CULTURE SANG & OR

« SEKO, ILS EN SONT DINGUES »

Après avoir effectué un premier arrêt dans la forêt amazonienne, CSO prend son envol pour Cali, capitale mondiale de la salsa. Après être allés à la rencontre du Millonarios il y a quelques mois, c’est chez François que l’on s’arrête cette fois-ci. On y parle de Seko Fofana, du RC Lens, de l’América Cali et… de Mario Yepes !

Salut François, comment tu vas depuis ta contrée ?

Salut la Team. Ça fait déjà plus de 12 ans que j’ai quitté mon Artois. J’ai d’abord étudié à Paris en école d’ingé au tout début de l’ère QSG, avant d’aller passer mon stage de fin d’études en Australie. J’ai vu le Perth Glory de W. Gallas ! Ensuite j’ai eu une proposition de boulot à Buenos Aires en Argentine. Je n’ai pas hésité une seconde, car j’en rêvais depuis des années. Ça a été une vraie explosion de foot là-bas. Tu as beau t’y attendre, c’est encore plus fou que ce qu’on imagine… Voir un pays s’arrêter littéralement pour l’Albiceleste, un Clasico, aller dans des stades historiques avec des ambiances de malade, voir les derniers matchs de joueurs comme Riquelme, Trezeguet, Lisandro Lopez (et le tout jeune Lautaro) ou encore Cavegol (clin d’œil aux Bordelais qui en auraient bien besoin), etc.

Que fais-tu au pays des Cafeteros ? Tu vis dans quelle ville ? 

Après 3 ans de locura argentine, on a décidé de vivre à un rythme encore plus latino. Avec ma femme (rencontrée en Australie), on a décidé d’aller vivre en Colombie, son pays natal. Depuis 2016, on habite donc à Cali, la capitale mondiale de la salsa, où je bosse maintenant comme traducteur.

La Cité République à Avion Cali, troisième plus grande ville de Colombie

Depuis peu, le RC Lens est connecté à ce grand pays de football qu’est la Colombie. Est-ce que l’on parle un petit peu des Sang et Or de Joseph ?

Ici, j’ai la chance d’avoir pas mal de matchs de Ligue 1 sur des chaînes comme ESPN et Fox. J’ai eu la chance d’y voir quelques matchs de Lens depuis le début de la saison. Ça fait quelque chose ! Surtout quand t’entends les éloges à répétition des commentateurs sur notre fond de jeu, sur le coach ou encore Seko (ils en sont dingues). Du coup, mes amis colombiens savent un peu mieux placer Lens sur la carte et en parlent comme d’une équipe très joueuse. Par contre, très peu savent que Joseph Oughourlian investit à la fois dans le Millonarios et le Racing. Et les supporters du club de Bogota qui sont au courant le critiquent surtout de ne pas investir autant qu’il le fait chez nous.

« Le parallèle avec notre Racing était tout tracé »

Est-ce que tu suis le football local ? Une équipe en particulier ?

J’ai tout de suite bien aimé l’América de Cali. Comme pour le Racing Club (de Avellaneda) que j’adorais en Argentine, c’est vraiment un club historique, aussi bien en termes de résultats passés que de supporters. C’est l’un des clubs les plus aimés de Colombie, vraiment très populaire. Et aussi, avant ses récents succès, l’América a végété en 2e division pendant plusieurs années et disposait malgré tout constamment d’une hinchada ultra fidèle, toujours présente derrière l’équipe. Le parallèle avec notre Racing était donc tout tracé (avec le Deportivo Cali dans le rôle du grand méchant Losc, en forçant le trait). Par contre, pour ce qui est du championnat local, je n’ai jamais réussi à vraiment accrocher. Le niveau est à des années-lumière de l’Europe, surtout au niveau tactique, je n’aime pas du tout ce format en deux phases. Et ce ne sont pas les scandales de matchs truqués, comme pour l’ascension de l’Union Magdalena en première division, qui vont me faire changer d’avis (allez voir les images, c’est rigolo).

Comment est-ce que tu suis le RC Lens depuis Cali ?

Je ne rate pas un match ! Comme je l’ai dit plus haut, j’ai eu la chance de voir à la télé colombienne quelques matchs contre Marseille, Lyon et Paris, mais la plupart du temps c’est la chasse au bon lien streaming hein… On ne va pas se mentir. Quand on joue très tôt le samedi ou le dimanche, il faut mettre le réveil à 6h. Ça pique un peu le week-end, mais le jeu de Franck en vaut largement la chandelle. Et sinon quand on joue en soirée comme contre Paris, on a le match à 15h, c’est parfait.

« J’ai croisé des lensois dans le centre historique »

Est-ce que tu as rencontré des supporters lensois (ou d’autres équipes françaises) en Colombie ?

Bien sûr, j’ai un bon petit groupe de potes français ; on se réunit notamment pour le sacro-saint foot + 3e mi-temps du jeudi soir. Il y a un peu de tout : Paris, Nantes, Marseille, Strasbourg, Grenoble, Angers, Dijon, mais je suis le seul Lensois (et pas peu fier). Mais comme Cali est une ville assez touristique, j’en ai déjà croisé dans le centre historique de San Antonio.

Un des derniers matchs de François avant le grand départ (Lille au Stade de France, 2014)

Comment est-ce que tu vois la saison en cours ?

C’est très fort ce qu’on fait, on est dans la lignée de la saison dernière. C’est loin d’être parfait, mais n’en déplaise à certains, ça fait deux ans qu’on mange du caviar à petites doses tous les week-ends après une décennie en enfer. Ça va être difficile, le haut du classement est très resserré avec beaucoup d’équipes en forme en ce moment. Il faut juste que l’on continue notre petit bonhomme de chemin et si on arrive à accrocher une place européenne en fin de saison, quelle qu’elle soit, la saison sera très réussie. Et sinon, c’est peut-être un peu cliché, mais pour moi le plus important, c’est de vibrer comme je le fais depuis une saison et demie. On revient de tellement loin. Cette équipe et cette crème de coach (et de staff) redorent le blason de notre club et j’ai parfois l’impression que sans même rien avoir gagné, ils ont presque la même cote de popularité que l’équipe de 98. C’est dire si les gens sont heureux…

Penses-tu que l’on réussira un retour triomphal en Europe ?

L’an dernier, on est passé à rien de décrocher une incroyable place européenne, mais je me sentais tout de même soulagé d’avoir fini à cette septième place afin d’éviter l’enchaînement des compétitions. C’était un mal pour un bien, car comme pour cette fin de saison, notre limite viendra du banc. Je pense vraiment qu’on manque de profondeur d’effectif pour jouer la très haute partie de tableau. Après on a clairement la qualité pour finir bien placé, mais il nous faudra un peu de chance côté infirmerie. Qui sait…

« Joseph pourrait de nouveau nous donner un petit coup de pouce »

Si tu devais nous parler de joueurs évoluant dans le championnat local et qui pourraient intéresser Florent Ghisolfi ?

Comme je l’ai dit, je ne suis pas le plus fervent spectateur du championnat colombien, mais j’ai bien deux petits noms qui me viennent en tête. Marino Hinestroza Angulo, prêté à Palmeiras par l’América, un ailier prometteur de 19 ans. Et surtout, Daniel Ruiz Rivera, le petit milieu de terrain de 20 ans de Millonarios. Il a de bonnes stats et je suis sûr que Joseph pourrait de nouveau nous donner un petit coup de pouce dans ce dossier (rires).

D’ailleurs, j’ai cru comprendre que tu traînais régulièrement avec un ancien grand joueur de L1…

Oui (rires). L’histoire avec Mario Yepes ! Au début, on est entrés en contact avec lui grâce au lycée français de Cali. Comme ses enfants sont nés en France, en tout cas son fils, ils y étudient. J’ai pas mal de potes qui sont profs là-bas, notamment un Parisien, qui avait le fils Yepes dans sa classe. Du coup, il a organisé un premier match, il y a 3 ans de ça, avec El Capitan.

Le jour J, Mario est arrivé assez décontracté avec une équipe de sa famille, son fils, des cousins, des potes, etc. Il pensait sans doute qu’il allait nous la mettre facilement. Au final on gagne quelque chose comme 4-3 ou 5-3 ; un match assez équilibré (il porte son équipe à lui tout seul) même si l’on est au-dessus. Et pour l’anecdote dans l’anecdote, j’ai réussi à mettre un but de la tête sur corner alors que c’était Mario qui m’avait au marquage (taille oblige) : une ligne de plus au CV  ! Bref, à la fin du match on se tape dans les mains, il est un peu grognon et nous sort : « La semaine prochaine revanche ». Nous, en 3e mi-temps, on est heureux comme des papes, on a battu Yepes et on rejoue contre lui la semaine prochaine. Que demande le peuple  !

Le jeudi suivant, sur le parking juste à côté du terrain, on voit débarquer toute une série de gros 4×4. Et ce n’est pas du tout la même équipe qui rentre sur le terrain. Un pote colombien nous fait la liste des joueurs qu’il reconnaît, Freddy Hurtado, William Barragan, etc. Le Mario nous avait ramené tous ses anciens potos pros du Depo (rires). On a bien évidemment pris une branlée mémorable. Si on a marqué un ou deux buts, ils nous en ont facilement marqué une dizaine. Mais que c’était beau, transversales millimétrées, remise en une touche parfaite, anticipation en douceur de nos contrôles 50 cm trop longs, la totale. On peut dire « qu’ils nous ont respectés ».

On a fait pas mal d’autres matchs, on ne s’est plus pris de telles roustes, mais on n’a plus jamais gagné…

Retranscrit par Antoine

Un immense merci à François ! N’hésitez pas à le suivre sur Twitter (@FrancoisLeplus). Tu es lensois vivant à l’étranger et souhaites partager ton expérience ? Contacte-nous en DM !

Vous souhaitez partager l'article ?
Retour en haut