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RC Lens – Thauvin : deux trajectoires mystiques pour un destin commun

Qui aurait pu prédire en 2018 les trajectoires étonnantes du RCL et de Florian Thauvin ?
Personne, pas même Nostradamus, Irma ou Paul le poulpe.

Photo RMC Sport
2018 : Thauvin en haut de tout, Lens au fond du trou

En 2018, tout sourit pour Florian Thauvin. Le gendre idéal gominé ailier droit faux pied, semble-t-il arrivé à maturité, virevolte dans un OM taillé pour lui. Sélectionné en Équipe de France, il remporte – bien qu’avec un statut de remplaçant – la Coupe du Monde. En un mot, il marche sur l’eau.

À Lens, à la même période, l’équipe patauge après un début de saison 2017-18 catastrophique. Tout le monde est viré : Gervais Martel, sûrement dépassé, faisant les frais de la nouvelle direction Oughourlian, Jocelyn Blanchard et son recrutement exotique rance, et Alain Casanova toujours traumatisé par la douille de la 96ème la saison précédente. Le Racing, avec le pompier éducateur spécialisé Sikora, se sauve en Ligue 2 avec une magnifique 14ème place. On n’oubliera pas dans cette équipe de cas soc’, les pseudos tauliers Nicolas Douchez et Brice Dja Djé Djé qui ont surtout brillé dans la rubrique faits divers pour leur goût des mauvaises soirées et des violences faites aux femmes.

2019 – 2021 : Période trouble de la bascule

Suite à cette période dorée, Florian Thauvin reste dans sa zone de confort et ne décolle pas vraiment malgré des bonnes stats à l’OM. Après une dernière sélection en tunique bleue et une grosse blessure en 2019 avec une saison blanche, il repart l’année suivante sur une saison 2020-21 de qualité. Cependant, sa côte baisse fortement en Europe avec des soucis de vestiaire et une réputation de joueur perso et capricieux.

En Artois, il y a du mieux. Au pied du mur, le club repart sur des bases plus saines et recommence à avoir des ambitions sportives conquérantes sous la houlette de Philippe Montanier, épaulé par le directeur sportif Eric Roy. Même si les deux hommes n’arriveront pas à atteindre leurs objectifs désignés, ils ont posé les bases d’un RC Lens qui finira par être promulgué en Ligue 1, bien aidé par la période trouble du Covid et le coup de poker Franck Haise de Joseph Oughourlian.

2021 – 2024 : Les destins en chassé Croisé

Même si sa carrière, elle, ne décolle pas, Flotov s’envole par surprise au Mexique en 2021 rejoindre son pote André-Pierre Gignac aux Tigres. Choix très peu payant. Il traîne son spleen outre-Atlantique pour finir dans l’oubli et devenir un joueur quelconque.

Photo Eurosport

L’Udinese vient le repêcher gratos du pays des vrais tacos. L’Orléanais renaît en Calcio avec quelques belles performances dans la peau d’un meneur de jeu. Après une traversée du désert de Chihuahua, l’homme qui a délaissé son pot de gel pour le catogan – en même temps que sa redondante feinte intérieur enveloppé pied gauche pour un travail en sape de construction du jeu – semble enfin revivre en tant qu’homme et joueur, assurément plus mature.

À Lens, la période Franck Haise est dorée. En Ligue 1, l’équipe ne passe pas inaperçue. Son identité de jeu est bien marquée avec le désormais célèbre 3-5-2, aujourd’hui inscrit dans l’ADN sportive du Racing. Le point culminant restera la saison 2022 -23, avec une belle 2ème place et, la saison suivante, une belle épopée en Champions et un Racing qui truste désormais les dernières places européennes.

2025 : Trajectoires en collision

Ça y est, les planètes s’alignent. Le RC Lens entre en transition post-Haise non sans turbulences. Dans le même temps, Florian Thauvin revit définitivement en Italie, avec un rôle de capitaine qui lui sied à merveille. Jean-Louis Leca, nouveau directeur sportif à l’orée de la saison 2025 – 26, a toujours eu un œil bienveillant sur son pote Florian. Il en fait sa priorité pour le signer et faire de lui la pièce maîtresse du Racing de Pierre Sage.

Bingo, ça matche ! En ce début de saison, Thauvin démontre à quel point il est un joueur collectif avec une finesse technique digne des plus grands, le tout saupoudré de malice et d’expérience. Le mariage avec le RC Lens fonctionne, et, avec des prestations de haut niveau, l’histoire est définitivement belle.

Elle est même récompensée par une convocation en Équipe de France, six ans après sa dernière sélection. Cerise sur la pièce montée, Flotov inscrit en un temps record le but du 3 à 0 face à l’Azerbaïdjan et montre la même classe en EDF qu’à Lens, faisant ainsi taire les sceptiques qui avaient sans doute oublié quel joueur il était, et quel joueur il est maintenant devenu.

Photo Icon Sports

Qui l’eut cru, il y a six ans, qu’un champion du monde allait signer dans un Lens solidement installé en Ligue 1 ? Personne, pas même les deux protagonistes de cette histoire, faite de haut et de bas. Ces deux monuments du football ont connu des destins similaires et laborieux. Ils étaient faits pour constituer un alliage du plus bel effet.

La morale de cette histoire serait sans doute celle-ci : n’enterrons jamais trop vite, au foot comme dans la vie, les forces vives, même au fond du trou. Qui sait ? Un jour ou l’autre, elles renaîtront peut-être de leurs cendres pour prendre une hauteur alors insoupçonnée, brillante et éclatante.

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