CULTURE SANG & OR

Quand ça veut pas…

En s’inclinant vendredi face à Reims, les Sang et Or confirment que Bollaert-Delelis n’a plus rien d’une forteresse imprenable cette saison. Avec sept défaites dans l’antre artésienne en Ligue 1, ils n’ont fait pire qu’à deux reprises, lors des exercices 1988-89 et 2010-11.

Yehvann Diouf
Photo BFMTV

Si l’on devait comparer cette saison à une boisson, ce serait probablement un thé mal infusé, ou une bière coupée à l’eau. Il suffit de jeter un œil à deux statistiques pour s’en rendre compte. Celle des buts marqués et encaissés par le RC Lens, et celle de nos succès et de nos échecs : 33 buts pour, 31 buts contre. 12 victoires, 11 défaites. Racing Club Eau tiède.

En creusant un peu plus dans cette mine d’or que peuvent être les data, on se rend compte que Lens affiche une moyenne de 4,6 tirs cadrés par match. Mais si l’on regarde le nombre de buts marqués, cette moyenne chute brutalement à un timide 1,1 but par match. Seuls trois clubs, Saint-Étienne, Angers et Montpellier, font pire. Voilà qui en dit long sur le potentiel de cette attaque sang et or.

Du côté de nos concurrents directs, la moyenne des tirs cadrés par match d’Auxerre n’est que légèrement supérieure à la nôtre, à 4,8, mais ils inscrivent environ 1,4 but par match. Celle de Brest est elle à 4,9 tirs cadrés pour 1,6 buts. Étalés sur toute une saison, ces chiffres mettent en lumière un écart qui peut se révéler décisif…

Autre statistique révélatrice : le taux de réussite face au but du meilleur buteur lensois de la saison, Mbala N’Zola, n’est que de 12,8%, pour un faible total de 6 buts inscrits seulement. À titre de comparaison, celui du second meilleur buteur, hélas parti en Turquie cet hiver, monte à 25%, et celui du troisième meilleur buteur, Neil El Aynaoui, à 33,3%. Par ailleurs, le moins que l’on puisse dire est que les attaquants pur jus ne brillent pas particulièrement sur le classement des buteurs cette saison.

En 2024-25, les sensations fortes et les enflammades se font rares, mais la frustration et la lassitude le sont hélas beaucoup moins. Si les plus optimistes osaient encore croire à une possible qualification en Europe avant la venue des Champenois, la majorité des supporters artésiens a probablement déjà tiré un trait dessus.

raviver la flamme

En première moitié de saison, nous occupions la septième place, mais avec la singulière impression de graviter autour de la dixième. Après la purge que fut le mercato hivernal — d’un point de vue sportif, entendons-nous —, notre classement actuel nous paraît davantage en accord avec notre ressenti. Quant à savoir ce que la fin de la saison nous réserve, difficile à dire. Si certains joueurs semblent vouloir tout donner jusqu’à la fin du championnat, d’autres nous donnent l’impression d’avoir déjà rendu les armes.

La projection sur la saison suivante est obscurcie par les mêmes incertitudes. D’un côté, le départ de notre bien-aimé et précieux Facundo Medina l’été prochain semble déjà acté. De l’autre, Jonathan Gradit, l’un des piliers de la défense, a prolongé la semaine dernière son contrat jusqu’en 2028. Un signal fort à six journées de la fin.

D’un côté, Will Still nous a rappelé avant le match contre son ancien club avoir signé pour trois ans avec le Racing, avant d’ajouter qu’en dépit d’une première saison mouvementée, lui et son staff avaient su s’adapter et garder le sourire, et qu’il n’y avait pas de raison pour que ça ne continue pas. De l’autre, les sirènes de Southampton le pousseront peut-être à tourner la page de sa carrière en Artois plus tôt que prévu.

D’un côté, le mercato hivernal a permis au club d’engranger la somme historique de 54 millions d’euros — et même 79 millions si l’on ajoute l’option d’achat obligatoire incluse dans le prêt de Kevin Danso à Tottenham. De l’autre, le groupe a clairement perdu en qualité sur le terrain, pour ne pas dire qu’il s’est fait déplumer. Il avait déjà du mal à marquer. C’est devenu de plus en plus difficile.

Dans un tel contexte où les interrogations sont légion, tant sur le plan sportif que sur celui, hautement épineux, des revenus des droits TV, le club parviendra-t-il à capitaliser sur ses ressources en recrutant plus intelligemment ? Réussira-t-il à se séparer des éléments qui l’empêchent de viser plus haut ? À n’en pas douter, tout le monde n’attend plus qu’une chose : que cette saison en demi-teinte se termine, et qu’un nouveau projet sportif enthousiasmant ravive la flamme de tous, dans les gradins comme dans les vestiaires.

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