Un double événement est venu bousculer l’actualité du RC Lens. L’anniversaire de Florian Sotoca, tout d’abord, qui vient de fêter ses 33 ans. Et le 32ème but de ce même Florian Sotoca, devenu par la même occasion le meilleur buteur du RC Lens au XXIème siècle. Avec la croyance que le Narbonnais n’en a pas encore fini. Explications.
Photo Le Parisien
On dit souvent que le plus difficile n’est pas d’atteindre le haut niveau, mais d’y rester. Amusons-nous à les citer, pêle-mêle, ces joueurs à l’âge avancé qui ont continué à régner en maître sur leur discipline ces dernières années. De Roger Federer à Tom Brady, de Floyd Mayweather à Alejandro Valverde, tous se sont maintenus au très haut niveau la barre des quarante ans atteinte. Une tendance qui se vérifie dans le football, avec Vitorino Hilton, jeune retraité, mais aussi le Niçois Dante, les Portugais Pepe et José Fonte, Thiago Silva ou encore Gianluigi Buffon. À la Coupe du Monde 2022, il étaient pas moins de quinze joueurs à afficher plus de 36 ans.
L’exercice est encore plus éloquent quand on se penche sur l’âge des derniers Ballon d’Or France Football, qui, s’ils revêtent chacun une dimension subjective, célèbrent tout de même des joueurs majeurs, quoi qu’en dise le classement. Cristiano Ronaldo, Leo Messi, Karim Benzema, Luka Modric et incluons Robert Lewandowski, qui aurait amplement mérité d’être récompensé lors de la saison interrompue par la Covid-19. Tous ces joueurs avaient largement dépassé l’âge de trente ans lors de leurs récents couronnements.
PROLONGER LE PLAISIR
La technologisation et la scientifisation des disciplines sportives ont provoqué une révolution douce, dans le sens où elle n’a pu être visible aux yeux de tous. Et le sport roi n’a pas échappé à cette dynamique. En s’appropriant un bon nombre de méthodologies de travail, souvent en provenance des sports américains, il est possible de prolonger le plaisir. Les joueurs sont suivis dans leur préparation, que ce soit par le club ou via des coachs privés, dans leur alimentation, sommeil et santé mentale. Et ont accès à des disciplines autrefois très éloignées du football telles que le yoga et la méditation. La plénitude physique, autrefois associée à la tranche d’âge 25-30 ans, peut aujourd’hui s’étendre sur une durée de quinze, voire vingt années. En 2023, on peut être une « machine physique » à la sortie de l’adolescence comme à un âge plus avancé. Et Florian Sotoca en est une excellente illustration.
Un joueur de football est donc capable de se maintenir à un très haut niveau la trentaine passée grâce à une grande rigueur et un professionnalisme à toute épreuve, retardant de facto la bascule vers ce que l’on appelle vulgairement « la petite mort ». Cet état de fait est au-delà de toute considération technico-tactique une véritable aubaine économique pour tous ces clubs qui ne peuvent se joindre à la guerre des étoiles qui se joue à chaque mercato entre les superpuissances financières du ballon rond.
33 ans is the new 29
En « prolongeant la vie » de ses joueurs, les clubs peuvent, au-delà de rallonger l’amortissement financier d’un transfert, se permettre de mieux recruter. La maturité psychologique, qui fait qu’un joueur acquiert de la régularité dans ses performances avec l’âge, voit donc sa période de superposition avec la plénitude physique rallongée. Et parfois de plusieurs années. De ce fait, à quoi bon débourser une vingtaine de millions d’euros sur un prometteur milieu offensif international espoir quand, dans mon effectif, je dispose d’un joueur de plus de trente ans dont les performances sont plus que satisfaisantes et régulières.
Au-delà du fait que certains joueurs lancent leur carrière plus tardivement que d’autres, ce qui est le cas de l’actuel meilleur buteur lensois de ce siècle, toutes ces raisons laissent à croire que Florian Sotoca pourrait continuer de coordonner le pressing du RC Lens pendant encore quelques saisons. Puisqu’on vous le dit : 33 ans is the new 29.
