CULTURE SANG & OR

Lens-Montpellier: les premiers seront les derniers

En cette semaine de Sainte-Barbe, la lampe de mineur lensoise rencontre la lanterne rouge montpelliéraine. Culture Sang et Or s’est entretenu pour l’occasion avec Emmanuel Barranguet, journaliste AFP et spécialiste du MHSC. Chaud devant !

« Hé frérot, viens, dimanche on joue en 4-4-2 losange inversé avec
quatre pistons double flux et trois offensifs asymétriques »
Chauds aux fesses

Le Montpellier Hérault Sporting Club fait office de mauvaise surprise du championnat, avec un début catastrophique en Ligue 1 McDonald’s, qui se traduit à l’heure actuelle par une bien triste dernière place, et une défense aussi friable que de la marne, avec 34 coups de pioches pris dans la gaïole.

Comment le MHSC en est-il arrivé à prendre place dans le mauvais wagon ? Pour Emmanuel Barranguet, il y a tout un faisceau d’explications : « La préparation physique a été ratée avec des joueurs à court de forme, un effectif plombé par les blessures, l’épisode des droits TV avec l’implication de Laurent Nicollin, qui a amené une certaine instabilité en intersaison, et des joueurs qui semblent avoir lâché le coach Der Zakarian… »

Tout ce magma sportif et extra sportif a dès lors entrainé un changement de chef porion. Der Zak’ au caractère en acier trempé, protégé du président jusqu’ici, a laissé place fin octobre à l’emblématique enfant du pays Jean-Louis Gasset, fils de l’illustre cofondateur du club de la Paillade, Bernard. Emmanuel nous le présente comme un « un fin tacticien qui n’est pas dogmatique, sait composer avec ce qui fonctionne tout en innovant dans certains secteurs de jeu, en préparant ses matchs selon des plans de jeu très clairs comme en témoignent les cadres Lecomte ou Chotard. Par ailleurs, il sait très bien soigner les têtes, et c’est un moindre mal dans cet effectif qui a pris quelques gifles. »

Ce changement est visible sur le terrain, notamment lors du dernier match en date à la Mosson, avec un résultat nul 2 à 2 arraché à la fin contre notre voisin adoré lillois, « avec un contenu pas mal face à une équipe de Ligue des Champions. » On retrouve par ailleurs quelques individualités un peu perdues mentalement jusqu’ici. Même si Modibo Sagnan, made in Gaillette Gervais Martel, « surnageait peu dans cette défense en chantier », les individualités tels que Téji Savanier, Joris Chotard, Benjamin Lecomte, Mousa Tamari, Arnaud Nordin ont retrouvé de l’aplomb. Sans que ce soit suffisant pour quitter la zone de relégation.

Le panache contre la panade

Côté lensois, les résultats sont en dents de scie mais l’équipe sort d’une convaincante victoire à Reims 2 à 0, avec une nouvelle tactique au coup d’envoi aussi asymétrique que le terril de Billy-Montigny. La légende raconte même que Luka Elsner, entraineur champenois, visionnerait encore le replay du match pour comprendre la compo des frères Still.

Pour Emmanuel et la suite de la saison du MHSC, « il n’y a pas de quoi être optimiste, l’équipe est trop mal embarquée. Il est peut-être même trop tard pour espérer le maintien. » D’autant que l’équipe de la Paillade est encore au fond du trou, avec une certaine forme de nervosité vue notamment lors de la confrontation face aux Dogues doggy dogues, avec une pelleté d’embrouilles ayant abouti à des expulsions, Jean-Louis Gasset ayant même supplié l’arbitre central de lui distribuer son carton rubis. Les Montpellierains filent un mauvais coton et ont la fâcheuse tendance à voir l’injustice partout, quitte à fleurter avec le complotisme. Le journaliste AFP nous image cet état d’esprit en citant Coluche : « Quand un avion s’écrase, c’est toujours sur leurs pompes. »

Emmanuel, qui a aussi une affection particulière pour le RCL, en ayant suivi l’épopée lensoise en Ligue des Champions depuis la Marek en 1998 parce qu’il habitait alors dans la région, ou encore en se rappelant sa présence au stade lorsque « Les Corons » furent chantés pour la première fois, nous fait un pronostic sans appel. « J’ai bien peur que Montpellier perde, Lens est meilleur, tout simplement. » Il y a tout de même un espoir chez Emmanuel, l’éternel espoir du supporter qui se souvient d’une victoire de Montpellier 2-3 dans le bassin minier, avec le duo d’attaquants redoutables Delort-Laborde en 2020-2021, ou encore l’ultime rencontre de la saison dernière où le club héraultais arracha, une fois n’est pas coutume, le 2-2, privant notre club sang et or d’une qualification directe, ô combien précieuse, pour une phase de ligue en Coupe d’Europe.

Au RC Lens de charbonner, faire le job et ne pas tomber dans le piège des Montpelliérains, pour emporter ce match qui signerait le début d’une série, nécessaire pour rester dans la locomotive de tête. Pour les Héraultais, cette saison s’annonce être un long cavalier minier. « Que le meilleur gagne ? Ah non, espérons pour le MHSC que ce soit l’inverse… » conclut Emmanuel Baranguet. Le football a toujours sa propre vérité.

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