CULTURE SANG & OR

Sage contre Dujeux : le Duel des Aptonymes

Un peu de culture, chez CSO, c’est comme le saindoux sur sa tartine : moins on en a, plus on l’étale. Ce week-end, c’était l’affiche des coachs à aptonyme. Explication de match et de texte.

Lens a une tête de vainqueur avec Ganiou
Photo RC Lens
La tradition du coaching aptonymique du Racing

Haise, Still et Sage. Les 3 derniers coachs Lensois ont nécessairement dû cocher la case aptonyme du tableur Excel de Jean-Louis Leca pour être recruté. Le nom de ces coachs donne sens à ce qu’ils sont, ce qui les caractérise. Franck Haise était évidemment à son aise, d’une sérénité et d’une confiance naturelle au RCL, en toutes circonstances. Will Still, sans s’embarquer dans la diatribe qui a buzzé sur les réseaux sociaux, imposait vraiment du style, avec son célèbre 4-4-2 asymétrique. Et aujourd’hui, Sage, le philosophe, qui garde la tête froide même pour célébrer ses buts.

Ce week-end, c’est un duel d’aptonymes dans cette affiche entre le SCO d’Angers et le Racing Club de Lens. Alexandre Dujeux a lui aussi un nom équivoque. Et c’est avec une équipe montée de bric et de broc, qu’il a réussi, sur les pelouses de Ligue 1, à envoyer, on vous le donne en mille… du jeu.

Dans ce match remporté par la plus petite des marges par les Sang et Or, si la logique fut respectée, chaque équipe a montré le visage de son coach. Un RC Lens méthodique, tout en maîtrise, qui arrive à se procurer de grosses occasions et être efficace. Un SCO d’Angers plus direct qui mise sur des temps forts pour prendre le dessus sur son adversaire.

À 2 à 0, alors que la messe semblait être dite, Angers n’abdique pas, refuse d’enfiler son costume de macchabée et inscrit le but du doute. Contre toute attente, le 4-4-2 très direct avec deux pointes solides met la pression sur nos lensois, et lorsque Peter vient s’empaler sur le mur Malang Sarr, ce sont les vieux démons que l’on sent revenir…

Monsieur Paradis, le bien nommé

Dans ce duel magnifique des coachs aptonymes, c’est un un autre aptonyme qui a su montrer le joli bout de son nez : monsieur l’arbitre, Guillaume Paradis. Rares sont les fois où l’on peut souligner le travail remarquable des arbitres. On aime les vilipender, alors tâchons aujourd’hui de leur (lui) rendre hommage. Pendant les dix dernières minutes, bon nombre d’arbitres, à l’égo gonflé par un rôle ingrat et invisible, nous donnent l’impression de vouloir tirer la couverture à eux et décider du sort du match.

Monsieur Paradis dérogera à la lignée de Letexier, Frappart et Turpin. Alors que le contact est bien présent entre Peter et Sarr, le juge de terrain prend le temps d’analyser la séquence litigieuse dans la surface. La faute est surjouée, trop pour être sifflée. Il y a les lois et surtout l’esprit de la loi, aujourd’hui bien trop peu respecté. Le Saint-Pierre a également décidé de faire tomber le masque du cow-boy pour offrir celui de la clémence et expliquer aux Angevins frustrés ce qui a fait basculer sa balance. C’est assez rare dans le monde du foot, et certaines mauvaises langues, ou lucides, diront que dans un duel des opposés au classement, la loi tombe toujours du côté des puissants, des leaders actuels du championnat de Ligue 1.

Que des beaux noms sur cette photo
Photo RC Lens
Anton Drobjnak ? Non, Antonomase.

Dans cette partie, un autre patronyme nous offre matière à réfléchir sur les effets de style. Il s’agit de Florian Thauvin, l’homme du match. Par deux fois, il nous offre sa spéciale pour canarder le but adverse, parfois, avec la chance inouïe du champion. « Il a encore fait une Thauvin », entend-on encore, comme si le joueur prêtait son nom à cette technique qui permet de partir côté droit, revenir dans l’axe et faire mouche idéalement avec un enveloppé pied gauche.

Eh bien, au même titre que lorsqu’on multiplie les conquêtes amoureuses, cela fait de nous un Casanova, au même titre que lorsqu’on insiste sur son caractère misérabiliste, on fait sa Cosette, lorsqu’on part côté droit pour revenir avec un enveloppé pied gauche, on fait alors une Thauvin. C’est ça, une antonomase, un nom propre qui devient un nom commun, comme pour le bien nommé Florian qui aura marqué de son empreinte notre sport, et par là même notre Racing pour le hisser au sommet du classement.

Aptonyme, antonomase, c’est idéal pour se faire mousser en ce lundi matin en plus de se pavaner grâce au classement flatteur du RCL. Une occasion tout aussi particulière pour rendre hommage à un autre grand nom, devenu légende au Racing, Jonathan Gradit, affublé de la douce antonomase La Perceuse.

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