CULTURE SANG & OR

Remise sous pression

Le RC Lens a vécu des semaines agitées, entre les départs inattendus, les « off » de Joseph Oughourlian et la nomination contestée de Pierre Dréossi et Diego Lopez Gomez. C’est en fait tout un environnement qui a été remis sous pression, pour mieux réussir.

Photo RC Lens

Le supporter lensois coulait des joueurs heureux. Peinard, avec le bide qui prenait du gras, à force de goulument gober les succès et les moments agréables. Il avait un club envié par beaucoup de supporters, et le retour dans la lumière a ça de grisant qu’on oublie très rapidement le passé pourtant pas si lointain. Sans tomber dans la sempiternelle rhétorique du « n’oubliez pas d’où l’on vient », le bonheur généré par le RC Lens lors de la saison 2022-2023 a tout de même eu pour effet une perte tout de même significative du sens de réalité. Comme avec un cerveau qui serait exposé pendant trop longtemps à une pression atmosphérique insuffisante, les attentes en devenaient parfois aberrantes, frisant parfois avec l’hallucination. Une normalisation de l’exceptionnel.

En interne, les succès ont aussi amené leur lot de complications. C’est assez naturel. De l’aveu même d’Arnaud Pouille, la Ligue des Champions serait peut-être arrivée trop vite. Sans que l’on ait des détails suffisamment clairs sur ce qui a été reproché à la direction sportive et au staff de la saison dernière, il semblerait que les hommes en place se soient, à leur façon, également écartés du sentier tracé par un Joseph Oughourlian alors porté sur la délégation. Il suffit d’observer les mercatos d’hiver et d’été depuis le départ de Florent Ghisolfi. Alors qu’un RC Lens promu faisait venir Seko Fofana pour environ 8 millions d’euros, il dépensait une somme presque équivalente pour faire venir Angelo Fulgini lors du dernier jour d’un mercato d’hiver crucial à la course à la Ligue des Champions (voire au titre). En parallèle, les salaires se sont envolés, et des accusations de népotisme ont également été évoquées ces dernières semaines, concernant Franck Haise. 

Le fameux off de Joseph Oughourlian

On peut légitimement se poser la question du « off » manié avec plus ou moins d’adresse par Joseph Oughourlian, après la conférence de presse de présentation du rigoriste Pierre Dréossi. Sur le fond comme sur la forme, balancer à la presse un chiffre, assez effrayant au premier abord, d’économies à réaliser ne peut qu’avoir un objectif caché. Cela paraîtrait presque trop gros pour être pris au premier degré. Le RC Lens doit-il réellement vendre pour 100 millions d’euros cet été ? Dès le lendemain, la somme était nuancée dans les colonnes de l’Equipe grâce au concept de ventes nettes comptables. Ou avons-nous assisté à un remontage de pendules en bonne et due forme de la part du président ?

Il est fréquent, dans le monde de l’entreprise, que cette technique de communication du noircissement du tableau soit utilisée par les dirigeants pour asseoir des décisions impopulaires, et faire accepter des changements radicaux. Depuis, Will Still est arrivé avec ses frangins, fort de garanties sur la compétitivité de son futur effectif. On a lu que le RC Lens souhaitait conserver un Elye Wahi annoncé sur la liste des transferts il y a quelques semaines. Et le club semble plus que déterminé à faire venir Georges Mikautadze, sensation de la L1 et de l’Euro. Du côté des départs, nul ne sera bradé, dans la mesure où la situation financière du Racing ne semble pas si calamiteuse que ça. 

Les ambitions sportives sont intactes. Ce sont les moyens qui sont remis en question. En fait, l’ensemble de l’écosystème lensois a été savamment remis sous pression par la présidence. Lens ne se laissera pas glisser dans le confort ni les certitudes. Après quatre saisons d’idylle, on peut dire que sur le moment, ça nous a fait drôle. Mais peut-être était-ce indispensable.

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