalst Ladies, équipe de D1 belge, suivi d’un second succès (2-0), cette fois sur le GPSO 92 Issy, évoluant en D1 Arkema. Le lendemain, une équipe très rajeunie s’inclinait sur le fil (4-3) à Calais (R1) en montrant de jolies promesses pour l’avenir. Les Sang et Or achèvent leur préparation par une belle victoire (2-4) au Havre, une des équipes favorites de D2F.
La préparation aura cependant laissé des traces dans l’effectif artésien, avec une rupture des ligaments croisés pour Tess David, recrue phare de Sarah M’Barek arrivée de Reims (D1), et une grosse entorse de la cheville pour Marie Schepers, la métronome du milieu de terrain.
La réalité du championnat
Avec les blessures de deux cadres, le RC Lens Féminin aborde donc le championnat avec un onze de départ à repenser et un adversaire de taille à affronter dès la première journée : le FC Nantes, candidat assumé à la montée. À Marcel Saupin, les filles de Sarah M’Barek peinent à exister et s’inclinent logiquement (3-0). Dès la semaine suivante, c’est un derby face au LOSC, autre prétendant à la montée, qui se profile au Stade Degouve, devant plus de 700 supporters. Au courage, les lensoises obtiennent leur premier point en arrachant le nul (0-0) et frôlent même l’exploit sur un tir de la remuante Namnata Traoré qui s’écrase sur le poteau.
Si ce derby n’est pas encore un match référence, il a le mérite de rassurer et il ouvre une série de quatre matchs nuls (Lille : 0-0 ; Vendenheim : 2-2 ; Metz : 2-2 ; La Roche-sur-Yon : 0-0). Certains de ces matchs laissent même des regrets aux Sang et Or, comme le match à Vendenheim où le RC Lens Féminin mène rapidement grâce à des buts d’Amélie Coquet et Mama Diop avant de se faire rejoindre. La réception de Metz laisse également des regrets suite, cette fois, à une prestation arbitrale que l’on jugera plutôt désastreuse.
Le déclic
Le RC Lens Féminin n’avance pas mais le déclic arrive enfin. Face au Havre, alors leader du groupe, les lensoises ne sont pas impressionnées et prennent le match à leur compte : sur une très belle action collective, Namnata Traoré ouvre logiquement le score. Quelques minutes plus tard, Mama Diop double la mise mais Le Havre réduit le score dans la foulée. Le RC Lens Féminin veut éviter le scénario de Vendenheim et Emma Smaali redonne un avantage de deux buts à son équipe sur un coup-franc excentré juste avant la pause. Solides et continuant à jouer, les Sang et Or conservent leur avantage et remportent leur premier succès de la saison (3-1), première victoire de l’ère RC Lens Féminin à Degouve. La suite va confirmer ce déclic avec deux nouveaux succès convaincants, à Saint-Maur (1-3) et à Orléans (1-4), mettant en avant la puissance de l’attaque artésienne et, notamment, le réalisme de l’attaquante sénégalaise Mama Diop.
Premier coup d’arrêt
C’est fort d’une série de sept matchs sans défaite, dont trois succès de rang, que le RC Lens Féminin reçoit Strasbourg. Délocalisé au Stade Blin, où évolue habituellement la réserve masculine du RC Lens, les Sang et Or reçoivent un soutien plus important que d’habitude avec la présence de quelques dizaines d’ultras. Malheureusement, ce soutien ne suffit pas et les alsaciennes, réputées pour leur solidité défensive, réussissent à cadenasser l’attaque artésienne et à arracher les trois points avec un but contre son camp de la malheureuse Pauline Boquet (0-1). Il s’agit là d’un premier coup d’arrêt pour les filles de Sarah M’Barek.
Suite à cette défaite, le RC Lens Féminin dispute alors son dernier match de l’année 2021 à Brest. Dans un match compliqué, c’est Marion Mancion qui s’illustre à plusieurs reprises et préserve le point du nul (0-0). Les Artésiennes occupent alors la sixième place du groupe A de D2F, déjà loin du podium.
Un hiver au chaud
L’année 2022 débute par la réception du Stade de Reims, équipe de D1 Arkema, en seizième de finale de Coupe de France féminine. Le RC Lens Féminin a déjà disputé deux tours dans la compétition et a sérieusement battu ses adversaires de niveau inférieur : Rouen (7-0) et Cambrai (0-12). Cette fois, face à une équipe de niveau supérieur, la marche est trop haute pour les lensoises, qui n’ont pour autant pas à rougir de leur prestation, ne craquant qu’en fin de rencontre (1-3). On l’ignore encore à ce moment-là mais ce match sera un déclencheur pour la suite.
La semaine suivante, les filles de Sarah M’Barek battent Saint-Malo (2-1) non sans quelques difficultés, grâce à un doublé de Pauline Cousin dès le premier quart d’heure. Voulant sans doute trop gérer cette avance, le RC Lens Féminin va se faire peur en encaissant un but à dix minutes du terme. Il faut alors une Justine Rousseau impériale pour garder l’avantage jusqu’au bout (2-1) et prendre trois points qui vont installer les Sang et Or à la cinquième place.
Arrive alors le derby à Luchin. Le LOSC, encore en course pour la montée, compte cinq points d’avance sur le RC Lens Féminin et fait donc figure de favori. Les lilloises frappent d’ailleurs d’entrée grâce à l’ancienne arrageoise Carla Polito qui marque à la réception d’un corner. C’est au mental que l’équipe de Sarah M’Barek va revenir dans le match grâce à Pauline Cousin, encore elle, qui égalise d’une jolie reprise du gauche. Rarement bousculées depuis le début de saison, les lilloises perdent leurs moyens et Emma Smaali, puis Christy Gavory, trouvent les montants de Launay. Lille repasse malheureusement devant et mène à la pause. Loin d’être abattues, les lensoises recollent au score dès le retour des vestiaires par l’intenable Pauline Cousin, qui retrouve ses réflexes d’ancienne attaquante sur un service de Namnata Traoré. Dans la foulée, la milieu de terrain artésienne s’offre même un triplé sur une reprise du droit dans la lucarne. Assommées, les lilloises ne vont pas revenir et le RC Lens Féminin s’offre son premier derby (2-3). Désormais à deux points du rival et cinq des équipes de tête, on peut commencer à rêver d’autre chose.
« En droit de rêver de la montée »
Il faut cependant vite confirmer et c’est chose faite avec la large victoire face à la lanterne rouge Vendenheim (5-0). Muette depuis plusieurs matchs, Mama Diop en profite pour inscrire un doublé.
C’est à un match d’un autre niveau auquel le RC Lens Féminin doit s’attendre la semaine suivante. En déplacement à Metz, autre favori du groupe, les Artésiennes sont rapidement menées au score mais réagissent vite avec notamment une tête de Mama Diop qui trouve le poteau. Elles rejoignent les vestiaires avec un but de retard. Mettant le pied sur le ballon, les filles de Sarah M’Barek se procurent d’autres occasions par l’intermédiaire de Namnata Traoré, entrée à la pause, mais les messines vont tuer le match en inscrivant un deuxième but à vingt minutes de la fin. Du moins c’est ce que l’on croyait. L’impensable va se produire avec la réduction du score rapide de la joueuse en forme du moment, Pauline Cousin, d’une frappe dont elle a le secret. Peu après, Namnata Traoré s’offre l’égalisation d’une reprise peu académique et c’est Mama Diop qui permet à son équipe de l’emporter de la tête, à la retombée d’un corner très bien tiré par Christy Gavory (2-3). Le RC Lens Féminin tape à nouveau un gros et signe ainsi une quatrième victoire de suite. On était en droit de rêver de montée.
Le rêve semblait encore plus accessible lors du match suivant. Face à La Roche-sur-Yon, équipe de bas de tableau, les Sang et Or doivent cependant attendre des buts de Namnata Traoré et Mama Diop en seconde période pour empocher trois nouveaux points (2-0). De bon augure avant un déplacement au Havre, désormais adversaire direct.
Retour à la réalité
Au Havre, adversaire qu’elles ont battu à l’aller, rien ne va aller dans le bon sens pour le RC Lens Féminin. Malmenée en début de match, l’équipe lensoise obtient malgré tout un pénalty après une faute sur Pauline Cousin. C’est Mama Diop qui s’élance mais voit sa frappe repoussée par la portière. La réussite sera pourtant lensoise quand, peu avant la pause, Pauline Cousin décoche une frappe des trente mètres qui va se loger dans la lucarne. On pense alors au coup parfait pour le Racing mais les Havraises égalisent dans les arrêts de jeu de la première période. Cette égalisation sera un coup de massue puisque, malgré deux occasions au retour des vestiaires, c’est bien Le Havre qui passe devant. Il n’y aura pas de remontada cette fois et les normandes inscrivent même deux autres buts (4-1).
Le RC Lens Féminin grille un sérieux joker et doit faire le plein lors des deux matchs suivant à domicile face à des mal classés. Malheureusement, la défaite au Havre a fait mal et la réussite échappe aux Sang et Or. Face à Saint-Maur, les filles de Sarah M’Barek sont rapidement menées au score mais réagissent en multipliant les opportunités mais ni le coup-franc parfaitement tiré par Emma Smaali ni la tête de Mama Diop sur la barre ne permettent d’égaliser. Pire, les Franciliennes doublent la mise avant la pause. Malgré tous les efforts fournis en seconde période et un pénalty transformé par Mama Diop en fin de match, les Sang et Or ne reviendront pas et verront leur dernier espoir s’envoler (1-2). Le scénario sera quasi identique pour la réception d’Orléans, malgré un score de parité à la pause. Les Sang et Or finissent par prendre l’eau en deuxième mi-temps (1-4) et enchaînent un troisième revers d’affilée. Un quatrième va suivre à Strasbourg (4-0), dans un non-match.
Le Racing tourné vers la saison prochaine
Le RC Lens Féminin, sixième, est finalement à sa place et prépare déjà la prochaine saison. Cette équipe a de l’orgueil et ne compte tout de même pas laisser filer sa saison. Sarah M’Barek a commencé à travailler un système à trois derrière, un peu à l’image de celui de Franck Haise chez les hommes, et cela allait produire ses premiers effets avec deux succès consécutifs face à Brest (4-3) et à Saint-Malo (2-3). La possibilité de terminer dans l’objectif initial de finir dans le top 5.
Lors de la dernière journée, les lensoises ont l’honneur de jouer à Bollaert devant 900 personnes, la meilleure affluence de la saison, cependant bien loin de ce qui pouvait être espéré de l’aveu même de certains membres de la section féminine du RC Lens. Face à Nantes, qui espère encore chiper la première place du groupe, les lensoises ne feront guère illusion mais sauveront l’honneur en fin de match par la jeune Marega (1-4), intégrée progressivement dans le groupe et qui aura sans doute une place à prendre à la reprise. Ce dernier revers aura le mérite de montrer la marche à franchir avant d’accrocher le haut de tableau.
Le RC Lens Féminin devrait connaître un été agité. Les performances de certaines joueuses n’ont pas laissé indifférente à l’étage supérieur et un premier départ est déjà acté, celui de la numéro 10 Christy Gavory. Il faudra renforcer ce groupe jeune, à commencer par le secteur défensif qui, malgré l’intégration de la jeune Margot Anquez depuis l’instauration de la défense à trois, a montré ses limites. D’ailleurs, des essais de joueuses ont déjà eu lieu avant même la fin de la saison et se poursuivent actuellement, avec deux confrontations en interne qui s’effectuent lors de cette quinzaine où le groupe s’entraîne encore. De nouvelles têtes seront présentes à la reprise fin juillet.
La saison du RC Lens Féminin aura été intense et après deux années d’existence, la section semble prête pour franchir un palier. Si elle commence à avoir ses fans, l’équipe féminine n’attire en moyenne qu’une centaine de supporters par match à Degouve et c’est peut-être là le problème, Arras étant excentré. Les matchs de D2F sont souvent en concurrence avec les matchs des pros et aussi le football amateur. Outre le renforcement de son équipe, le RC Lens Féminin aura besoin de ferveur et cela passera par une meilleure communication du club et quelques levés de rideau au Stade Bollaert-Delelis.
Écrit par Charles
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