CULTURE SANG & OR

Rétro – Les aléas de la saison : de quoi faire grise mine ? [Pt. 1/3]

Historique à bien des égards, la saison du RC Lens nous a fait vibrer de la première à la dernière journée. Mais elle n’aura pas été un long fleuve tranquille pour autant. À  présent qu’elle est terminée, revenons sur les défis qu’a dû relever le club avant de finir le championnat sur la deuxième place du podium.

Franck Haise réfléchit
Crédit : But Football Club
Mercato estival : des départs regrettables ?

Le premier émoi précédant la saison fut sans conteste le départ de Cheick Doucouré, vendu autour de 22 M€ à Crystal Palace en juillet 2022. Depuis son arrivée à Lens en 2018, le milieu de terrain défensif aussi discret que solide avait fini par se rendre indispensable dans l’animation lensoise. Son travail acharné dans l’ombre avait notamment permis à Seko Fofana de briller à ses côtés. Le charbon et la pépite.

On peut donc aisément comprendre que son départ ait fait l’effet d’un petit séisme dans le bassin minier. Sur les réseaux, GIFs larmoyants et messages d’adieu déchirants avaient plu en réaction à l’annonce officielle. Pour la plupart d’entre nous, aucune recrue ne saurait être à la hauteur de l’infatigable Douc’, c’était certain.

Cheick Doucouré
Crédit : Site officiel du RC Lens

Quelques jours plus tard, une autre mauvaise nouvelle  tombe : Jonathan Clauss vient de signer à l’Olympique de Marseille. Encore une lourde perte. Recruté libre en 2020 par le RC Lens alors qu’il jouait en deuxième division allemande, Clauss s’était rapidement imposé comme une évidence dans le couloir droit, reléguant Clément Michelin au rôle de remplaçant. L’infatigable piston avait notamment fait la fierté des Sang et Or en mars 2022 en étant le premier lensois appelé en Équipe de France depuis Alou Diarra en 2004. Tout un symbole : celui du retour du RC Lens au plus haut niveau.

Si le départ du natif de Strasbourg a pu laisser un goût amer dans la bouche de certains – la faute à une communication que d’aucuns ont jugée maladroite –, il n’en demeure pas moins qu’il n’a pas tardé à faire naître des inquiétudes  lui aussi : qui aura les épaules suffisamment larges et les poumons suffisamment bien accrochés pour fournir autant d’efforts que lui la saison prochaine  ?  

Jonathan Clauss
Crédit : Site officiel du RC Lens

En août, c’est le départ d’Arnaud Kalimuendo qui a également fait grincer des dents, bien que celui-ci fût plus prévisible. Prêté par le Paris Saint-Germain en octobre 2020, initialement pour une seule saison, le jeune attaquant a marqué les esprits avec 8 buts et 4 passes décisives en 30 apparitions. À tel point que le RC Lens a négocié avec le club de la capitale pour une deuxième saison de prêt, sans option d’achat assortie. Pas de passe décisive cette fois-ci, mais 13 buts toutes compétitions confondues, ce qui en fait rien de moins que le meilleur buteur du club sur la saison !

En toute logique, Lens a tenté de le conserver pour de bon. Mais après deux belles saisons en Artois, l’international espoir a bien évidemment suscité les convoitises d’autres clubs européens. C’est finalement à Rennes qu’il a posé ses valises pour la saison 2022-23, laissant un trou béant à la pointe de l’attaque lensoise.

Arnaud Kalimuendo
Crédit : Site officiel du RC Lens

Certains supporters lensois pensaient sans doute pouvoir enfin souffler en se réveillant le 1er septembre 2022, des étoiles plein les yeux après la prolongation en grande pompe de notre Cap’tain Seko. Mais la réalité du football les a bien vite rattrapés. Car l’heure, c’est l’heure, et avant l’heure, c’est pas l’heure ! Dans l’après‑midi, Ignatius Ganago signe à Nantes. Même si le joueur occupait régulièrement le banc la saison passée, il restait un atout intéressant pour l’attaque lensoise, avec tout de même six buts et une passe décisive en vingt-neuf matchs joués, dont douze titularisations.

Mais ce n’est pas tout : quelques instants seulement avant la clôture du mercato estival, et sans véritables signes avant-coureurs, le RC Lens laisse brusquement partir Christopher Wooh, qui s’en va lui aussi à Rennes pour remplacer Loïc Badé, lui-même parti de Lens l’été précédent. Le monde est petit. Peu de temps auparavant, le Racing avait déjà repoussé les avances de l’OGC Nice qui cherchait à s’offrir le défenseur pour 6 millions d’euros. Mais impossible de répondre par la négative devant les 10 millions posés sur la table par Rennes pour un joueur qui n’était que remplaçant dans l’effectif lensois, et qui était arrivé libre. Avec seulement treize titularisations la saison passée, dont deux en Coupe de France, une unique apparition de trois petites minutes en août 2023 et un trio défensif en apparence indéboulonnable, on peut comprendre que Wooh ait voulu aller chercher du temps de jeu ailleurs.

Christopher Wooh
Crédit : Site officiel du RC Lens

Mais le club aurait sans doute aimé pouvoir compter sur lui cette saison. Pour preuve, ils avaient également refusé plusieurs demandes de prêt d’autres clubs durant le mercato. Bien conseillé par Yannick Cahuzac, le jeune défenseur avait gagné en assurance au fil de la saison. Il avait été notamment titulaire lors du OM – Lens de septembre 2021 (la fameuse clim’ de Wesley Saïd au Vélodrome), contre l’OGC Nice où il avait notamment délivré une belle passe décisive permettant à Kalimuendo d’ouvrir le score, puis contre l’OL et le PSG.

Pour une première année en Ligue 1, il y a pire. La plupart du temps dans l’axe de la défense, mais parfois à gauche ou à droite, Wooh était un remplaçant de qualité qui savait s’adapter. Ainsi, malgré les commentaires qui se voulaient rassurants de la part du club – soulignant notamment qu’il y avait des solutions avec Fortes, Haïdara, Boura ou des jeunes du centre de formation –, il flottait dans l’air un certain scepticisme qui n’était pas totalement injustifié.

Frayeur dans la défense ?

Car justement, l’ironie du sort semblera dans un premier temps vouloir donner raison à ceux qui prédisaient un effondrement dans la défense Sang et Or. À peine une semaine plus tard, le vendredi 9 septembre, Lens reçoit le promu troyen. Forts de leur longue série de quinze matchs sans défaite depuis la saison passée, les joueurs partent vaillamment à l’assaut du bloc de l’ESTAC.

Mais à la 16e minute, Jonathan Gradit se blesse sur un contact avec Erik Palmer Brown – qui n’est même pas sanctionné. Le défenseur central est contraint de quitter le terrain pour se rendre directement aux urgences. La sentence ne tarde pas à tomber : fracture de la clavicule, de longues semaines d’absence sont à prévoir. Un retour de la perceuse avant la Coupe du monde semble même à écarter. Cette mauvaise nouvelle fait rapidement oublier le résultat pourtant positif du match.

Sans surprise, certaines réactions sont catastrophistes, voire incendiaires. La perspective de recruter un joker est évoquée ici et là. Une option raisonnable pour certains, une question de vie ou de mort pour d’autres, comme si une vilaine sorcière menaçait de transformer la défense lensoise en véritable passoire si rien ne changeait. Mais le board lensois, lui, ne s’inquiète pas. « Il ne faut jamais faire les choses dans la précipitation », tempère Frank Haise.

Jonathan Gradit
Crédit : Site officiel de la Ligue 1

Et c’est finalement le club qui aura raison. Massadio Haïdara est choisi pour remplacer Jonathan Gradit au cours des cinq rencontres suivantes. Pendant toute cette durée, les Lensois n’encaissent qu’un seul but, avec en prime six points glanés contre Lyon et Marseille. Le Malien a donc su remplacer avec brio son homologue lensois, qui réintègre le onze de départ le 28 octobre contre Toulouse, soit trois journées avant la coupure de la Coupe du monde.

Massadio Haïdara
Crédit : Foot national

Au final, la défense lensoise s’avère être la meilleure défense du championnat cette saison, première à domicile et deuxième à l’extérieur. Et elle n’a encaissé que 29 buts, un record historique pour le club. Bien sûr, le nouveau gardien lensois Brice Samba n’est pas étranger à cet exploit, loin de là. Mais prenons le temps de saluer l’efficacité et l’abnégation de cette défense lensoise impériale, car le scénario aurait pu prendre une toute autre tournure sans le sérieux qu’on leur connaît.  

> Suite au prochain épisode…

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