La seconde recrue du mercato 2024-2025 est un ancien grand espoir du football français qui vit avec le blues depuis près de quatre saisons. Présentation d’un égaré du ballon rond, en quête de relance.
Photo AS Monaco
La relance. Un terme qui sied parfaitement à Malang Sarr. Le Franco-Sénégalais, né à Nice et qui a grandi aux Moulins, quartier populaire proche de l’ancien centre d’entraînement du Gym, est passé de grand espoir pisté par l’Europe du football à joueur anonyme. Jusqu’à être publiquement humilié par son entraîneur Mauricio Pochettino lors d’une hallucinante conférence de presse en août 2023. Interrogé sur son joueur, le coach de Chelsea avait en effet répondu un méprisant « Qui ça ? » Le milieu du football, et ses affres. Aux oubliettes, celui qui déclarait sa flamme à la langue française et à Guy de Maupassant dans Libération, était d’ailleurs sur le point de revenir au pays cet hiver.
Mathieu Bodmer, réputé pour sa fine connaissance du football, et Luka Elsner, entraîneur prônant un style de jeu protagoniste, à l’instar du RC Lens, avaient su convaincre le défenseur des Blues de rejoindre Le Havre dans son opération maintien. Avant que Chelsea, dont les pratiques concernant les transferts interrogent chaque jour un peu plus, ne bloque le transfert, omettant d’envoyer les documents officiels aux instances compétentes. Malang Sarr, qui avait passé sa visite médicale et patientait dans le port normand, avait accepté des concessions sur son salaire afin de retrouver les terrains. Le retour à Londres n’en fut que plus amer.
La relance. C’est aussi une aptitude technique que maîtrise particulièrement bien l’ancien Aiglon. Propulsé titulaire par Lucien Favre à 17 ans lors d’une rencontre de L1 contre le Stade Rennais (le 14 août 2016), durant laquelle il inscrit le but de la victoire, et devient alors le deuxième buteur le plus jeune de l’histoire de la L1 derrière un certain Bartholomew Ogbeche. Malang Sarr s’impose comme titulaire et brille par sa capacité à répondre aux duels, à casser des lignes balle au pied et par la passe, utilisant à merveille son pied gauche au sol mais également pour effectuer des renversements de jeu. Bien que mesurant 183 petits centimètres, une taille modeste pour un défenseur central, Malang Sarr sait également briller dans le jeu aérien. En 2016, il attire déjà les convoitises, brillant par sa régularité et sa maturité dans un OGC Nice détonnant mené par Mario Balotelli et Alassane Pléa. Le PSG, l’Inter de Milan voire le FC Barcelone surveillent le petit prodige. Axial excentré de formation, ce grand précoce du football finit par être rattrapé comme tant d’autres par la dure réalité du ballon rond. Son départ à Chelsea le mène dans une impasse, énième exemple de l’importance du contexte pour s’épanouir dans le football.
Ça se jouera dans la tête
Malang Sarr cherche aujourd’hui à donner un second souffle à sa carrière, lui qui a longuement rongé son frein à Londres, mais aussi à Porto et à Monaco, où il a été envoyé en prêt tour à tour. Rémi Valet, ancien rédacteur en chef du site Planète ASM, témoigne : « J’ai été dubitatif concernant son arrivée chez nous. Si je me suis posé la question en août 2022, son départ en juin 2023 n’a fait aucun doute : un échec quasi total ». Rémi poursuit : « Malang a été titulaire à 12 reprises, et est entré en jeu cinq fois. Une disparition totale en mars, et une participation à à peu près tous les plus gros fours de cette saison difficile ». Portrait peu reluisant, que notre collègue monégasque s’empresse toutefois de nuancer. « À sa décharge, la saison 2022-2023 a été un long calvaire pour la défense de l’ASM, qui a été catastrophique de bout en bout avec 58 buts encaissés, soit la 14e de L1. Malgré tout, il n’a pas su saisir l’opportunité que représentait le départ de Badiashile à Chelsea au mercato d’hiver pour s’imposer. Sur des débuts encourageants, on a pu espérer un défenseur véloce et bon relanceur, mais je pense que son CSC en octobre en Europa a détruit une confiance déjà étiolée par deux années difficiles. La dynamique collective de cette saison-là, entre un Philippe Clement qui tâtonne et un Nübel en grande difficulté, n’était peut-être pas en mesure de le remettre en confiance. »
Le RC Lens est-il la bonne destination pour lui ? Malang Sarr dispose sans aucun doute des qualités intrinsèques pour briller dans la structure de jeu bien installée chez les Sang et Or, et que Will Still semble enclin à perpétuer. La différence se fera certainement dans la tête. Le Franco-Sénégalais arrive libre, et a paraphé un contrat de deux ans, plus une année en option, ce qui circonscrit totalement le risque financier. Âgé seulement de 25 ans, l’ancien Niçois est encore jeune, et sa marge de progression, après relance, est encore importante. Après Massadio Haïdara, dont le contrat se termine l’été prochain, Wesley Saïd et Nampalys Mendy, le RC Lens va-t-il réussir à relancer un autre joueur abonné aux saisons blanches ?