Aussi étrange que cela puisse paraître, avec tous les changements opérés par le Racing, le club semble réussir les premières étapes de sa transition. Le mercato d’hiver, qui clôt ses portes en ce jour, a animé tout ce dry january. Il ne fallait pas manquer de tisane pour rester serein face au tumulte des rumeurs et des achats/ventes. L’occasion idéale pour prendre de la hauteur et tracer un bilan à mi-parcours.
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LA patte Still
Quand Franck Haise part cet été, c’est un premier traumatisme qu’on pensait difficile à surmonter. Quatre années et demie de bonheur avec un chic type, simple, passionné et intelligent qui a permis de façonner, on se ne cessera jamais de le répéter avec les étoiles dans les yeux, un Racing rayonnant, efficace et — cerise sur le gâteau — savoureux dans le jeu.
Pour sécher nos larmes et surmonter cette épreuve, débarque Will Still. On ne sait plus bien si la dépression latente liée au départ de FH (prononcez à l’américaine) pour la perle azuréenne Nice (prononcez toujours à l’américaine) nous fait voir triple, mais Willy arrive avec ses deux frères. Au global, voir arriver ce manager espoir et sa fratrie rend les Lensois plutôt enthousiastes. La préparation va dans ce sens, avec quelques beaux résultats et une équipe qui, sur le papier, semble tenir la route.
Vient ensuite l’automne, et avec lui, quelques grumeaux dans la mayonnaise qui gâchent un peu notre plaisir. Le début de saison est honnête malgré une élimination navrante en préliminaire de coupe d’Europe. Will Still semble également vivre sur les acquis de l’héritage Haise avec le fameux 352. Cela fonctionne, mais on sent le Britanno-Belge gêné aux entournures et désireux de mettre sa patte sur son collectif.
Avec ses frères, ils concoctent un 442 asymétrique qui semble assez prometteur. Prometteur certes, mais peu efficace, notamment contre les grosses cylindrés à domicile, comme Lille et Marseille, qui ont fait le dos rond en première mi-temps pour chemiser le Racing en seconde mi-temps et l’emporter en fin de rencontre. La faute à pas de chance nous empêche d’espérer mieux, avec une ribambelle de blessures offensives (Satriano, Saïd et enfin Labeau-Lascary) qui accentuent notre inefficacité rageante devant le but. Le tout saupoudré par des arbitrages étonnants que l’on nommera poliment faits de jeu, comme des poils dans la soupe.
Malgré des vents contraires, de multiples frustrations, une difficile lisibilité du projet stratégique du club, l’équipe tourne bien. Le Racing vogue aux alentours de la septième place en outsider, et malgré le bouleversement du collectif, ça joue pas mal, laissant souvent une sensation de maîtrise et de puissance face aux petits et même face aux gros (malgré un bilan comptable décevant). Et même après un mercato hivernal tout feu tout flamme, Lens reste plutôt flamboyant, avec trois victoires de suite. L’équipe semble aujourd’hui maîtriser deux systèmes, tantôt 352, tantôt 442, ce qui peut s’avérer être un vrai casse-tête pour les adversaires. Il va falloir en faire des séances vidéos pour le comprendre, ce Racing. Les ingrédients et les recettes sont bien là. Avec un peu de routourne qui tourne, on sent ce RCL patte Still pas loin de faire quelque chose de beau et de bon. Plus encore, sur le terrain, les joueurs ont réussi une belle transition, avec une carte des menus revisités pour émoustiller nos papilles d’adorateurs de foot.
Oughourlian tient la barre, Dreossi
Pouille viré, c’était le deuxième coup de massue de l’été après le départ de Franck Haise. On sentait alors la fin des haricots arriver tout doucettement. D’autant que la conférence de presse de pré-rentrée de Joseph Oughourlian, bien que toujours tranchée et précise, n’était pas là pour nous mettre des étoiles dans les yeux. Pragmatisme économique et sportif fut de rigueur. Un retour du pain noir pour les Sang et Or ?
Pierre Dréossi, au passé lillois, arrive comme directeur général pour mettre en œuvre à la lettre le plan et la vision de notre actionnaire. Il va falloir vendre beaucoup pour compenser le train de vie inadapté de la saison précédente, dans un contexte de vache maigre, et avec l’imbroglio des droits TV.
Pour la direction sportive, on tâtonne côté Racing. On parle tantôt de Pierre Dréossi à la double casquette mais également de Jean-Louis Leca, promu, après sa retraite en tant que joueur, à un poste de coordinateur. Les choses se mettent progressivement en place et l’organigramme se dévoile en effeuillage, au son de Joe Cocker. Finalement, un homme va sortir du lot pour devenir le directeur sportif : Diego Lopez, jusqu’ici responsable du recrutement. L’individu souffre autant que Pierre Dréossi de son historique peu glorieux. En effet, il fut l’un des hommes clés des projets de Gérard Lopez, fossoyeur des Girondins de Bordeaux. C’est pourtant à lui de mener la danse pour valoriser au mieux les forces en présence tout en dénichant les perles rares.
Le Racing doit remodeler son effectif, pour répondre à des impératifs économiques tout en conservant un minimum d’ambitions pour aller titiller les places européennes. L’exercice semble délicat et passe donc par des mercatos actifs. On pouvait craindre un mercato d’été avec un risque de panic buy and sell accru en raison d’ambitions et de contraintes économiques clairement affichées. Mais Lens se renforce en temps et en heure et réussit à vendre ses éléments bankables. On pense notamment à Elye Wahi, sorte de patate chaude qu’on refile aux Marseillais au même prix que celui auquel nous l’avons acheté un an auparavant, peuchère ! Le chat noir rode néanmoins dans les parages de la Gohelle. La malchance vient pimenter le mercato estival avec les faux départs Neil El Aynaoui et de Kévin Danso. C’est une quarantaine de bâtons en moins dans les caisses du RCL.
Alors, le mercato d’hiver arrive et on sent Pierre Dréossi bien décidé à vendre la came lensoise aux plus offrants. Pendant les quatre mois entre les deux mercatos, le DG a sans doute revisionné l’intégral de Louis La Brocante pour analyser le marché. C’est toute la défense centrale titulaire du Racing (en 442) qui sera vendue. Ciao Khusanov, ciao Danso ! Le tout pour la bagatelle, à terme, de presque 80 millions d’euros. Heureusement, Malang Sarr, renfort de cet été, semble tout à fait disposé à prendre bonne place en défense centrale, et Jonathan Gradit, fidèle parmi les fidèles, revient de plus belle après un petit tour sur le banc pour devenir le capitaine de cette équipe.
Diego Lopez, lui, pilote et dégote quelques pépites d’ici et d’ailleurs. On peut déjà se féliciter de voir des joueurs comme Ojediran, Zaroury ou plus spécifiquement N’Zola, qui, avec son profil de char d’assaut, peut facilement nous faire oublier notre attaque de la saison précédente. Les recrues hivernales, Matthew Ryan, Goduine Koyalipou ou encore le tout dernier arrivé Jeremy Agbonifo semblent montrer un potentiel tout à fait intéressant. Il est encore difficile d’avoir un jugement sur le jeune Juma Bah, fraîchement arrivé de la Liga où il était titulaire, ou sur les autres recrues défensives annoncées. Cependant, le recrutement semble réfléchi et offre de belles promesses. On notera également une volonté de prêter les jeunes pousses pour les faire progresser.
Ainsi, avec des secteurs sportifs et stratégiques en reconstruction, annoncés et managés tout en haut par Joseph Oughourlian, le RCL montre un visage positif. Il y a eu des couacs depuis le début de saison, et cette période hivernale fut dans la même mouvance. Pour autant, le cahier des charges est respecté avec des départs de joueurs clés rapportant gros et des arrivées pleines d’avenir. Pour peu que ce Racing fasse preuve de réalisme et de pragmatisme, tout en déjouant la dure loi de l’infortune, tout cela annonce une fin de saison appétissante. La transition dans la continuité.
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