CULTURE SANG & OR

Comme d’habitude

Le RC Lens avait l’occasion de s’insérer dans le top 5 et il a échoué face à mieux classé, comme d’habitude. À chaud, on peut céder à la culture de l’instant et dire que l’équipe n’a pas les moyens de bousculer ses rivaux les mieux armés, comme d’habitude. Mais si on nuançait un peu ?

Photo RC Lens
Ce qui ne va pas

Les Artésiens ont réalisé une prestation insipide samedi à Nice. Les erreurs individuelles ont été nombreuses et ont mis en exergue une inquiétante fébrilité défensive. Face à une équipe niçoise fringante, les hommes de Will Still se sont fait transpercer bien trop facilement. Si l’arrière-garde s’est montrée empruntée, le milieu de terrain n’est pas exempt de tous reproches non plus. Le trio formé par Adrien Thomasson, Neil El Aynaoui et Andy Diouf a été mangé par ses adversaires.

Les deux premiers nommés sont coupables de grossières erreurs sur le penalty concédé. Tandis que le dernier a réalisé de belles percées, avec notamment une chevauchée fantastique en seconde période… qui s’est malheureusement par une frappe juste à côté des buts. L’ex-Rennais a montré de belles qualités dans le jeu, mais manqué de justesse dans les 30 derniers mètres, comme d’habitude.

En parlant de manque de justesse, sur ses six frappes en première période, Lens n’en avait cadré aucune. Complètement dépassés par l’équipe de Franck Haise, les Lensois n’ont pas su exploiter quelques cadeaux offerts par les Aiglons pour revenir au score. Et comme si cela ne suffisait pas, Facundo Medina s’est fait expulser à l’heure de jeu, obligeant ses coéquipiers à un exploit en infériorité numérique, presque comme d’habitude. Lens n’a donc pas pris de points face à une équipe mieux classée. Ce qui a changé en revanche, et en mal, c’est le sentiment de nette infériorité face à un mieux classé. Même s’il a eu l’opportunité de revenir, particulièrement en début de seconde période, ce Racing a semblé nettement moins fort que l’OGC Nice.

éléments de nuance

Il faut reconnaître la qualité des Azuréens, qui devaient se racheter après des déconvenues. Franck Haise a su mettre en place un dispositif qui a complètement dominé celui de Will Still. Il est aussi doté d’un groupe intrinsèquement plus talentueux que celui de l’Anglo-Belge. N’oublions pas que Nice est invaincu à domicile cette saison. Rien de scandaleux à perdre à l’Allianz Riviera, si ce n’est la manière, ce sentiment d’avoir déposé les armes très vite.

Il est aussi difficile d’occulter le contexte qui ne facilite pas la tâche des joueurs. Przemysław Frankowski, probablement le meilleur Lensois de ces dernières semaines, n’a pas fait le déplacement. Will Still a déclaré après le match qu’il « n’était pas en état de jouer. » En effet, les agents du Polonais auraient trouvé un accord avec Galatasaray, et le piston avait l’esprit occupé par les négociations en cours. Problème : Ruben Aguilar est blessé et Tom Pouilly est encore jeune. C’est donc le couteau suisse Florian Sotoca qui occupait le couloir droit au coup d’envoi. Mais piston n’est pas son poste de prédilection, et le Narbonnais n’est pas non plus cette année dans la forme de sa vie. Il a donc souffert de la comparaison avec le numéro 29, d’autant qu’il était opposé au très bon Melvin Bard.

Photo CSO

Dans ce mercato encore plus interminable qu’attendu, l’épisode des gardiens a connu un soubresaut. Matt Ryan, le numéro 1, était aussi absent de dernière minute (blessure à la hanche). C’est donc Hervé Koffi, après avoir cru un temps récupérer ce statut de premier gardien, qui l’a remplacé au pied levé. S’il a réalisé de belles parades, le climat autour de l’international burkinabé ne l’a pas aidé à rassurer une défense qui aurait eu bien besoin de l’être.

En fait ça va, non ?

Lens a donc repris l’avion bredouille, après un non-match. Trop de duels perdus, de flottement entre les lignes, d’hésitations dans la surface. Ce sont des choses qui arrivent chaque année, même lors des saisons les plus flamboyantes. À titre de comparaison, le voisin a perdu deux heures plus tard à domicile face à la lanterne rouge. Devant la presse, Will Still a annoncé que Lens allait conserver son piston polonais. Problème réglé jusqu’en mai ? Espérons-le. Avant Nice, Lens restait sur deux victoires d’affilée face à des mal classés, avec un Frankowski dans sa meilleure forme. Le club continue d’engranger des points contre les faibles et de caler contre les gros. À l’image de sa première partie de championnat qu’il avait terminé à la 7e place… comme d’habitude.

Photo CSO

Au vu de cette piètre performance, où l’on n’a pas senti de leader capable de sonner la révolte, tandis que le bouillant coach était relégué dans les tribunes pour cause de suspension, on ne peut occulter le fait que Lens a perdu d’excellents joueurs lors de ce mercato. Dont certains de ses meneurs. Mais on peut aussi observer que Neil El Aynaoui semble enfin débarrassé de ses blessures, et que Lens a ajouté deux nouvelles cartouches à sa ligne offensive, qui connaîtront plus de réussite d’autres soirs.

Le but annoncé en début de saison, une place dans le top 7, est-il adapté ? Quel jugement portera-t-on sur une saison où les objectifs financiers et sportifs seraient atteints, mais où le club a dû se séparer de ses internationaux les plus cotés sur le marché ? Les jugements globaux sur le travail de la direction et ce RC Lens version 2024-25 ne seront pertinents qu’à la fin du championnat. Comme d’habitude.

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