Alors que sans génie mais avec sérieux, le RC Lens a préservé l’essentiel, un clean sheet et un huitième point glané en quatre journées, pour une quatrième place qui permet de se projeter, parlons des équilibres.
La pente s’élève, et le Racing ralentit le rythme. Après un nul aussi frustrant qu’encourageant à Monaco, les hommes de Will Still sont cette fois tombés sur un os de lion. Le tigre des sables aperçu sur le Rocher a eu toutes les peines à rugir dans son antre, et le spectateur neutre s’est certainement ennuyé devant une deuxième période dont le dénouement semblait à peu près cousu de fil blanc. Néanmoins, il n’est pas nécessaire de forcer son optimisme pour isoler des pistes de réflexion à dimension positive. Tout d’abord, le RC Lens a déjà signé son troisième clean sheet de la saison. L’assise défensive est en GoreTex, Kodir Khusanov s’affirme en candidat au patronat de l’arrière-garde, et l’intensité mise dans les duels, ingrédient de base à la recette de tout Racing qui marche, a bel et bien été ajoutée dans la cocotte.
Au milieu de terrain, on assiste à la renaissance de deux joueurs ayant récemment traversé un désert footballistique. Adrien Thomasson d’abord, cible expiatoire du supporter frustré, a retrouvé de sa superbe dans un rôle de pivot défensif, proposant à l’entrejeu lensois un combiné intéressant de volume de jeu et d’intelligence collective. À ses côtés, Andy Diouf s’affirme comme le parfait binôme, incarnant le transitionnalisme et le punch qui firent la force du RC Lens entre 2020 et 2023. Le Franco-Sénégalais revit, et si ses prestations sont encore à parfaire, les progrès sont indéniables, comme l’a fait remarquer son coach. L’impact est plus intelligemment mis au service d’une technique dont on n’a aperçu que les prémices. C’est un parti pris que l’on se permet rarement, mais nous allons aussi vivre cette saison pour assister à l’explosion de ce talent pur.
Le bât qui blesse, pour le moment, est indéniablement le secteur offensif, et plus particulièrement la finition. Pour compléter une solidité défensive indéniable, celle de la meilleure défense du championnat (avec Monaco), l’équilibre n’est pas encore trouvé avec la première ligne. Le RC Lens, en restant muet face à l’OL, a d’ailleurs cassé une série de 19 matchs de L1 avec un but inscrit. En quatre journées, les Sang et Or n’ont marqué que quatre petits buts. Si lors des trois premières journées, les Artésiens étaient situés au deuxième rang national en termes d’occasions créés, le complexe de la feuille blanche a bien plus frappé les esprits qu’il n’a réussi à mettre en danger les Rhodaniens.
Mais est-ce réellement une surprise ? Les renforts sur le front de l’attaque sont arrivés tardivement, et ne dit-on pas que l’efficacité offensive est l’objectif du football le plus difficile à atteindre ? Difficile de tirer de grandes conclusions à la mi-septembre, bien que l’observation soit tout à fait pertinente. En fait, le sentiment de ronronnement ne doit pas devenir mutisme, et les apports d’Anass Zaroury et Martin Satriano, en attendant que Mbala Nzola se soit refait la cerise, doivent accompagner Wesley Saïd, Florian Sotoca et Rémy Labeau-Lascary dans un secteur qui devra élever son niveau pour permettre au club d’espérer s’inscrire dans la course à l’Europe.
Les retours de Neil El Aynaoui et Kevin Danso, l’émergence de Hamzat Ojediran ainsi que la générosité parfois naïve de Rémy Labeau-Lascary offrent à Will Still un arsenal que peu d’entraîneurs lensois ont eu à leur disposition. Au staff de trouver la clef pour débrider l’attaque, tout en maintenant la solidité de l’édifice. L’autre difficulté, et peut-être la vraie zone d’ombre au tableau, continue d’être ce volume de joueurs sous contrat, objectivement inadapté au calendrier du Racing. La gestion des temps de jeu, et l’incapacité d’offrir à des joueurs qui, à un moment donné, auront besoin d’enchaîner, pourrait finir par être problématique. Des joueurs frustrés par leur temps de jeu, il y en a dans tous les vestiaires. L’objectif sera d’en limiter le nombre.