Mille imprévus peuvent changer le cours d’un match de football. Un caillou lancé depuis une tribune. Un gardien qui glisse au moment de plonger. Un adversaire qui, mené de quatre buts, se met à avoir une réussite insolente.
Les entraîneurs sont comme vous et moi : ils aiment le football pour son incertitude, pour le grain de sable ou de folie qui va mettre à bas les plans les mieux préparés, les collectifs les plus endurcis. Tout ce qui fait qu’au coup d’envoi, quel que soit l’écart de niveau théorique entre deux équipes, rien n’est écrit d’avance. Leur travail pourtant, à partir d’un certain niveau de professionnalisme, consiste à supprimer, l’une après l’autre, les possibilités d’aléas défavorables. Rendre impossible tel ou tel scénario.
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Et Franck Haise était passé maître, ces dernières semaines, dans cet exercice. Clermont incapable de jouer dans le dos de la paire Fofana-Abdul Samed. Angers puni à chaque approximation technique. Rennes interdit d’accès à la surface de réparation. Strasbourg longtemps privé de ballons exploitables. Victoire après victoire, les Lensois avaient imposé leur plan de jeu, et repartaient avec les trois points en vertu d’une logique implacable.
Le plan, et puis l’aléa… Samedi soir, l’objectif affiché semblait de garder calme et fermeté face à des Parisiens dont le jeu de passe ronronne parfois. Être rigoureux dans le un contre un, gêner les relanceurs, et donner à Paris le sentiment d’un danger en cas de perte de balle, qui maintienne les joueurs défensifs plutôt proches de leur but. Et puis il y eut l’aléa. Après une longue phase de domination territoriale, une intervention trop vigoureuse d’Abdul Samed pour tenter de garder la mainmise, aboutissait à une exclusion.
Crédit : La Voix du Nord
Il faudra s’appuyer sur les enseignements de ces 18 minutes, car on ne peut que rêver à ce qu’aurait donné la rencontre à onze contre onze. Les minutes qui ont suivi ont aussi apporté leurs satisfactions. L’état d’esprit de cette équipe, sa cohésion surtout, ont sauté aux yeux des téléspectateurs. En recevant Monaco et Marseille, Lens a son destin en main, pour que chaque journée de travail consacrée à réduire l’aléa, depuis la préparation de l’été dernier voire au-delà, porte ses fruits.