CULTURE SANG & OR

La trêve tombe à pic

Celui qui n’aurait pas vu le match se dirait que tout va bien pour le RC Lens. La victoire sur la pelouse de l’Abbé-Deschamps (1-2) ponctue une bonne série. Oui, mais le contenu a été décevant. Samedi, les Lensois ont connu la victoire… et puis c’est tout.

Rayan Fofana porte ses responsabilités et aussi Abdallah Sima
Photo RC Lens

Il y a peut-être deux circonstances qui pourraient servir d’excuses après cette prestation en demi-teinte à Auxerre. Premièrement, les joueurs de Pierre Sage se présentaient dans l’Yonne après deux matchs éprouvants physiquement et émotionnellement contre Lille et Rennes. Et certains joueurs, notamment la paire de récupérateurs Thomasson et Sangaré, jouent sous Pierre Sage l’intégralité des matchs. Pour le premier cité, la trêve internationale sera l’occasion de recharger les batteries.

La deuxième circonstance est le scénario presque trop simple en marquant rapidement le premier but. Les joueurs sont-ils tombés dans la facilité après l’ouverture du score d’Odsonne Édouard ? Cette équipe a-t-elle moins d’envie lorsqu’il s’agit de jouer un adversaire moins renommé ? Si tel est le cas, c’est assez inquiétant.

Les mots SAGE

L’attitude des joueurs est d’autant plus surprenante que Pierre Sage déclarait avant la rencontre : « Quand on voit l’intensité qui a été mise contre Lille dans le derby et contre Rennes en infériorité numérique, c’est très intéressant mais il faut être capable de réitérer ces performances sur la durée. J’ai demandé aux joueurs que cela devienne notre norme, peu importe l’adversaire qui se dresse à nous ». Effectivement, l’entraîneur lensois avait visé juste. Mais le message n’est peut-être pas arrivé aux joueurs.

En conférence de presse avant Auxerre-Lens
Photo RC Lens

D’ailleurs, après la rencontre il déclarait : « La pire chose qu’on ait faite, c’est d’avoir marqué un but parce qu’on a arrêté de jouer après. La meilleure, c’est d’être passés à dix. C’est bizarre et paradoxal ». Le coach sang et or a le sens de la formule, et le mérite de ne pas se cacher derrière le résultat. Ou de s’en contenter. Le jeu apportera les victoires, il le sait. Et le jeu, précisément, il n’y en a pas eu beaucoup à Auxerre.

Il faut effectivement se rappeler également qu’avant la rencontre de samedi, l’entraineur lensois déclarait qu’il faudrait « être illisible pour surprendre l’adversaire ». D’une certaine manière, le jeu offensif lensois a été illisible de tous. Surtout pour les spectateurs que nous sommes.

Édouard et Sima ont marqué, Sinayoko non

Il y a des matchs où finalement il semble y avoir peu d’enseignements à tirer. Lens sait gagner à dix en étant réaliste offensivement. Lens sait gagner moche. Lens sait (encore une fois) procurer des émotions avec une victoire acquise après les cinq minutes d’arrêt de jeu accordées.

Et enfin, les deux recrues offensives, Édouard et Sima, ont marqué leur premier but sous leurs nouvelles couleurs. Ils avaient tous les deux débarqué dans l’Artois lors des dernières heures du mercato… précisément après l’échec du dossier Lassine Sinayoko. Le karma pour les Auxerrois. En face, Sinayoko, a été transparent.

Pour le reste, notamment concernant les questions de l’animation offensive, ce n’est pas le match dans l’Yonne qui donnera des réponses aux supporters.

L’expulsion

Une dernière question tout de même après l’expulsion du jeune Ismaëlo Ganiou : quelle est l’utilité, enfin, d’avoir quatre attaquants sur le banc (Sima, Guilavogui, Fofana et Sotoca) pour trois postes ? N’aurait-il pas été judicieux d’avoir un défenseur central comme Kyllian Antonio pour remplacer un Ismaëlo Ganiou sur le fil ? Le jeune produit de la Gaillette aurait déjà pu être expulsé plus tôt après avoir ceinturé Sékou Mara.

À ce sujet, l’entraîneur qu’on ne se lasse pas d’écouter dira : « Je me suis posé la question de le remplacer plus tôt, mais cela aurait obligé trois joueurs à changer de poste. Ce n’était pas le bon moment pour déstabiliser l’équipe. Pourtant, je sentais le vent tourner, car il avait déjà été à la limite à deux reprises. Son exclusion est malheureusement logique. Il s’en souviendra pour son premier match en Ligue 1 ». Dont acte. Finalement ses coéquipiers ont gagné, lui permettant de ne pas trop ruminer.

Ainsi nos joueurs entament-ils la trêve internationale l’esprit serein. Le bilan comptable est très bon, l’identité du groupe s’affirme semaine après semaine. Certains pourront retrouver du rythme, d’autres souffler. Et peut-être les Lensois auront-ils plus de fraîcheur pour défier, après un mois sans match devant son public, le Paris FC.

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