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Lens passe du bon côté

La diffusion des échanges du 14 juillet dernier entre présidents de Ligue 1 à propos du choix des diffuseurs dévoile un spectacle navrant. Mais un spectacle tout de même, peut-être plus passionnant que celui offert sur les pelouses du championnat. Et surtout, un spectacle où Joseph Oughourlian apparaît comme le ou l’un des meilleurs présidents de club. De quoi placer aujourd’hui le Racing du bon côté de l’histoire ?

Fiers d'être Lensois
Oui, c’est vrai, fiers d’être Lensois

Azerbaïdjan/Qatar, drôle de parallèle

Gervais Martel l’a souvent répété, sans Hafiz Mammadov et cet argent venu d’Azerbaïdjan, le Racing aurait mis la clé sous la porte. Il n’en reste pas moins que cet argent sauveur venu d’une lointaine démocrature avait un certain arrière-goût. L’attitude d’Hafiz Mammadov face à une équipe de journalistes de Canal + avait étonné. Le Petrus descendu cul-sec et les montres de luxes offertes – que les journalistes revendront intelligemment au profit de Reporters sans Frontières – avaient fait mauvais genre. Enfin, le déploiement d’un drapeau de l’Azerbaïdjan en Marek avait divisé les supporters.

Le mariage entre le Racing et l’Azerbaïdjan était sans nul doute contre-nature. Personne, dans les travées du Stade Bollaert-Delelis, n’attendait la venue de Falcao ou Ibrahimovic. Mammadov avait peut-être un amour sincère pour le club, il n’en demeure pas moins qu’il ne l’aura jamais compris. Ni le club, ni ses supporters.

Finalement, sur une sombre et ridicule histoire de numéros d’IBAN, Hafiz Mammadov aura laissé le club comme il l’avait repris : très mal en point. Et avec en plus, dorénavant, une image sérieusement écornée. Lens n’était plus ce club sympathique.

Le Qatar, comme l’Azerbaïdjan, tire ses profits du gaz. Il ne s’embarrasse cependant pas à faire croire au reste du monde qu’il est une démocratie. Ce mariage BeIn/Qatar avec la Ligue 1 et le PSG est tout autant contre-nature. Il pourrait bien se terminer tout aussi mal. La Ligue 1 avait le choix entre l’argent facile et le déclassement de ses clubs. Elle a choisi le Qatar, et obtiendra malgré tout la faillite et le déclassement. Azerbaïdjan et Qatar : mêmes causes, mêmes conséquences. Il n’y a pas d’argent facile sans contreparties.

Une triste réunion

La contrepartie, c’est le triste spectacle de ces présidents et de Vincent Labrune réduits à la servitude devant Nasser al-Khelaïfi. Cette servitude provoque un mélange de honte et dégoût.

Toute la Ligue 1 est dominée par le Qatar ? Non ! Deux irréductibles présidents résistent encore et toujours à l’envahisseur. C’est ainsi que nous découvrons une improbable alliance de circonstance entre Joseph Oughourlian et John Textor, le cowboy de Palm Beach et président de l’Olympique Lugdunum. Joseph Oughourlian avait pourtant jusque-là soutenu (pendant trop longtemps) Vincent Labrune et le deal fait avec CVC – sans pour autant que le deal soit très favorable au Racing. Il semble, heureusement, avoir compris le sens de l’histoire l’été dernier lors de la dernière attribution des droits TV.

En cela, le président s’est probablement raccordé avec les supporters lensois qui ont dénoncé depuis le début de saison le système Labrune/al-Khelaïfi et la politique de la LFP par moultes banderoles. On se rappelle, entre autres, de la banderole déployée en Marek : « Le con, la burne et le truand : trois noms pour un seul président ».

Il y a quelques jours, quelques images de la réunion sur les droits TV entre présidents du 14 juillet nous ont été révélées :

Joseph Oughourlian y apparaît calme, intelligent et professoral. A contrario, al-Khelaïfi apparaît comme un enfant roi, agressif et turbulent, qui ne supporte pas la moindre contradiction. On le sent menaçant et proche de la bouderie. Peut-être aurait-il voulu conclure avant de quitter la réunion : « si j’aurais su, j’aurais pas venu ».

Le blason redoré

Alors, oui, pour le Racing, il n’y aura jamais l’argent du Qatar, ni même sa sympathie. Il sera peut-être de plus en plus difficile d’envisager une nouvelle qualification en Ligue des Champions. Mais, au moins, après la divulgation de cette pathétique réunion, les supporters peuvent se réjouir de voir le président du Racing faire passer le club « du bon côté » de l’histoire. Du côté des gens intègres. Et du même avis que les supporters.

Le courage d’Oughourlian ne fera pas gagner des matchs et des titres. Le blason du club est cependant redoré. Et les mauvais souvenirs de l’époque Mammadov s’éloignent. Nous pourrions espérer que ce soient les joueurs qui rendent fiers les supporters. Après le catastrophique enchaînement Nice/Strasbourg/Nantes, ce n’est pas le spectacle sur le terrain qui saurait réjouir quiconque. Mais s’il y a une chose qui peut rendre les supporters lensois fiers, c’est l’attitude du président du Racing face à la LFP.

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