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Max Lepagnot, le clerc

Le nom de Lepagnot résonne dans le cœur des habitués de Bollaert-Delelis. Moins célèbre que des figures comme Henri Trannin, Élie Delacourt, Anton Marek ou encore Xercès Louis, il n’en fut pas moins essentiel pour le RC Lens. Retraçons le parcours de cet homme d’une extrême discrétion, exemple parfait de ces artisans qui par leurs compétences, leur passion et leur dévouement, ont inscrit leur nom dans la légende du club.

Max lepagnot
Max Lepagnot
Photo RC Lens

Né le 27 septembre 1901 à Avion, Max Denis Lepagnot grandit au sein d’une famille modeste avec son frère Étienne Marcel et sa sœur, Paule. Ses parents, François Denis Lepagnot et Marie Zoé Lhomme, sont tous les deux issus de la classe ouvrière. Dans la famille Lepagnot, on retrouve essentiellement des cultivateurs et des mineurs. Parmi eux, des cousins comme Alexandre, François, Jules ou encore Hippolyte travaillent à la Compagnie des mines de Lens.

Cousins de Max de Lepagnot
Jules, Hippolyte, François et Alexandre Lepagnot
Photo ANMT

François Denis, le père, connaît une ascension sociale en devenant commis-greffier (un emploi administratif dans la Justice). C’est tout naturellement que Max suivra ses pas plus tard, en embrassant la carrière de clerc de notaire. En 1909, François Denis gravit encore un peu plus les échelons et devient titulaire de greffe de la justice de paix du canton de Lens. Il paye la prestation de serment d’une valeur de 3 480 frs à un certain M. Bacquez, greffier de son état. Le 10 septembre 1927, son fils Max épouse Denise Bacquez à Avion et s’installe rue Bracq à Lens. Le lien entre Denise et le greffier Bacquez n’est pas formellement établi.

L’aventure de Max Lepagnot au RC Lens débute en 1929 lorsqu’il en devient secrétaire. En 1934, il joue un rôle crucial dans la professionnalisation du Racing, apportant toutes ses compétences à un club qui change de statut et de dimension. Cela fait de lui le premier clerc de notaire du RC Lens. Le terrain l’intéresse aussi : en plus d’être membre du comité directeur, il intègre la commission de sélection et de transferts. Enfin, s’il est connu bien au-delà de Lens, c’est parce qu’il préside le district Artois de la FFF pendant près de trois décennies.

« Dunkirk »

Le film Dunkerque de Christopher Nolan, retraçant l’opération Dynamo, évoque sans le savoir la vie de Max Lepagnot. En mai 1940, l’armée britannique et une partie des troupes françaises battent en retraite vers le nord. Du 27 mai au 4 juin, des milliers de soldats britanniques et français sont évacués par la plage de Dunkerque, encerclée par l’armée allemande. Près de 350 000 hommes parviennent à quitter la ville par la mer, tandis que 35 000 soldats Français défendent jusqu’au bout l’évacuation des bateaux vers Douvres, dont Max Lepagnot. Acteurs héroïques, ils vont le payer de leur vie ou de plusieurs années de captivité. C’est ainsi que le clerc de notaire est fait prisonnier le 4 juin 1940 à Dunkerque.

Après deux années de captivité, Max Lepagnot reprend ses fonctions au sein du club en 1943. Il est victime peu de temps après d’un décollement de la rétine, et perd peu à peu la vue. Il doit malheureusement renoncer à sa profession de clerc. Mais derrière ces lunettes noires, si les yeux sont éteints, l’esprit est toujours aussi vif. Il quitte finalement le comité directeur en 1947 et reçoit la médaille d’honneur d’argent de l’éducation physique en 1949.

Tribune lepagnot
Tribune Lepagnot
Photo RC Lens

En 1982, en préparation de l’Euro-84, une tribune neuve, celle qui accueille les places dites « Premières », « Honneur Sud » et « Présidentielles », est érigée face à la Marek-Xercès (à l’époque « Secondes » et « Honneur Nord »). Cette même année, Max Lepagnot s’éteint le 27 septembre 1982 à Bois-Bernard, le jour de ces 81 ans. Le nom de cette nouvelle tribune est donc tout trouvé, et rendra hommage à Max Lepagnot, à jamais le premier clerc de notaire du RC Lens.

Sources :

  • Plaquette souvenir du cinquantenaire du Racing Club de Lens
  • Archives nationales du monde du travail
  • Archives du Pas-de-Calais
  • Geneanet
  • Journal officiel de la République française, 3 avril 1909 et 20 mars 1949
  • L’Équipe, 11 septembre 1952
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