CULTURE SANG & OR

Lens-Lille : c’est l’automne, ça sent le chien mouillé

À la veille du début de l’automne, le derby du Nord, comme les feuilles mortes, tombe à pic. Le RC Lens, après quatre journées, a un retard à de quatre points combler sur son voisin, et bien plus à prouver. Discussion éclairée avec @LePetitLillois, alias Raphaël, pour préparer cette rencontre à la cîme de la Ligue 1.

Des joueurs qu’on ne verra pas dans ce derby
Photo RC Lens
Dans le Nord, on n’a plus d’usines mais on a des idées

À Lens comme à Lille, l’été mercato fut chaud, brûlant, aride. L’heure fut au grand chambardement avec un effectif à renouveler. Du côté du domaine de Luchin, « on ne s’attendait pas à autant de départs, notamment de cadres : il y a eu plus de 30 mouvements pendant cette période de transferts. […] On a perdu des joueurs comme Jonathan David, laissé libre, qui fait partie d’éléments majeurs de la colonne vertébrale décimée, haut dans la hiérarchie des capitaines. » Envolés donc Bafodé Diakité, Lucas Chevalier et le buteur canadien, entre autres. La satisfaction est économique, avec une belle entrée de moula pour le LOSC.

Les Dogues, qui se devaient de retrouver une apparence convenable après cette pluie d’euros, ont donc recherché des recrues à de nombreux postes, et pour entrer dans leurs frais, « faire des paris, de jeunes joueurs mais aussi de joueurs expérimentés comme Olivier Giroud et Chancel Mbemba. Les résultats sont pour l’instant très prometteurs, avec des joueurs qui se sont intégrés rapidement, à l’image de l’arrivée d’un deuxième attaquant, Hamza Iguamane, rapidement efficace. »

Le vent en poupe

Lille réalise un très bon début de saison, dans le jeu et au classement. À quoi ça tient ? @LePetitLillois nous avance que de nombreux joueurs ont su prendre le taureau par les cornes et devenir des cadres de l’équipe. « On a deux figures de proue avec Benjamin André et Olivier Giroud. On a des joueurs et un staff dans la continuité, avec un vent de fraicheur nécessaire, après une saison lourde mentalement. »

Tactiquement, le LOSC, qui vise toujours les places européennes avec une ambition en interne très élevée, est dans la continuité, avec quelques petites surprises à réserver à ses adversaires. « La base du jeu n’a pas changé avec une tactique en 4-2-3-1 ou 4-3-3, avec un attaquant de pointe, Giroud, qui amène plus de variété. Bruno Genesio laisse beaucoup plus de liberté. Le banc permet également beaucoup plus de combinaisons. »

Le seul point d’interrogation pour @LepetitLillois reste la défense, d’autant plus que deux joueurs majeurs, Thomas Meunier et encore plus Alexsandro, sont blessés et donc absents pour ce derby, samedi soir.

Le derby ou la tempête mentale

« Les derbys, c’est toujours des matchs à part qui vont se jouer au mental , à l’état d’esprit, à ce que tu donnes sur le terrain, comme ces dernières années. » On se souviendra de la partie d’échecs à Pierre-Mauroy-Decathlon, avec la boulette de Matthew Ryan qui avait scellé l’issue du match assez rapidement. Avantage à Lille sur ce plan mental, mais attention : notre interlocuteur est prudent et se méfie grandement de Pierre Sage, qui fait bien jouer le RC Lens et sait réserver des surprises tactiques. Nous, à Lens, on se méfie aussi de la VAR, célèbre marronnier qui ravive de mauvais souvenirs de confrontations décidées par l’interprétation d’une vidéo.

Sur le terrain, dans cette dimension mentale, le LOSC peut toujours compter sur Benjamin André, « le type de joueur qu’il vaut mieux avoir chez soi que contre soi. Et il donne toujours le ton dans les derbys. » Côté lensois, l’équipe pourra toujours s’appuyer sur les anciens, tels que Jonathan Gradit, Florian Sotoca ou encore Adrien Thomasson, qui connaissent le contexte de ce match si particulier. Mais il appartiendra aussi aux jeunes Sang et Or, qui le découvriront, de faire parler leur audace face à une valeur sûre de la L1.

Alors chaud les marrons, le derby arrive dans un climat aussi instable que la période, entre derniers moments estivaux et bourrasques au crachin. Le tout a été alimenté par des dissensions entre dirigeants, Joseph Oughourlian et Olivier Létang, visiblement peu d’accord sur le devenir de la LFP, le deuxième disant reprocher au premier la forme plutôt que le fond. Toutefois, on sent bien qu’entre ces deux-là, il y a de la friture sur la ligne. À surveiller aussi, le combat tactique entre deux anciens coachs lyonnais, Genesio et Sage, qui va valoir son pesant de noisettes.

Vendredi, pendant la séance d’entrainement public à la Gaillette, la température est encore montée, avec 2.500 supporters venus chauffer nos favoris et faire monter le baromètre de quelques hectopascals. Lens n’a pas remporté de derby à domicile depuis quatre ans. L’attente est forte. Côté prono, notre interlocuteur voit « un match serré, où les équipes voudront d’abord être solides, avec un match nul 1 à 1. »

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On remercie @LePetitLillois pour sa disponibilité, ses éclairages complets et sa sympathie. Cela étant, on poussera nos Lensois pour qu’ils déjouent son pronostic et empochent enfin une victoire à Bollaert-Delelis.

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