La logique de rotation était attendue. Elle a même légèrement dépassé les attentes puisqu’à Reims, Franck Haise a procédé à une large revue d’effectif, changeant huit joueurs sur les onze qui avaient pataugé contre Fribourg. Un turnover qui vise à pérenniser la dynamique collective, fondamentale dans la réussite du RC Lens à moyen terme.
Photo RC Lens
Pour analyser objectivement les choix faits pour ce Lens-Reims, on préfère éviter le piège que tend l’omniprésente culture de l’instant. Les joueurs de rotation, appelés « finisseurs » par un Franck Haise qui use de la sémantique rugbystique, sont par définition moins en jambes que les titulaires, peuvent faire défaut sur un match et avoir une influence négative sur un résultat ponctuel. Pourtant, prendre ce risque est obligatoire afin de mieux préparer les succès futurs. Le remaniement de ce week-end, en plus d’être comptablement positif, permettra peut-être d’accrocher la qualification à l’Europa Park Stadion, puis de faire plier l’AS Monaco à l’heure du goûter d’anniversaire des Red Tigers. Sur un but d’un titulaire reposé, ou d’un finisseur remis en jambes. Cet état d’esprit collectif ne s’improvise pas, il se crée sur le long terme, et surtout, il s’entretient.
Justesse technique défaillante
La force de ce RC Lens, c’est de pouvoir compter sur un groupe qui s’homogénéise mois après mois. Et si son entraîneur a un dogme, c’est bien celui d’offrir le maximum de temps de jeu à l’ensemble des joueurs de l’effectif. Peut-être moins par choix que par obligation, même si l’on s’accordera à dire que les deux sont forcément liés. À Reims, Kodir Khusanov a montré qu’il se rapprochait du niveau attendu pour entrer dans le onze de départ. Salis Abdul Samed et Nampalys Mendy sont des valeurs sûres, Jhoanner Chávez affiche déjà de la cohérence, quand Saïd a retrouvé sa blouse de chirurgien des surfaces. Adrien Thomasson et Angelo Fulgini, s’ils n’ont pas brillé de mille feux, faisaient partie de l’équipe qui aurait dû repartir d’Auguste-Delaune avec les trois points, si Morgan Guilavogui n’avait pas vu sa frappe déviée du tibia par Abdelhamid.
Menés assez logiquement au score après 40 minutes de bagarre désorganisée, à la suite d’un des très rares mouvements collectifs des Rémois, les hommes de Franck Haise ont eu l’excellente idée de vite recoller au score. Une égalisation qui arrive sur la première action de jeu, et le premier tir cadré des Sang et Or, venant illuminer un obscur premier acte.
La deuxième mi-temps laisse quant à elle de vrais regrets. Si le niveau technique était parfois abyssal ce dimanche après-midi, le goût de l’effort et la refus de renoncer ont permis aux Lensois de graduellement prendre le match à leur compte. Et la domination aurait pu être encore plus forte, si l’arbitre avait eu l’humilité de reconnaître son erreur manifeste à la suite de l’affreux tacle d’Okumu sur Frankowski, pourtant mis en lumière par une VAR dont plus personne ne comprend le rôle. Un nouveau dossier arbitrage, une semaine après l’attentat de Zeze sur David Pereira Da Costa.
Pour une équipe loin d’être au niveau techniquement, chahutée dans les duels, le point du nul a été préservé, à défaut de convertir une troisième fois de suite un déplacement en victoire. La faute à une justesse technique largement défaillante : en témoigne l’« air finition » du piston équatorien Chávez, pourtant régulièrement présent dans la zone de vérité. Le RC Lens poursuit son bonhomme de chemin, le podium étant toujours en ligne de mire alors que la concurrence pour l’Europe, ces prochaines semaines, va se présenter sur notre route.