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Monaco-Lens : « Les bousculer pour ramener un résultat du Rocher »

Une légende du championnat de France, du RC Lens et de l’AS Monaco nous fait l’honneur de présenter les clés du match de ce samedi soir entre l’ASM et le RCL : José-Karl Pierre-Fanfan.

Face à Arsenal et Thierry Henry en demi-finale de Coupe de l’UEFA 2000
Photo Instagram José Pierre-Fanfan
Monsieur José-Karl Pierre-Fanfan

Pour les plus jeunes supporters d’entre nous, un rappel historique s’impose. José-Karl Pierre-Fanfan représente un des plus grands défenseurs de l’époque fin des années 90, début des années 2000. Bien qu’ayant subi une grave blessure au début de carrière qui aurait pu sonner le glas d’un avenir en pro, il connait la période la plus faste du Racing, champion de France, vainqueur de la coupe de la Ligue, participation à la Ligue des Champions et Coupe de l’UEFA. Après quatre saisons au Racing avec plus de 90 matchs à son actif, Pierre-Fanfan souhaite changer de dimension, pour un statut d’internationnal potentiel. Il quitte le Pas-de-Calais du plaisir et de la famille, pour Monaco, une écurie de renommée de Ligue 1 composée d’internationaux avec Didier Deschamps comme coach. Du propre aveu de l’intéressé, son passage fut mitigé chez les Asémistes, bousculé par un environnement diamétralement opposé à celui de Lens et des blessures à répétition.

Qu’on ne s’y trompe pas, malgré un blase fort sympathique, l’effaceur Pierre-Fanfan était un défenseur très rugueux avec des tacles ravageurs, tout en restant d’une propreté nickel chrome (un seul carton rouge récolté dans sa carrière). Pompon sur le bonnet, José Pierre-Fanfan est un leader né, ayant porté le brassard de capitaine dans toutes les équipes par lesquelles il est passé, Lens, Monaco donc, et le PSG. Aujourd’hui agent et consultant TV expert foot, il nous livre, aussi ciselé que ses interventions musclées de joueur, les enjeux du match entre AS Monac et RC Lens, samedi soir.

tout en contraste

À bien des égards, entre les cités minière et princière, c’est le grand écart. Sans parler du climat, du contexte socio-économique, du paysage, le football est une langue parlée différemment entre ces deux équipes séparées de plus de mille kilomètres. Aujourd’hui, comme hier, Monaco, qui n’a jamais provoqué d’engouement populaire très notable, est l’équipe d’une principauté indépendante, prestigieuse, qui dispose de moyens assez importants pour disputer les premières places de Ligue 1. À Lens, on a l’engouement et sportivement, on n’a jamais eu de pétrole (même russe ou azerbaïdjanais) mais beaucoup d’idées. Jean-Louis Leca l’a bien compris et son travail de recrutement intelligent est reconnu. « Pierre Sage a mis sa patte tactique et on a un recrutement réussi avec Florian Thauvin, leader technique récompensé en ayant retrouvé les Bleus, Sangaré, le jeune qui m’impressionne beaucoup, Udol joueur fiable de Ligue 1, Baidoo en défense centrale et Risser, gardien qui dégage une belle assurance pour son âge. Et on a aussi Odsonne Édouard, que j’ai connu du côté du PSG, vient régler les soucis d’efficacité offensive entrevus les saisons précédentes. »

D’un point de vue de la dynamique, le RC Lens est au beau fixe. « Une surprise que de les voir sur le podium avec un début de saison plaisant dans le jeu et remarquable sur le plan comptable », remarque José, tandis que l’ASM subit des turbulences, avec une équipe irrégulière, puis le licenciement d’Adi Hütter pour Sébastien Pocognoli. « Monaco est une équipe de haut de tableau censée titiller le PSG mais qui réalise un mauvais début de saison. Des joueurs ne sont pas au même niveau que l’an passé, à l’image de Mika Biereth, qui ne marque plus. C’est une équipe qui se cherche encore. Il y a aussi des blessures qui viennent un peu plus assombrir le tableau tel que le capitaine omniprésent Denis Zakaria. », nous expose José-Karl Pierre-Fanfan.

Tactiquement, Lens et Monaco sont deux équipes qui évoluent aujourd’hui en 3-4-2-1. Pour autant, il s’agit d’un schéma nouveau pour l’ASM, arrivé dans les valises du coach Pocognoli, « qui requiert une adaptation importante, alors même que l’effectif ne compte pas de vrais pistons. » Dans la philosophie de jeu, le contraste est toujours saisissant : « Côté monégasque, on cherche à ce que les individualités comme Akliouche portent l’équipe. À Lens, c’est l’inverse, c’est d’abord l’équipe et les individualités viennent poser leur pierre à l’édifice. »

L’équipe quasi au complet regarde dans la direction de Monaco
Photo Culture Sang et Or
Quel sera le match ?

Difficile sur le papier de prédire un résultat ou une tendance pour cette confrontation entre l’ASM et le RCL. Pour José-Karl Pierre-Fanfan, « ce sera un match difficile, tendu. Monaco sort d’une défaite traumatisante contre le Paris FC et d’un match rude de Ligue des Champions à Bodø/Glimt (victoire en Norvège 1 à 0) qui requiert une récupération importante. Lens peut les bousculer samedi, en imposant un rythme. Il ne faudra pas les laisser entrer dans le match, aller les secouer, ne pas y aller en mode timide, car leurs individualités, s’ils prennent confiance, peuvent te punir à tout moment. Monaco est moins mature tactiquement, et manque de caractère. Hormis Zakarya, capitaine blessé, il n’y a pas de leader technique, offensif et défensif qui peut aujourd’hui réveiller l’équipe sur des périodes compliquées. Pour Lens, en face, ça reste Monaco, donc, contrairement Metz qui était une équipe piège dans la dynamique positive. il s’agit là d’une grosse affiche pour laquelle il faut être prêts. »

Tactiquement, sur ce match, ce sont schémas symétriques qui s’opposent. D’après notre interlocuteur, petit plus pour les Lensois, qui maîtrisent le schéma depuis des années, avec cette saison des résultats probants et un jeu bien huilé. « Lorsque les deux schémas s’épousent, tout se joue aussi sur les confrontations directes entre joueurs. Il y a la place pour que les Lensois ramènent un bon point du Rocher qui sera satisfaisant. Après, une victoire à l’extérieur, dans ces dynamiques, est possible. » Statistiquement, il s’agit d’un déplacement qui réussit plutôt bien aux Lensois depuis leur promotion en Ligue 1, avec trois victoires, une défaite et un nul (la saison dernière) sur les cinq dernières confrontations.

Pour la suite de la saison, l’ancien défenseur parisien voit Lens parvenir à maintenir ce rythme et « devrait décrocher un ticket européen. Dans cette saison de transition, Pierre Sage et la direction sportive se sont adaptés admirablement au contexte lensois, tout en s’appuyant sur les anciens comme Jonhathan Gradit et Adrien Thomasson. En face, il y a pas mal d’équipes qui sont irrégulières — Monaco en fait partie — et qui devront régler la mire au mercato d’hiver sur deux ou trois profils. En deuxième partie de saison, il y aura sans doute des changements dans les équipes habitués à l’Europe mais le RC Lens a sa carte à jouer. »

Ce qui est certain, pour cette rencontre en bord de Méditerranée ou pour la suite de la saison, c’est que le RC Lens remplit son rôle d’outsider à merveille, sans rien à perdre.

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Merci à José-Karl Pierre-Fanfan pour sa disponibilité et la qualité de l’échange ! Joueur au top et interlocuteur avisé.

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