La consternation, la lassitude, ou encore l’impression d’avoir laissé un ou plusieurs points nous filer entre les doigts alors qu’ils semblaient à portée. Voilà les sentiments qui hantent le cœur des supporters lensois depuis le coup de sifflet final de ce RCL-PSG. Et ils ne sont pas les seuls : Will Still aussi s’est montré particulièrement contrarié après cette défaite.
![Will Still frustré](https://culturesangetor.com/wp-content/uploads/2025/01/Will-Still-frustre-1024x739.jpg)
« Là où on doit être »
Dans l’édito de la semaine dernière, nous avions relevé une statistique très révélatrice : « Les Artésiens ont pris 23 points sur 27 possibles contre les équipes classées entre la dixième et la dix-huitième place. En parallèle, ils n’ont empoché que 4 points sur 24 face au top 9. » Une tendance qui s’est encore confirmée ce week-end. On peut certes arguer que le leader du championnat n’est pas n’importe quelle équipe du top 9. Mais c’est malgré tout ce même leader que nous avions réussi à tenir en échec en Coupe de France il y a moins d’un mois — avant l’épreuve fatidique des tirs aux buts — et ce même leader contre lequel nous n’avions perdu que sur le plus petit des scores en première partie de saison. L’espoir était donc permis.
Sans compter que la prestation du Racing nous a donné de solides raisons d’y croire. Yoann Lachor va jusqu’à confirmer au micro du 19’06 que « Lens a mis tous les ingrédients pour remporter les trois points. » Pourtant, au vu du résultat final, on est en droit de se demander si c’est vraiment le cas. Car alors, où sont ces fameux points ? Même en prendre un, les Sang et Or n’ont pas su faire. Ne devrait-on pas plutôt dire que Lens a mis tous les ingrédients dont il dispose pour remporter les trois points ? La nuance fait toute la différence, car elle est là, l’essence de notre insuffisance.
![Yoann Lachor dans le 19'06](https://culturesangetor.com/wp-content/uploads/2025/01/Yoann-Lachor-dans-le-1906-1024x492.jpg)
L’ancien défenseur lensois pointe du doigt ce qui manque en analysant non pas la performance du Racing, mais celle du PSG : « un jeu sans finalité, et pour autant, ils arrivent à marquer des buts sur des exploits individuels. » Dans cette même émission, Will Still met lui aussi en avant le manque de réalisme de ses joueurs face aux filets. Lorsque l’animateur lui demande si Lens a payé le réalisme adverse, celui-ci lui répond avec un désappointement évident : « Comme à chaque fois. Depuis le début de la saison. On n’a pas cet instinct de tueur pour mettre le ballon au fond. […] C’est à l’image de ce qu’on fait depuis longtemps. »
Une faiblesse que l’entraîneur artésien souligne aussi en conférence d’après-match face aux médias : « Quand l’adversaire fait des erreurs, nous, on ne les tue pas. Et eux, ils nous tuent. Je crois que la différence est là. Il y a une question de qualité, de réalisme. C’est bien de parler, de dire qu’il y a du potentiel, mais il y a un moment où il faut passer un cap. On le répète depuis des semaines, mais on est là où on doit être si on n’est pas capable d’éviter ces petites erreurs qui nous coûtent cher. »
« Passer un cap »
Le cap en question est facile à identifier, mais nettement plus difficile à passer. Ce RC Lens en est-il capable ? Un rapide regard sur les statistiques offensives de ces dernières années en Ligue 1 indique effectivement une baisse de régime : de 53, 60 et enfin 66 buts inscrits, nous descendons à 45 la saison dernière, et en étions à 21 à la mi-saison.
Une autre caractéristique saute rapidement aux yeux, quand on regarde dans le rétroviseur : l’implication du collectif dans cette recherche du but et la qualité individuelle de beaucoup de joueurs. Hormis les meilleurs buteurs de chaque saison — tous au-dessus de dix buts jusqu’à la fin de la saison 2022-23 —, nombreux étaient ceux ayant envoyé cinq, six, sept ou huit fois le cuir au fond des filets. L’une des forces des Sang et Or était précisément de s’appuyer sur l’apport devant le but de toute l’équipe, et non sur les acrobaties d’un seul individu.
Et même si nous ne voulons pas, comme Paris dans ce match, avoir à compter sur des « exploits individuels », il faut tout de même commencer quelque part pour que le collectif gagne en efficacité. Or, pour le moment, les cinq réalisations de M’Bala Nzola ne sont suivies que par trois buts de Przemysław Frankowski et deux d’Adrien Thomasson et de Rémy Labeau-Lascary. Les huit autres joueurs impliqués dans la réussite lensoise n’ont inscrit qu’un but chacun. Un bilan comptable dressé fin janvier, certes, mais tout de même révélateur d’une certaine tendance — et qui fait pâle figure comparé aux années fastes.
Pour nous remonter un peu le moral, et en attendant la prochaine rencontre face à Angers, accrochons-nous pour l’instant à cette observation de notre bien-aimé Yoann Lachor : « De la déception, il va y en avoir. Maintenant, il y a eu de très bonnes choses et de bons enseignements à tirer dans ce match. On sent Will Still très désireux de travailler et de progresser. J’ai le sentiment que les joueurs ont envie d’avancer. C’est plutôt intéressant pour la suite. » Philosophe, il conclut en nous rappelant que « c’est aussi à travers ces matchs-là qu’on progresse. » Par exemple, l’association prometteuse entre Goduine Koyalipou et M’Bala Nzola, testée pour la première fois, l’a été contre la meilleure défense de Ligue 1. Passer le cap signifie peut-être de la reconduire, et de la peaufiner.
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