La rumeur Frankowski pour un retour à Lens a animé une page du mercato estival 2025 du Racing. Fausse bonne idée ou coup de maître sur une valeur sûre et emblématique ? Le retour d’un ex à Lens est-il une bonne idée ?

Pas ça Przemysław, pas après tout ce que tu as fait !
Alors que la période hivernale des transferts 2024-25 était officiellement terminée en France, une dernière mauvaise surprise nous attendait après les départs du capitaine Samba, du redoutable Khusanov et du roc défensif Danso : le départ de Przemysław Frankowski, le chouchou polonais de Bollaert-Delelis. Pourtant, nombreux étaient les supporters qui avaient déjà soufflé de soulagement lorsque cette fenêtre de transferts s’était refermée. Nombreux étaient ceux qui avaient pensé que l’hémorragie était arrêtée, laissant déjà l’équipe édentée défensivement. Frankie qui part, hors des clous, dans un autre club jaune et rouge, c’était trop. Franek, le valeureux, le tueur des derbys, une valeur sûre qui nous a offert de belles émotions et des moments décisifs pour l’équipe…
Il part comme un voleur, chauffé par les froufrous du club turc Galatasaray, jet privé, salaire à la hausse et accueil de rock star. Le joueur explique avoir été déçu de la perte de joueurs clés de l’équipe, soit. Le club a bien tenté de le retenir, mais le piston droit a simplement cédé à cette mode du bras de fer, refusant ainsi de jouer à Nice avant de s’envoler début février tout sourire entre Europe et Asie.
Alors, le Karma s’est abattu sur lui. Après quatre mois et, entre autres, une expulsion dans le derby, le club stambouliote prend la décision de mettre Frankowski dans le loft, l’invitant à se trouver un nouveau point de chute. Comme avec ses ex, on zieute son parcours jusqu’à le voir se faire lamentablement larguer. On rit, on rit. Mais on n’oublie pas les qualités de l’étalon qui sait donner et offrir sur un terrain. Alors quoi ? On retente sa chance, et peut-être que la flamme se ravivera. Et si c’était à Lens ?
La question se pose, car depuis, Frankowski n’a jamais été remplacé en nombre, si ce n’est par le nouveau couteau suisse lensois Tom Pouilly, pour l’instant limité à ce poste physiquement et tactiquement difficile. Sur le papier, ce retour est une bonne idée. Néanmoins, les conditions de son départ sont encore difficiles à avaler, certainement par les supporters, sans doute aussi par le club, et peut-être même par certains cadres de l’équipe qui n’ont pas du goûter à cet abandon avant le sprint final pour l’Europe. Finalement, que nous dit l’Histoire sur les come back de joueurs lensois après une aventure ailleurs ?
Les retours de légendes au Racing
Quand le Racing décide de remettre le couvert avec ses ex-favoris, le bilan est mitigé. Entendons nous ici sur la notion de « retour » ou « come back » : il s’agit de retour de joueur ayant été définitivement transféré dans un autre club (pas de prêt pris en compte) avant de revenir au club.
Le dernier en date, sans évoquer la surprise Morgan Guilavogui obtenue à la surenchère, c’est Gaël Kakuta, prodige de la Gaillette. Parti trop vite, trop mal, il est allé se perdre encore mineur à Chelsea et se lancer dans un tour d’Europe et du monde des clubs moyens. Tout ça pour finalement se poser à Amiens, renaître avant de retourner au bercail lensois, et briller en Sang et Or avec Franck Haise qui lui a cédé les clés du camions pour devenir un artisan des très belles septièmes places lensoises. La belle histoire s’arrête là. Bougé par un petit made in Gaillette nommé Pereira Da Costa, il retourne à Amiens avant, globetrotter qu’il est, de partir en Iran et en Turquie, en mode Antoine de Maximy, J’irai jouer chez vous. Un beau come back, mais romantiques que nous sommes, nous aurions sans doute aimé qu’il pousse plus loin et accompagne le RCL dans ses épopées européennes pour entrer dans le cercle restreint des gloires du Racing.

On peut citer d’autres come back de légendes en remontant un peu plus dans le temps, avec des exemples comme Stéphane Besle ou Franck Queudrue. Pour le dernier cité, alors qu’il revient avec un solide bagage de Premier League, son retour sur la saison 2010-11 sera totalement éclipsé par des blessures à répétition, une descente en Ligue 2 et les coachs de génie László Bölöni (adepte du 4-5-0) et El Professor Jean-Louis Garcia (tacticien prolixo-énigmatique).
Stéphane Besle, le joueur formé au RCL, revient d’une carrière honnête en Suisse avant de se poser en 2015 dans le Lens de Kombouaré, coach blasé par l’imbroglio Mammadov mais toujours la banane toujours debout pour sauver les meubles en Ligue 2. Pour Besle, l’aventure ne l’est pas, belle. Elle se finit une saison plus tard avec quinze apparitions sans éclat pour un retour au pays des pastilles à la menthe.
Plus tôt dans l’Histoire encore, Wagneau Eloi et l’emblématique Tony Vairelles, artisans de la saison de champion de France avec le Racing en 1998, sont de retour quelques années plus tard pour une pige de six mois. L’émotion était forte à l’époque de revoir ces deux vifs attaquants réapparaître dans l’équipe. Malheureusement, ce ne furent que des chimères, l’ombre des monstres qu’ils étaient, et ils ne nous offrirent rien de plus que quelques éclats à Bollaert – notamment ce magnifique coup franc juninhesque d’Eloi face à l’OL le 28 février 2004 ou le slalom de Tonygoal face à Montpellier le 22 février 2003.
Il faut faire défiler les années pour retrouver un « vrai » retour réussi. En 2001, Jean-Guy Wallemme, défenseur central et capitaine champion de France 98, revient tout casser et montrer qu’il n’a rien perdu, ni de sa hargne, ni de sa grâce de libéro à l’ancienne. Jean-Guy patron incognito. Dommage que ce magnifique retour se termine en eau de boudin : le deuxième titre de champion de France de D1 échappe à JGW et Lens à la toute dernière journée face aux Lyonnais heureux vainqueurs chez eux à feu Gerland.
Aux prémices des années 1990, un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, deux joueurs légendaires qui auront vu éclore le virevoltant Sébastien Dallet ont connu un retour plutôt réussi au RCL. D’abord, Francis Gillot, grand défenseur central caustique qui aura joué au Racing de 1982 à 1993, mais fera une petite infidélité à un autre Racing Club, celui de Strasbourg, en 1988.
Enfin, on peut couronner Philippe Vercruysse – formé au RC Lens – roi des come back. Après s’être imposé début 1980 en Sang et Or, le numéro 10 international français reviendra une première fois après un titre de champions de France chez les Girondins en 1987. Après quelques titres à l’OM de la belle époque mafieuse et une carrière solide dans quelques clubs français, il effectue une seconde fois un retour dans son club d’origine en 1997 dans le but de le sauver de la relégation. Mission et carrière accomplie. Chapeau l’artiste !
Donc, Bonne idée ou pas bonne idée ?!
Les années 1990, les Francs et les clubistes à dix ans de contrat au Racing, c’est bel et bien terminé. Alors un type comme Frankowski, reviendra, reviendra pas ? À quoi bon ? Rien de plus qu’un vœu pieu, une ritournelle à gogo, un vieux fantasme que de vouloir revoir nos anciennes gloires revenir briller chez nous. Les temps ont changé et les retours qui se font rarissimes ne sont pas vraiment motivés par l’amour du maillot mais plutôt par le challenge sportivo-économique. Nous, peuple Lensois, sommes des grands romantiques finis au gras de frites Blanc de Bœuf. On pestera sûrement sur les réseaux sociaux, et dès que le Polonais foulera à l’échauffement la pelouse de Bollaert-Delelis sur un air de Rouki Zouki, alors tout le monde versera une larmichette et scandera son nom avec cette fierté eud’ bénache qui nous caractérise tant. Ce qui fait de nous des gens faibles dans ce monde de requins et surtout incompétents au décisionnel sportif d’un club de haut niveau.
Le RC Lens new look pimpé par Jean-Louis Leca et le bien nommé Pierre Sage ne fera pas, semble-t-il, dans les sentiments et l’émotion. Tableur Excel et bilan de compétences sont les maîtres mots de l’équipe fanion qui sera façonnée à l’intersaison. On le voit déjà, un petit ménage d’intérieur est entrepris avec quelques joueurs invités à se trouver une autre destination, à l’image de Goduine Koyalipou, aux débuts pourtant prometteurs. Une chose est sûre, un joueur, même s’il a tatoué l’écusson du Racing sur son pectoral gauche, ne sera recruté ou gardé que s’il coche toutes les cases du bon footballeur lensois 2025-26, comme n’importe quel athlète disponible sur le marché.
Nota Bene : cette longue réflexion deviendra totalement caduque et inutile si Benjamin Bourigeaud revient au Racing. Si Lens peut le faire revenir, alors le club doit le faire revenir et il sera accueilli en héros qu’il est et restera.
