Si les Sang et Or ont repris sur le terrain, le premier match de préparation a été disputé à huis clos, et avec un effectif qui n’est pas encore celui appelé à évoluer cette saison en Ligue 1. Avant de voir se dessiner le RC Lens de Pierre Sage, il va falloir de la patience.

« Accommode-toi aux choses que t’assigna le sort ; et les hommes que le destin te donna pour compagnons, aime-les, mais du fond du cœur », écrivait Marc Aurèle. Comme si l’empereur philosophe s’était adressé à un supporter, lensois par exemple, qui n’a pas choisi son club — comme ce doit être le cas pour la grande majorité de nos lecteurs — et qui décide encore moins de l’identité des joueurs sur le terrain.
Dans la grosse vingtaine de ceux qui ont tourné sur la pelouse de la Gaillette samedi face à Boulogne-sur-Mer (2-2), certains font l’objet d’une forme particulière d’attention du staff : on leur cherche un point de chute afin de libérer de la place dans un effectif encore trop fourni. Pour le moment, ils sont toujours Lensois et méritent tous d’être aimés. Et leur entraîneur leur demande les mêmes efforts qu’aux éléments appelés à rester.
INCULQUER LES GRANDS PRINCIPES
C’est là où Pierre Sage, visiblement, n’a pas obtenu tout ce qu’il recherchait. « Je suis satisfait de voir les prémices de ce qu’on travaille, mais je ne suis pas satisfait qu’aujourd’hui elles soient assez peu présentes, malgré tout, dans le match, dans la durée des quarts d’heure. Donc c’est tout l’enjeu de ces phases de préparation, de manière à nous permettre de gagner du temps de performance dans notre match », disait-il à l’issue de la rencontre. « Il faut du temps pour que les choses soient intégrées. Il faut du temps pour que les choses soient mises en pratique. Il faudra encore plus de temps pour qu’elles soient mises en pratique dans la durée. Dans la durée des matchs. Donc on est détendus par rapport à cet aspect, mais impatients que ça arrive quand même. »
Sage fait partie, avec l’ex-Dunkerquois Luís Castro à Nantes, des deux seuls coachs de L1 à avoir été intronisés pendant cette intersaison. Il est confronté, de ce fait, à une tâche plus urgente que ses confrères : inculquer les grands principes à tout l’effectif, sans pouvoir s’appuyer sur les acquis de la saison précédente. Quels sont ces principes ? On l’a vu avec l’Olympique lyonnais : cet entraîneur aime « presser l’adversaire », comme il le formulait lui-même samedi, à savoir le mettre dans un certain inconfort au moment de relancer, et perturber sa maîtrise collective du ballon, qui est l’un des fondamentaux pour toute équipe ambitieuse.
Pas d’urgence
Cela passe par le recrutement de profils bien définis. Seulement, le mercato estival reste globalement calme à ce stade, où la reprise paraît encore assez loin. La première journée de L1 débutera le 15 août. Les coachs ont donc beau avoir des idées précises, ils se heurtent à la réalité du marché, plat comme la Manche à Stella-Plage un jour de canicule. L’effondrement des revenus télévisés incite les clubs à négocier très dur quand ils vendent, quitte à faire traîner en longueur les tractations, pour le moment.
Lens, d’ailleurs, ne paraît pas pressé non plus de lâcher au premier acheteur intéressé Andy Diouf, annoncé partant. Pas d’urgence à toucher des liquidités : le club est assez bien loti pour se permettre de prêter l’un de ses joueurs à la plus grosse valeur marchande, Facundo Medina, et ainsi repousser à l’été 2026 l’essentiel des recettes tirées du transfert de l’Argentin. Du côté des arrivées, la direction va se garder d’empiler les nouveaux joueurs tant qu’elle n’en aura pas fait partir d’autres, ceux sur qui Pierre Sage compte le moins. Difficile de deviner lesquels. Wesley Saïd lui-même, auteur d’un doublé, en fait peut-être partie, c’est dire !
Pour tout supporter, évidemment, le processus peut paraître long et frustrant. L’épisode du hashtag #KvistgaardenLensois, où on a vu fleurir sur toutes les plateformes imaginables des appels à signer à Lens adressés à un buteur danois mal connu mais prolifique, a montré toute l’impatience de la « communauté ». Loin de là, à Brøndby, le jeune Mathias Kvistgaarden, aux dernières nouvelles, est resté insensible à ces preuves d’amour. Peut-être convaincront-elles un autre attaquant tout aussi talentueux ces prochaines semaines — ou du moins, il le fera croire, ce qui ne coûte rien. Pour savoir lequel, il nous suffit d’être patients.
