Un recrutement qui a surgi de nul part. Aussi surprenant qu’anticipé. Déjà suivi par le RC Lens lorsque Florent Ghisolfi officiait en tant que directeur sportif, Hervé Koffi rejoint l’Artois. Présentation d’un revanchard.
Photo Le Soir
Originaire de Bobo-Dioulasso, capitale économique et deuxième ville du Burkina Faso, et fils d’un gardien de but international, Hervé Kouakou Koffi est rapidement identifié comme l’un des grands espoirs du football africain à son poste. Formé au Rahimo FC, il signe d’abord au Racing Club Bobo, institution phare de la ville mais aussi du football burkinabè. Il quitte ensuite son pays pour rejoindre l’ASEC Mimosas, club ivoirien par lequel sont passés d’anciens Lensois comme Aruna Dindane ou Bonaventure Kalou – avec lequel il dispute notamment la Ligue des Champions d’Afrique.
Le grand saut vers l’Europe s’opère à l’été 2017, lorsque Hervé signe chez notre voisin rival. On lui présente une projection des plus alléchantes : être la doublure de Mike Maignan pour s’acclimater le mieux possible au football européen avant d’être propulsé numéro 1. Après deux saisons et seulement six petits matchs, Hervé Koffi est finalement prêté à Belenenses, club de la charmante ville de Belém en banlieue de Lisbonne, puis au Royal Excel Mouscron, alors satellite du LOSC.
Mais lorsque Mike Maignan s’envole pour Milan, Koffi reste à quai et est transféré au SC Charleroi. Peu après son arrivée en Wallonie, le portier burkinabé revient sur cet épisode dans la presse belge, non sans une certaine aigreur envers le club flamand : « Il faut savoir qu’avant que je parte à Mouscron, il était convenu avec Luis Campos et Gérard Lopez qu’à la fin de mon prêt, s’il était convaincant et que Mike Maignan partait comme prévu, je revenais à Lille comme numéro 1. »
Une recrue plus « profil » que « statut »
À Charleroi, Hervé Koffi fait rapidement l’unanimité. Sa capacité à être décisif sur sa ligne et souverain dans les airs le rend spectaculaire. « Son point fort numéro 1, c’est son niveau sur sa ligne. Il est excellent sur les frappes adverses. Ses statistiques sont excellentes depuis 3-4 saisons. Il a d’excellents réflexes, fait des horizontales main opposée et est très fort sur les penalties », nous explique Ben de la plateforme Data’Scout.
Et concernant le jeu au pied qui fait briller Brice Samba depuis deux saisons au Racing ? «Là, par contre, c’est plus mitigé. Il a de vraies qualités de vision de jeu et une forte personnalité pour relancer court sous pression en s’intégrant comme 11e joueur de champ pour casser les pressings. Il n’hésite pas à sortir loin de son but. »
Titulaire à 96 reprises avec le maillot carolo, il présente un bilan de 29 clean sheets, soit environ un match sur trois. «La nuance concernant Koffi vient de la réalisation de ses intentions. Il n’est pas rare qu’il se rate à la relance, qu’il balance un peu n’importe comment ou qu’il se fasse déposséder du ballon. C’est un gardien qui prend des risques qui coûtent parfois des buts à son équipe », poursuit Ben.
Diagramme @datascout_
Sacha Tavolieri corrobore : « Il est capable du meilleur comme du pire. D’un match à l’autre, il peut être le héros puis le bourreau de son équipe. Il a un éminent besoin de confiance afin de grandir. À Lens, il devra se canaliser pour se concentrer sur la plus forte de ses qualités : l’explosivité sur sa ligne de but. » Concernant la personnalité du bonhomme, Sacha est sans équivoque : «Hervé est un garçon brillant doublé d’une personne extrêmement ouverte. J’ai eu l’occasion de faire plusieurs shows avec lui parmi les émissions que je produis en Belgique et j’en garde un souvenir merveilleux. »
Concernant le potentiel de développement, là encore, on croit comprendre que le portier des Étalons n’a pas encore atteint son prime. « Je n’ai aucun doute sur le fait que titulariser Hervé dans un match de Ligue 1 n’aura rien d’infamant. Il a les qualités mais aussi un potentiel de développement assez dingue. » Une recrue « profil » plutôt que «statut » dont la trajectoire ressemble à celle de Brice Samba, taulier de l’arrière garde Sang et Or depuis deux saisons. « Leur carrière et leur profil se ressemblent. Koffi est une valeur sûre du championnat belge, où il a joué plus de 100 matchs. Il revient en L1 après s’être développé à l’étranger, comme Brice Samba », conclut Ben.
Hervé Koffi vient donc renforcer le « pôle gardien », selon la formule utilisée par Franck Haise lors de la conférence de presse du 18 avril 2024. « Ce qui est sûr, c’est que c’est un bon gardien. Cela fait quatre ans qu’on le suit. » Jean-Louis Leca étant désormais retraité, il ne reste plus qu’à savoir si le statut de Koffi sera celui de doublure de luxe ou de titulaire en puissance.