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M’Bala Nzola, il revient de loin

Le franco-angolais M’bala Nzola a débarqué en catimini à La Gaillette. En provenance de la Fiorentina, il vient reprendre le fil de sa progression, entamée dans les divisions inférieures du football italien.

M’Bala Nzola avec son entraîneur fétiche Vincenzo Italiano (Photo Viola News)

M’bala Nzola est originaire de Cabinda, une enclave angolaise autrefois dénommée Congo portugais, et qui depuis le 8 novembre 1975 est en proie à un conflit larvé entre les Forces Armées Angolaises (FAA) et le Front de libération de l’enclave du Cabinda (FLEC). On se rappelle d’ailleurs de l’attaque du bus de la sélection de football du Togo le 8 janvier 2010, revendiquée par le FLEC, qui fit 2 morts et 9 blessés. Une instabilité qui puise ses racines dans le contrôle des ressources pétrolières, les sous-sols de la région étant, à l’instar de ceux de sa voisine congolaise Pointe-Noire, extrêmement riches. Selon plusieurs sources, l’or noir du Cabinda représenteraient plus de la moitié des réserves angolaises, sachant que l’hydrocarbure est le contributeur presque exclusif du budget étatique de l’ancienne colonie portugaise. 

L’idée n’est pas de proposer un cours magistral de géopolitique, simplement de présenter le contexte social du pays dans lequel est né le nouvel avant-centre du RC Lens, arrivé en France à l’âge de trois ans. Une histoire qui rappelle celle d’Eduardo Camavinga, également originaire du Cabinda.

La famille Nzola s’installe à Troyes, et c’est donc dans le club de la capitale auboise que M’Bala fera ses premiers pas sur la pelouse, suivant les pas d’un ancien Franco-Angolais, Blaise Matuidi. Prometteur, le jeune homme attire rapidement les recruteurs, notamment anglais. Mais c’est finalement au Portugal qu’il fera ses premiers pas en professionnel avant de mettre le cap pour l’Italie, naviguant dans les divisions inférieures. D’abord au cœur des Pouilles, à Francavilla Fontana (Serie C), avant de rejoindre le nord de l’Italie et Carpi (Serie B), puis Trapani, ville située à la pointe ouest de la Sicile. Un itinérant au parcours cabossé, qui fut parfois comparé à Georges Weah, parfois à Karim Benzema, et qui finira par définitivement prendre son envol à La Spezia après avoir connu la montée en Serie B avec le FC Trapani 1905.

Force et détermination

En Ligurie, l’international angolais (6 sélections, 2 buts) dispute 102 rencontres, pour 35 buts et 7 passes décisives. Des statistiques flatteuses qui permirent d’abord au club de La Spezia d’assurer la première ascension de son histoire en Serie A. Puis, de maintenir les Aquilotti en Serie A. M’Bala Nzola se fait un nom en Italie, au point de devenir le meilleur buteur français du championnat italien lors de la saison 2022-23. « La force et la détermination sont les choses qui me représentent le plus. Ne jamais abandonner, même face aux difficultés, est l’une de mes caractéristiques. Cela a toujours été ma mentalité à mon arrivée en Italie », déclare-t-il sur la chaîne officielle de la Fiorentina, club dans lequel Nzola n’a pas su justifier le prix important de son transfert (14 millions d’euros) malgré la présence de son entraîneur fétiche, Vincenzo Italiano, qu’il a connu à Trapani, suivi à La Spezia et finalement côtoyé dans la capitale toscane.

Pour parler du court passage florentin de M’Bala Nzola, nous avons pu échanger avec Lorenzo Lepore, journaliste qui suit la Viola au quotidien, et qui fut l’un des premiers à sortir l’information sur le transfert du Franco-Angolais au RC Lens. « Nzola s’est amélioré étape par étape, après ses débuts en Serie C et Serie B. C’est un joueur physique, puissant et rapide, qui a toutefois de petites carences techniques. Mais il a ce côté froid qui lui permet de finir les actions. À La Spezia, il a réussi à marquer beaucoup de buts alors qu’il jouait dans une des pires équipes du championnat. »

M’Bala Nzola buteur en demi-finale de C4 (Photo EFE)

Quand on jette un coup d’œil à la feuille de stats de Nzola, on croit lire une forme d’irrégularité dans les performances. Lorenzo y répond : « Je pense qu’il a une vraie marge de progression sur la dimension mentale. C’est un joueur qui a besoin de sentir la confiance de son coach, mais aussi de l’environnement du club. C’est très important pour lui afin de performer. On l’a vu notamment avec le lien qu’il a eu avec l’ancien coach de la Fiorentina, Vincenzo Italiano, qu’il a connu à Trapani puis à La Spezia. »

Et lorsque l’on ouvre le dossier Fiorentina, Lorenzo Lepore va droit au but : « Chez nous, il a mal démarré la saison. Et la concurrence était vive, ce qu’il n’a peut-être pas bien supporté. Parfois, il lui a été reproché d’arriver tard à l’entraînement. Vincenzo Italiano est parti à Bologne et a été remplacé par Raffaele Palladino. La Fiorentina semble aussi changer de structure de jeu. Et dans le jeu de la concurrence, il passait derrière Moise Keane et Lucas Beltran, ce qui fait qu’il a été poussé vers la sortie. »

Alors que le RC Lens se cherche un avant-centre, M’Bala Nzola débarque en Artois avec l’espoir de retrouver de la confiance. Si le Racing Club de Lens passe le barrage, le natif de Buco-Zau aura l’opportunité de rejouer une compétition qu’il a disputée avec son dernier club, lui qui a joué un vrai rôle dans la qualification du club florentin pour la finale de la C4, étant décisif à deux reprises en demi-finale (un but et une passe décisive contre le FC Bruges). Voilà un profil et un parcours cabossé qui semblent parfaitement coller au projet du club lensois. Il ne reste désormais plus qu’à confirmer sur le rectangle vert, lui qui a enfin assouvi son profond désir de revenir en France.

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