C’est un Stade rennais peuplé d’anciens Lensois qui se présente aujourd’hui à Bollaert. Les deux équipes ont traversé de fortes turbulences, sur le terrain comme en coulisses. Benoît de l’association @Roazhon’s Call nous en dit plus sur ce Stade Rennais new look.

Photo CSO
- CSO : Benoît, tu es supporter du Stade rennais mais aussi président de l’association Roazhon’s Call Paris, peux-tu te présenter ainsi que ton association ?
Benoît : J’ai 37 ans et suis membre du bureau depuis bientôt dix ans et président de l’association depuis juin 2024. Originaire de Rennes, j’ai rejoint Paris il y a une dizaine d’années pour des raisons professionnelles et j’ai très rapidement fréquenté le bar Aux Sports qui regroupe les exilés rennais pour la diffusion des matchs de notre équipe. L’association Roazhon’s Call Paris a vu le jour en juillet 2013 et compte environ 200 membres cette saison, avec un record de 300 membres en 2020. Nous nous réunissons les soirs de match dans le 15e arrondissement de Paris, et nous organisons régulièrement des déplacements pour suivre notre équipe, que ce soit en France ou en Europe. Par exemple, ce samedi, nous serons une soixantaine à nous rendre à Lens en car. Depuis cette saison nous avons aussi une section foot. Nous allons notamment participer au tournoi de five Expat Cup, organisé par l’association Lens Capitale.
- Le Stade rennais partage avec le RC Lens le fait d’avoir connu un mercato d’hiver mouvementé. Si le Racing s’est considérablement affaibli, cela semble être tout l’inverse pour les Rouge et Noir. Ton avis là-dessus ?
Le Stade rennais a complètement manqué son mercato estival, ce qui a nécessité une refonte de l’équipe lors du mercato d’hiver. Heureusement, grâce aux bonnes ventes des dernières années, nous disposons d’un budget conséquent. C’est assez surprenant de voir autant de mouvements en si peu de temps, surtout que nous étions habitués à une certaine stabilité ces dernières saisons. Certains joueurs n’ont même pas passé six mois au club avant de repartir. Cela rend difficile pour les supporters de s’attacher aux joueurs, car nous sommes encore en train de découvrir l’effectif. Concernant la qualité des recrues hivernales, il est encore peu tôt pour les juger. Les satisfactions se nomment surtout Brice Samba, Lilian Brassier (formé au club) et Jeremy Jacquet (retour de prêt).
- Quels sont selon toi les principaux facteurs qui ont fait remonter Rennes au classement ? Le changement de coach ? Une ou plusieurs recrues ?
Habib Beye a insufflé un vent de fraîcheur et un discours positif, ce qui est essentiel lorsque l’équipe traverse une période difficile. Contrairement à Sampaoli, qui critiquait souvent le niveau de son effectif, Beye adopte une approche optimiste, essayant de valoriser ses joueurs et de tenter de nouvelles choses. Après plusieurs mois compliqués, ce discours est bénéfique non seulement pour les joueurs mais aussi pour les supporters. Il a également eu la chance de bénéficier d’un effectif remodelé, notamment en défense. Des joueurs comme Lilian Brassier et Jeremy Jacquet sont venus combler nos lacunes derrière. Avoir une bonne défense, c’est la base pour ne pas perdre un match. Le seul regret est peut-être de ne pas avoir recruté Beye dès l’automne, ce qui aurait pu accélérer notre redressement.
- Rennes reprend des points, mais distingue-t-on déjà une patte Habib Beye dans le jeu ?
Le style Habib Beye se caractérise par des joueurs qui retrouvent le goût de l’effort, qui défendent ensemble et mettent plus d’intensité. Ce sont des aspects fondamentaux du jeu que nous ne voyions plus depuis le début de la saison. Beye a mis fin aux « statuts » et fait jouer ceux qui se montrent les meilleurs à l’entraînement, ce qui explique sa confiance envers certains jeunes issus de la formation. Notre équipe a encore des difficultés à jouer ensemble, notamment en ce qui concerne l’animation offensive. Elle est encore en convalescence. L’essentiel est de gagner, car cela remonte le moral des joueurs et des supporters. Cela permet également aux joueurs de travailler dans un climat plus sain et propice à l’amélioration.

- Il y a tellement d’ancien lensois au Stade rennais que l’on pourrait faire une interview complète là-dessus. Mais peux-tu nous citer un ancien lensois qui se distingue en bien et un autre en mal ?
Arnaud Kalimuendo est notre meilleur buteur cette saison. Il ne cesse de s’améliorer d’année en année et est devenu un pilier dans cet effectif où la majorité des joueurs sont arrivés récemment. En revanche, Seko Fofana est une déception pour le moment. Sa nonchalance lors de son entrée contre Paris en est la parfaite illustration. Il était censé être une valeur sûre, mais jusqu’à présent, il est très décevant. Peut-être qu’une préparation physique complète cet été lui permettra de retrouver le niveau qu’il avait au RC Lens.
- Et si tu devais encore piocher dans l’effectif actuel du RC Lens, qui viendrais-tu chercher en priorité ?
Bien qu’il soit un ancien Nantais, j’apprécie Adrien Thomasson. Il est bon à son nouveau poste de relayeur, tel que voulu par Will Still. Sa mentalité exemplaire et ses performances constantes en font un joueur que j’aimerais voir rejoindre notre équipe.
- À quel type de match t’attends-tu à Bollaert ? Quelles en sont les clés ?
Je pense que ce sera un match très fermé, avec deux équipes encore en proie aux doutes. Rennes aura l’avantage de récupérer Djaoui Cissé, qui est déjà notre meilleur milieu de terrain. Sa présence pourrait être déterminante. Les clés du match seront la solidité défensive et la capacité à saisir les quelques opportunités en attaque.

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- Selon toi, quelle place peut viser Rennes cette année ?
Rennes peut viser la première partie du tableau, mais il sera très difficile d’atteindre la 7e place, qui pourrait être synonyme de qualification européenne. Vu notre situation en début d’année 2025, nous sommes déjà soulagés que le maintien soit bien engagé. Il est essentiel que Rennes termine la saison sur une note positive, afin de générer de la confiance au sein de l’effectif et de permettre à certains joueurs de se mettre en valeur. Dans l’ensemble, cette saison est une déception, surtout une deuxième saison sans Europe alors que beaucoup de moyens financiers ont été investis. Le club paie les mauvaises décisions de ses actionnaires et dirigeants depuis bientôt deux ans.
- La qualité de la formation rennaise n’est plus à démontrer. Ces dernières semaines, Djaoui Cissé s’est révélé au milieu de terrain et le jeune Mohammed Kader Meïté a connu sa première titularisation face au PSG la semaine passée. Peux-tu nous en dire plus sur les derniers fruits issus de votre centre ?
C’est surprenant car depuis quelques mois, on nous expliquait que la génération qui arrivait était moins talentueuse que les précédentes. Djaoui Cissé, personne ne l’attendait à ce niveau, et aussi performant dès ses premiers matchs. C’est une grosse surprise. Bravo à Habib Beye d’avoir osé le faire jouer. Il a montré une maturité et une qualité de jeu impressionnantes pour son âge. Mohamed Kader Meïté, cela fait quelques mois qu’on en parle. On sait que c’est un bon attaquant dans les catégories de jeunes. C’est un attaquant grand et costaud, un profil de joueur que nous n’avons pas dans l’effectif. Sa première titularisation face au PSG a montré qu’il a le potentiel pour s’imposer. La fin de saison, qui pourrait être sans grand enjeu, pourrait lui permettre de gagner du temps de jeu et prouver qu’on devra compter sur lui l’an prochain.
- Un prono pour le match ?
Je pense que Rennes va l’emporter 1 à 0 sur un but d’Arnaud Kalimuendo.
Merci à Benoît pour ce riche entretien. Allez Lens !
