CULTURE SANG & OR

Patinage sur choucroute

Le RC Lens a signé un cinquième nul consécutif qui, bien que maintenant un statut d’invincible fort enviable, empêche les hommes de Will Still de décoller au classement. Si la bouteille de ketchup a été ouverte, les patins n’ont pas été laissés au vestiaire.

Photo Eurosport

Ce deux partout ramené de la Meinau nous renvoie à une vieille série sortie des cartons des nostalgiques de la période faste qu’a connue le Racing au début du nouveau millénaire. Nous étions au début de la saison 2005-06, en plein plan quinquennal de Gervais Martel, et les Sang et Or étaient entraînés par Francis Gillot. Vainqueurs de la Coupe Intertoto durant l’été, les Artésiens emmenés par Seydou Keita, Alou Diarra, Eric Carrière, Vitorino Hilton ou encore Aruna Dindane* enchaînent les résultats nuls après un début de saison tonitruant, symbolisé par ce fameux 7-0 contre l’AJ Auxerre. S’ensuit une série de huit matchs nuls dans laquelle on retrouve nos hôtes actuels que sont l’AS Monaco, l’OL, le Stade Rennais, l’OGC Nice et… le RC Strasbourg. 

Le clin d’œil de l’histoire est amusant. Forcément, le ratio de points par match en pâtit, mais alors que la tête de course s’échappe, le RC Lens reste au contact avec son peloton, et confirme un statut d’invincibilité qui représente en soit une série positive dont se nourrit très certainement un vestiaire qui a déjà connu pareille situation. Comptablement, la dynamique est frustrante, d’autant que l’impression d’avoir laissé des points en route est indéniablement perceptible dans le rétroviseur. Que ce soit à domicile contre Nice ou à la Meinau, le manque de réalisme dans les deux surfaces de réparation — à chaque match sa zone de vérité — ont cruellement fait défaut. 

Le fond de jeu n’en reste pas moins intéressant. La première mi-temps contre le Nice de l’ancien coach avait bluffé à peu près tout le monde. La domination globale d’un RC Strasbourg, qui avait su mater l’OM de De Zerbi, n’est pas à minimiser. Tactiquement, Will Still a su contrer son compatriote Liam Rosenior, et les joueurs ont parfaitement répondu dans l’intensité. Depuis le début de saison, les Still’s Boys imposent généralement le rapport de force, s’évertuant à récupérer le ballon assez haut, faisant briller le double pivot Andy Diouf – Adrien Thomasson pour combiner dans le cœur de jeu. Les ajustements tactiques ont rapidement été visibles, et il est difficile de reprocher quoi que ce soit aux joueurs dans l’investissement et l’agressivité sur le rectangle vert. 

Devant un parcage rempli par près de mille supporters lensois, les hommes forts du début de saison ont une nouvelle fois brillé. Brice Samba a retrouvé de sa superbe, Kodir Khusanov est littéralement en train d’exploser, affichant des prestations dignes d’un « potentiel meilleur défenseur de Ligue 1 », le double-pivot rend copie propre sur copie propre, et Mbala Nzola pointe le bout de son nez à la pointe de l’attaque, affichant une combinaison de puissance, de vitesse et d’efficacité qui faisait cruellement défaut depuis de nombreux mois. Sans les errements d’un Jhoanner Chávez qui, à l’image de Stéphanie Frappart, va devoir élever son niveau de jeu pour espérer se pérenniser en Ligue 1, le RC Lens serait très certainement reparti avec les trois points de la victoire.

Le sentiment de domination du sujet a par ailleurs été renforcé par le temps fort final d’un RC Lens déterminé à inscrire le but de la victoire dans la dernière demi-heure de jeu. Un résultat qui aurait été très positif avant cette nouvelle trêve internationale, alors qu’un retour à Geoffroy Guichard se profile à l’horizon. Sans parler du derby que l’on a tous noté dans notre agenda. Il faudra des points, et on ne veut pas entendre parler de partage. On veut désormais tout prendre, afin d’éviter tout risque de contamination par le nul.

*Dans cet effectif, on retrouve d’ailleurs Yohan Démont, entraîneur des U19, et Jonathan Martins-Pereira, aujourd’hui recruteur au RC Lens.

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