La composition proposée par Will Still vendredi soir a piqué la curiosité des observateurs. Malgré la volonté de continuité martelée depuis sa nomination, le coach a proposé un assemblage qui correspond peut-être davantage à ses préférences. Suffisant pour parler de la naissance du Lens nouveau ?
Le beaujolais nouveau ou beaujolais primeur est un vin jeune qui a la particularité d’être mis en vente dès la fin de la période de vinification, en novembre. Ce mois d’automne, c’est aussi le moment choisit par Will Still pour installer une défense à quatre.
Utilisation d’un nouveau cépage
Dans le monde viticole, les cépages correspondent aux variétés de vignes cultivées pour ensuite élaborer le vin. Choisir le bon assemblage est un art complexe, comme on le sait très bien en Champagne. L’entraîneur anglo-belge a ainsi choisi de quitter le cépage à trois pour passer sur une base à quatre. De là a découlé le match le plus complet de la saison du Racing Club de Lens.
Bien évidemment, ce Lens nouveau est encore très jeune. Il demande donc à mûrir avant que l’on puisse se faire une véritable idée de sa qualité, dans des contextes peut-être plus exigeants que face à des Rémois en manque de peps. Certaines notes restent aussi à travailler. Car le Racing a encore fait preuve de maladresse — notamment Mbala Nzola en deuxième période, peu avant son but. Il a aussi de nouveau été mis en danger de façon inexplicable après avoir tiré un corner.
Cependant, les Sang et Or se sont montrés globalement solides, sereins, et ont su se créer des situations franches, qu’ils ont converties par deux fois. Aux côtés de l’excellent Adrien Thomasson, nous avons retrouvé un Angelo Fulgini gouleyant, à la hauteur des espoirs suscités par son passage angevin. La charnière Kevin Danso-Abdukodir Khusanov s’est montrée, sans surprise, bien charpentée. Enfin, là ou les cuvées précédentes pouvaient parfois donner l’impression de productions stéréotypées, ce Lens nouveau a proposé de la variété dans sa création offensive.
millésime prometteur qui demande confirmation
Malgré tout, il ne s’agissait là que de la première dégustation. Et certains ingrédients essentiels à la réussite de ce projet pourraient bien s’envoler dès cet hiver… Entre un Kevin Danso à vendre et un Abdukodir Khusanov déjà très convoité, quid de cette charnière centrale à l’issue du mois de janvier ? Jonathan Gradit sera-t-il dans les meilleures dispositions après quelques semaines sur le banc, et aussi performant dans un schéma à quatre ?
Quant à Facundo Médina, son destin s’écrit-il dans l’axe de la défense ou à un poste de latéral gauche très inhabituel ? Autant de questions qui ne peuvent trouver de réponses à court terme. La réalité économique est que Lens doit vendre cet hiver. Et si certains départs, comme ceux de Nampalys Mendy ou David Pereira da Costa, visent à alléger la masse salariale sans pour autant affaiblir l’ensemble, certaines valeurs marchandes pourraient quitter le domaine, ce qui perturberait la fermentation.
Profitons de la saison des primeurs
Cette période hivernale peut aussi être vue comme l’occasion de rééquilibrer l’effectif et de l’améliorer sur les postes offensifs. Mais tout ceci n’est qu’hypothèses. Profitons donc de cette saison des primeurs, faite de nouveautés et d’essais plus ou moins fructueux. Si nous prenons un peu de recul, ce Lens nouveau, certes imparfait, correspond à l’état d’esprit réclamé par ses supporters. On retrouve un assemblage combatif, intense et tourné vers l’offensive. La patte du jeune et ambitieux maître vigneron a la tête de ce projet commence à se faire sentir.
Malgré les déceptions des premiers essais, il reste de beaux challenges à cette équipe. Elle est toujours à l’affût des places européennes, et le tirage au sort de la Coupe de France aura lieu dès ce lundi… Alors qui sait ? Le succès d’un club ou d’un vin exige des éléments tangibles mais comporte aussi une part de mystère. La cuvée Still affiche de belles promesses. Avec du travail, on peut imaginer qu’elles se concrétisent et nous redonnent l’ivresse.