CULTURE SANG & OR

Édito

Un destin européen qui s’échappe

À Rennes, le RC Lens est allé gratter un point au terme d’une rencontre où le courage s’est confondu avec le réalisme. C’était le minimum syndical pour pouvoir espérer encore décrocher l’Europe d’ici dimanche prochain. Mais cela pourrait ne plus être suffisant.  Photo Ouest France Après un début de saison catastrophique et une série d’invincibilité étendue de la J6 à la lourde défaite à domicile face à l’OGC Nice qui rappelait le faste de la saison dernière, le RC Lens est quelque peu rentré dans le rang. Le rythme a baissé, conséquence d’un probable coup de pompe généralisé, les rencontres s’accompagnant presque systématiquement d’erreurs individuelles punies par les adversaires. De Samba à Wahi, de Medina à Mendy en passant par Haïdara, tout le monde y est passé. La solidité du collectif s’est alors retrouvée mise à l’épreuve, et le décrochage au classement s’est opéré. À la veille de la dernière journée de Ligue 1, le RC Lens peut s’enorgueillir d’avoir encore quelque chose à jouer dans la partie haute du classement. Une habitude depuis le retour du club artésien dans l’élite qu’il faut prendre en compte au moment de dresser un bilan presque final. Les montagnes russes de la saison font que tous les sentiments sont présents dans nos têtes ; entre le soupir de soulagement après la sécheresse aoûtienne et l’inquiétude d’une potentielle absence de qualification européenne qui amènerait un goût de gâchis, tant la tendance semblait avoir été inversée. À date, selon Opta, le RC Lens a autour de 89% de chance de disputer une compétition européenne en cas de victoire contre Montpellier le weekend prochain. Cette probabilité pourrait fortement augmenter en cas de défaite marseillaise à Reims mercredi soir. Une place en Europa League ou en Conférence viendrait évidemment récompenser une des saisons les plus éprouvantes que le RC Lens ait connu depuis une éternité. Et récompenser un groupe qui, au-delà de ses imperfections et d’une sensation palpable de fin de cycle, n’a jamais triché. Il faudra faire le job face à Montpellier pour avoir le moins de regrets possible. Parce que le destin européen des Sang et Or se trouve désormais sous d’autres pieds.

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L’union fait la force

En s’imposant 2-0 face à Lorient, bête blessée qui n’aura finalement pas piégé les Sang et Or, le RC Lens a engrangé une victoire qui fait du bien au classement comme dans les têtes, et qui apaise l’ambiance quelque peu tendue de ces derniers temps. Tout le monde serait bien inspiré de maintenir cette communion jusqu’à la dernière minute de la saison. Lucidité Le premier ingrédient notable de la semaine dernière, c’est la lucidité. D’abord dans les mentalités. Franck Haise en témoigne lors de la conférence de presse tenue la veille du match : « On est bien conscients qu’il nous manque de l’efficacité offensive, défensive, ou une certaine justesse. » Jonathan Gradit reconnaît lui aussi que l’équipe a « manqué de certaines choses lors de certains matchs » et que tout n’a pas été parfait. Le lendemain, les Artésiens ont su montrer sur le terrain que cette lucidité n’était pas feinte. Après avoir beaucoup tenté, en vain, ils ont su profiter d’un moment de flottement de la défense des Merlus. Le but d’Elye Wahi inscrit à la 57e minute a été salutaire, sans doute autant pour le club que pour le joueur après les critiques virulentes qu’il a dû essuyer. Il se trouve que ce onzième but avec le Racing est aussi son quarantième en Ligue 1. Seuls Karim Benzema et Kylian Mbappé se sont montrés plus précoces que lui. Pour le célébrer, le jeune attaquant a brandi son maillot comme un étendard : il va falloir compter sur lui jusqu’au bout, quoi qu’en disent les mécontents. Un geste qui rappelle celui de Loïs Openda la saison passée, lui aussi décisif après un moment de doute. Cette lucidité s’est également vue chez ses camarades. Comme pour faire écho au superbe démarrage de l’année 2024, David Pereira Da Costa imite son acolyte une vingtaine de minutes plus tard, lui qui n’avait plus marqué depuis février. Notons également la belle inspiration de Nampalys Mendy et d’Adrien Thomasson, deux joueurs souffrant souvent – comme la plupart de l’effectif – d’un certain manque d’éclat cette saison, mais auteurs d’une passe décisive chacun lors de ce match. Communion S’il est un autre ingrédient dont les Sang et Or sont censés avoir le secret, c’est cette communion entre les joueurs et les supporters. En conférence de presse, Jonathan Gradit a su en souligner l’importance : « Je me rappelle du match contre Arsenal à domicile. Avec des supporters différents, nous n’aurions peut-être pas remporté ce match. » Sur la question de l’exigence de ces mêmes supporters, tout du moins une partie d’entre eux, il déclare : « Oui, il y a des réactions peut‑être disproportionnées par moment, mais […] on a besoin d’eux pour décrocher quelque chose de fantastique. » Nous retiendrons surtout de sa prise de parole cette dernière phrase, qui résume tout : « Il faut arriver à tous tirer dans le même sens. » Tirer dans le même sens, et initier une réciprocité dans cette volonté d’être unis, c’est ce que les joueurs ont eu l’intelligence de faire ce vendredi. À Bollaert-Delelis, les hommes de Franck Haise n’ont cette fois pas rechigné à célébrer leur victoire avec les supporters. Si cette célébration arrive un peu tard dans la saison, voyons tout de même le verre à moitié plein : elle a fait du bien au moral. Sur le terrain comme en tribunes. Ces ingrédients-ci seront-ils suffisants pour une fin du championnat réussie ? Le RC Lens doit encore affronter Rennes et Montpellier avant de clore une saison plus que mouvementée. On ne pourra hélas plus compter sur Neil El Aynaoui, ni sur Kevin Danso, dont le centième match sous les couleurs Sang et Or pourrait bien avoir été le dernier. Espérons que les joueurs restants et l’ensemble du staff lensois sauront s’inspirer de cette rencontre de vendredi, où tous ont mis du cœur à l’ouvrage, à l’entame du sprint final.

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Désespérance

Depuis son retour en L1, jamais le RC Lens n’avait été aussi peu bousculé au Vélodrome. Mais les deux énormes fautes individuelles ont irrémédiablement alourdi une facture que l’on ne peut s’habituer à recevoir tous les lundis. Photo Sport.fr Pour la troisième fois de suite, un match du RC Lens a connu un temps très fort dès la première minute. À Metz, les hommes de Franck Haise avaient concédé une énorme occasion. Contre Clermont, ils avaient obtenu un pénalty. Au 3 boulevard Michelet, ce fut un but. Il n’est pas nécessaire de rappeler que démarrer une rencontre au Vélodrome avec un handicap au score reste très rarement sans conséquence. Surtout dans une fin de saison où la tension est à son paroxysme. Face à un OM que l’on savait épuisé par son calendrier dantesque, la patience ainsi que le contrôle étaient les aspects clés à maîtriser, de bout en bout.  Immédiatement après l’ouverture du score – dès la deuxième minute donc – la réaction se fait ressentir. Ça va d’un but à l’autre, sans cohérence aucune. Les deux blocs défensifs sont aussi perméables qu’une maison sans toiture. Angelo Fulgini et Elye Wahi manquent tour à tour la cible, devant des buts plus ou moins vidés de présence humaine. La déficience dans la surface de vérité offensive n’est en fait que le corollaire de la fébrilité montrée dans la zone défensive. Le scénario s’écrit en gros sous nos yeux. ÇA PUE. Massadio Haidara, qui gagnerait à muscler son jeu, semble ailleurs. Pris par Aubameyang sur l’ouverture du score, il récidive dans la largesse de son marquage et laisse échapper le Franco-Gabonais pour un face-à-face qui aurait pu envoyer les Sang et Or dans les profondeurs des abysses. Nous jouons la 11e minute. Mais fort heureusement, cette période de houra football se calme rapidement.  Le RC Lens prend alors le match, fort d’une domination aussi nette que stérile. L’OM s’emploie quant à lui à respecter le plan de jeu minimaliste imaginé par Jean-Louis Gasset ; bloc médian, lignes resserrées, Aubameyang. Face au demi-finaliste de l’Europa League, on sent qu’il y a de la place, beaucoup de place. Et c’est peut-être au moment le plus inattendu que finit par surgir la lumière. Massadio Haidara, définitivement l’homme du match, dépose une délicieuse galette sur le crâne finisseur de Wesley Saïd. Le climatiseur des Bouches-du-Rhône a encore frappé et le momentum semble alors définitivement lensois. L’OM est pétri de crampes, Veretout et Murillo sont au bord du rupteur. Il reste un quart d’heure pour sécuriser la zone, et repartir à la maison avec ce point hyper important dans la course à l’Europe. Avant cette énième faute professionnelle.

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Sifflez en travaillant

Sifflez en travaillant,Et le balai paraît léger si vous pouvez siffler,Frotter en fredonnant,Le temps va vite quand la musique vous aide à travailler… Cet adage de Blanche Neige et les sept nains n’a pas eu la même saveur au moment du remplacement d’Elye Wahi samedi soir à Bollaert-Delelis. Cependant, il convient de prendre du recul face à cet évènement. Depuis samedi, les « Bollaert a changé » fusent. Les sifflets sont inhérents à la vie d’un stade de football. Bollaert a déjà sifflé ses joueurs après une victoire lors d’une saison où le Racing jouera le titre. Mais cet épiphénomène est surtout symptomatique d’une tension à tous les étages depuis un mois. Tension sur le terrain, matérialisée par une crise de résultats contre des adversaires pourtant à notre portée – rien de surprenant à voir des jambes qui flageolent lors du dernier geste quand le doute est dans les esprits ; tension dans les coulisses quand la direction sportive semble naviguer à vue depuis le drame Ghisolfi ; et enfin, tension chez les supporters. Ces derniers ont l’impression de ne plus reconnaître leur équipe et reprochent aux joueurs une certaine forme de nonchalance, voire de mépris. Une accumulation de frustrations qui aboutit à des sifflets malgré les trois points. Le meilleur remède pour retrouver la confiance ? Le goût de la victoire. C’est chose faite contre Clermont. Certes, pas de la plus belle des manières, mais l’essentiel est là. Ce succès acquis dans le doute permet au Racing d’avoir les cartes en mains dans ce sprint final. Comme dans la vie, le football est fait d’apprentissages et de leçons qui nous font grandir. Quand on est enfant, on apprend à faire du vélo, on tombe, on se relève, et nos blessures finissent par cicatriser. On apprend aussi à siffler. Au début, on se frustre en n’entendant pas le son attendu. Alors, on réessaie, on se concentre en répétant les conseils de notre père pour bien placer ses lèvres. Puis vient la délivrance, ce bruit strident et aigu. Hasard du calendrier, les Sang et Or se déplacent au temple du sifflet lors de la prochaine rencontre. Chaque supporter lensois espère entendre une bronca tomber des tribunes du Vélodrome : le signe d’une victoire artésienne en terre phocéenne avant un retour dans le Pas-de-Calais le cœur léger. Un retour en sifflotant.

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Grain de sable dans la machine

L’impression laissée par le match de vendredi à tous les supporters lensois est terrible. Les défaites font partie du sport, et les faux pas peuvent arriver. Mais c’est surtout l’attitude des joueurs ces derniers temps qui a du mal à passer. Après l’Espoir Que vaut ce RC Lens millésime 2024 ? En juger avec ce seul Metz-Lens serait cruel. L’année avait commencé sous de bons auspices en Ligue 1, avec, hormis la défaite contre le Paris Saint-Germain, trois victoires d’affilée qui nous ont bien vite fait oublier notre élimination précoce en Coupe de France. Surtout, un grand motif de réjouissance est apparu : la résurrection de David Pereira Da Costa, buteur lors de ces trois victoires en championnat, bien accompagné par un Elye Wahi qui semble enfin avoir trouvé comment passer la vitesse supérieure. Le mois de février s’est achevé plus péniblement avec un passage express en tour préliminaire de Ligue Europa qui nous a laissé un goût amer, un match nul contre Reims et une défaite contre Monaco. Trop de jaune et de rouge sur le calendrier des résultats, plus assez de vert. On a cru que la machine artésienne repartait de bon pied avec six points pris contre rien moins qu’un Olympique Lyonnais en pleine résurgence, et un Stade brestois qui a depuis longtemps pris le large en haut du classement. D’autant plus qu’Elye Wahi et David Pereira Da Costa s’illustraient encore. Si tout n’était bien sûr pas parfait, les rouages semblaient suffisamment bien huilés pour assurer à la locomotive Sang et Or une progression comptable amplement satisfaisante. LE Grain de sable Mais la joie aura été de courte durée. Contre Nice, Lens a décidé de se saborder tout seul en offrant une large victoire aux hommes en rouge et noir, sous le regard d’un Bollaert médusé. Le but d’Elye Wahi à la 76e minute n’aura pas suffi à rattraper les erreurs lensoises. Dans le derby, nos joueurs n’y étaient pas non plus. Une seule équipe avait envie de gagner, et ce n’était pas Lens. Encore une fois, le but d’Elye Wahi à la 78e ne fait pas basculer la rencontre. Les supporters lensois comptaient sur un enchaînement de trois matchs contre des adversaires coincés en bas de tableau pour se relancer : Le Havre, Metz et Clermont. C’est simple, ajoutez à ces noms celui de Lorient et vous avez les quatre clubs les plus bas dans le classement. Alors, l’objectif était clair : prendre les 9 points sans tergiverser avant les deux rencontres cruciales à Marseille et à Rennes. « J’adore quand un plan se déroule sans accroc », se gargarise Hannibal Smith dans L’Agence tous risques. Nous espérions tous pouvoir déjà lâcher cette réplique à l’issue de ce week-end, mais nos joueurs en ont décidé autrement : match nul contre Le Havre, et défaite contre Metz. Soit les mêmes résultats qu’à l’aller. Le RC Lens que l’on voit sur le terrain n’est ni inspiré ni inspirant, et pire encore, il ne semble pas vouloir se donner les moyens d’inverser la tendance. Les changements pour le moins radicaux de Franck Haise au stade Saint-Symphorien n’y auront rien fait. Le mental n’est plus là. Et la question qui nous taraude tous est : pourquoi ? La lumière se serait-elle éteinte lorsque le rideau de la scène européenne s’est refermé sur nous ? Y avait-il tant que cela de nos joueurs qui surperformaient la saison passée, ou bien sont-ils plutôt nombreux à sous-performer cette saison ? Ont-ils déjà la tête ailleurs ? Quelque chose s’est-il cassé dans le vestiaire ? Pourtant, malgré un début de saison dramatique, le Racing a réussi à se hisser à la 6e place du classement. Bien des clubs aimeraient se trouver à cette même place ! L’Europe est encore un objectif réaliste. Et le board artésien, malgré les émois en interne, répond toujours présent : il vient de prolonger l’un de nos joueurs phares, Facundo Medina, première pierre officiellement posée sur le chantier de la saison prochaine. Alors pourquoi baisser les bras ainsi ? Avec un tel contenu ces derniers temps, le souffle chaud de nos concurrents directs se rapproche dangereusement. Il est grand temps de poser le doigt sur ce grain de sable et de le balayer en vitesse, avant que la machine ne s’enraye irrémédiablement. Au charbon !

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C’est grave docteur?

Buts offerts contre Nice, défaite sans contestation dans le derby, nul plus que décevant contre Le Havre. Depuis trois journées, le Racing enchaîne les prestations laborieuses voire inquiétantes. À cela s’ajoutent les discours tantôt mesurés, tantôt fatalistes de Franck Haise, et des psychodrames dans la cellule de recrutement. Alors est-ce grave docteur ? Le coup d’arrêt, c’est un classique dans une saison. Hormis le Paris Saint-Germain, tous les clubs de notre championnat subissent des aléas, avec des moments euphoriques et des passes difficiles. Après un début de saison catastrophique puis une remontée fantastique au classement, nos Sang et Or traversent une zone de turbulences. Plus que l’absence de résultats, ce sont les lacunes dans le fonds de jeu qui interpellent. Les joueurs paraissent souvent empruntés et à la recherche d’un second souffle, sans compter les défaillances individuelles des habituels leaders de l’équipe. On aurait pu croire que la fin de l’aventure européenne et le retour au cycle habituel du championnat national allait redonner du jus. Mais c’est le contraire qui semble se produire. Le scénario cruel de l’élimination à Fribourg a peut-être eu des conséquences plus profondes, avec une certaine forme d’érosion mentale. Toutes proportions gardées et pour faire un parallèle avec un autre sport, on retrouve des similitudes avec le XV de France. Flamboyants et dominateurs avant la défaite face aux Springboks en Coupe du monde, brisés et à la recherche d’une nouvelle flamme dans le Tournoi. Tout le travail de Franck Haise et du staff technique est alors primordial : faire passer le cap aux joueurs. Tâche encore plus difficile car eux aussi naviguent dans un certain brouillard, avec beaucoup d’incertitudes pour savoir comment et par qui sera préparée la saison 2024-2025. Dans notre morosité actuelle, nous avons néanmoins un motif de satisfaction et d’espoir. Si les quatre premiers ont creusé l’écart, la médiocrité de nos autres concurrents pour l’Europe nous permet de conserver cette 6e place. Le soufflé marseillais est retombé aussi vite qu’il a gonflé. Le Stade rennais est toujours aussi inconstant malgré un effectif intrinsèquement supérieur au nôtre. L’OGC Nice ne peut pas compter chaque semaine sur des cadeaux de son adversaire. C’est peut-être l’Olympique lyonnais qui est le plus à craindre, galvanisé par sa qualification pour la finale de la Coupe de France. Néanmoins, le Racing ne pourra plus longtemps compter sur le surplace de ses rivaux. S’il est actuellement à sa place, il doit faire valoir dans ce sprint final son vécu de club européen pour aller chercher des points face à des adversaires à sa portée. Cela avant le déplacement au Vélodrome, fin avril, qui marquera sûrement un tournant. Fin de cycle ? Franck Haise restera, restera pas? Nouvelle direction sportive ? Nouvel actionnaire ? Beaucoup de ces questions trouveront des réponses à la fin de la saison. Mais l’important aujourd’hui est de terminer fort dans cette Ligue 1. Et quelle plus belle ordonnance que de fêter un but rageur à l’extérieur devant un parcage en feu ? Quel meilleur remède qu’une victoire fêtée dans un Bollaert-Delelis plein comme un œuf ? Nos joueurs sont venus à Lens pour cela. Guérir avec la fièvre sang et or.

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Le Racing porte sa croix

La colère. Cela faisait un moment que ce sentiment n’avait pas envahi nos esprits. Une colère froide, même. Née de cette impression que les joueurs n’ont jamais semblé être en mesure d’entrer dans le derby. L’inquiétude. À la vue des événements qui secouent les coulisses. Mais l’espoir. Quand on regarde le classement ce matin. Photo Ouest France Vendredi soir, c’était implacable. La déception était immense. La colère totale. Une nouvelle fois, le RC Lens a manqué son rendez-vous le plus important de sa saison : le Derby du Nord ! Une nouvelle prestation minuscule dans ce choc fratricide, s’apparentant parfois à un match opposant des adolescents flemmards à des vétérans appliqués et conscients de la double importance que revêtait ce choc du football français. Les Lillois étaient largement supérieurs, dégageant l’impression de pouvoir taper encore plus fort sans pour autant être géniaux. Solidité, agressivité et exploitation des défaillances lensoises, en témoigne cette ouverture du score de Zhegrova, que l’on avait tous imaginée au moins une fois la semaine précédant la rencontre. Débordement, crochet extérieur, frappe. Un geste signature qui passe à chaque fois. Un match durant lequel a dominé un sentiment d’impuissance à son paroxysme, fruit d’une réponse trop tardive et désorganisée, alors que les hommes de Franck Haise avaient su mener de féroces batailles face à des adversités nettement supérieures en Ligue des champions. Il est toujours bon de rappeler qu’à Lens, on peut tomber, mais jamais sans les armes à la main. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le samedi n’aura pas aidé à faire redescendre la déception de la veille, ni le sentiment d’énervement. Quelques heures seulement après la chute sur les pavés de Villeneuve d’Ascq, une information fait l’effet d’une bombe. Frédéric Hébert et son adjoint Romain Peyrusqué seraient sur la sellette, et Mike Mode, recruté en toute discrétion dans la semaine par Arnaud Pouille et Joseph Oughourlian pour renforcer l’équipe scouting, referait déjà ses valises. Crise de croissance, ou mal profond ? La raison ? Nul ne tient le fin mot de l’histoire, mais les erreurs de casting semblent se succéder. Les règlements de compte sont-ils en train de refaire leur apparition en Artois ? Le RC Lens donne en tout cas l’impression de naviguer en eaux troubles, alors que le sprint final pour l’Europe tarde à se lancer et que l’incertitude autour du futur de son entraîneur plane, sans occulter la préparation de la prochaine saison. Le supporter lensois peut-il encore se reposer aveuglément sur le sacro-saint alignement cinq étoiles entre la direction générale, sportive et le staff ? Aux dirigeants d’éteindre l’incendie au plus vite. Dans les coulisses, une nouvelle organisation semble néanmoins sur le point d’être validée. Arnaud Pouille en deviendrait le président délégué et Benjamin Parrot le directeur général, le tout sur fond d’une très probable arrivée d’un actionnaire étranger, décrit comme solide, et attendu pour la mi-avril. Les départs de Frédéric Hébert et de son adjoint rejoignent-ils cette volonté — déjà affichée par les dirigeants avec Spierings — de se séparer le plus rapidement possible des éléments qui ne donnent pas satisfaction afin d’en limiter les impacts ? Ou bien le mal est-il plus profond qu’il n’y paraît ? Crise de croissance liée à un changement d’ère, ou crise institutionnelle ? Quoiqu’on puisse en dire, l’image de stabilité associée au Racing Club de Lens depuis son retour en L1 est dégradée, pour ne pas dire abîmée. En dépit de ce chemin de croix pascal, tout n’est pas noir sur le tableau. Le RC Lens n’est pas le seul prétendant à l’Europe qui rencontre des difficultés. Loin de là. L’OGC Nice, qui aurait pu se relancer après le triple cadeau lensois d’avant la trêve, est au bord de l’implosion. Le Stade Rennais patine, et le soufflet marseillais semble retomber après une petite crise euphorisante de quelques semaines. Si le Top 4 se détache, rien n’est encore définitif. Lors des trois prochaines journées, le RC Lens accueillera Le Havre et Clermont, rencontres espacées par un déplacement à Metz. Dans le même temps, Rennes se déplacera à Monaco, et Lille accueillera Marseille. Sportivement, il s’agit donc de repartir vers l’avant en faisant le plein de points avant le déplacement au Vélodrome. Keep calm et gagnons nos trois prochains matchs. Dans un sens comme dans l’autre, tout va toujours très vite dans le football.

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L’insoutenable attente

Nous avons tous déjà ressenti cette sensation. Cette oppression dans la poitrine, le ventre tordu par des crampes, les mains moites, une transpiration plus importante malgré la fraîcheur matinale… Cet état se manifeste pendant l’attente qui précède un moment important. Cela peut-être avant un rendez-vous amoureux. On s’apprête du mieux que l’on peut, on répète nos meilleures phrases d’accroche devant le miroir de la salle de bain et on adopte la meilleure démarche comme la classe d’Aldo Maccione. Ou bien avant un entretien d’embauche pour ce poste tant convoité. On a sorti de notre placard le costume multifonctions qui sert aussi bien pour les mariages que pour les enterrements. On met à jour notre C.V. en appuyant sur notre maîtrise sans faille d’Excel et notre anglais lu, écrit et parlé avec un TOEIC du feu de Dieu ! Pour les Lensois, et aussi (il faut l’admettre) pour les supporters d’un club voisin à 35 km plus au nord, cet état de stress précède le derby. Pendant une semaine, les Sang et Or vont imaginer Florian Sotoca conjurant le sort en prenant Lucas Chevalier à contrepied. Alors que les Lillois rêvent de voir Zhegrova enrhumer Facundo Médina et loger sa frappe en lucarne. D’autres seront plus vindicatifs, montant sur le terril Sainte Henriette pour afficher une banderole en terre voisine ou en remplaçant la direction Lille par Lens sur les panneaux de l’A1. Au fond, ce qui se cache derrière ces chambrages et ces provocations sur les réseaux, c’est le fait que nous attendons des deux côtés ces retrouvailles du derby. Nos vies de supporters seraient sans doute plus fades sans ces moments d’attente et d’appréhension. Car oui, les relations historiques entre Lens et Lille sont intimement liées. Après tout, on a tendance à oublier qu’Edouard Bollaert, administrateur des mines de Lens, est né à Bailleul et fut enterré à Lille. Et son fils, Félix Bollaert, qui a voulu la construction de notre stade, a vu le jour à Lille, conservant un hôtel particulier Boulevard de la Liberté dans cette même ville. Vendredi 29 mars à 21h, cette bulle de stress va exploser dans l’enceinte du stade Pierre Mauroy. Vers 23h, nous serons soit euphoriques, soit abattus. Le lundi, on se chambrera gentiment à la machine à café entre collègues. Puis nous attendrons fébrilement le calendrier de la saison prochaine pour cocher les deux dates du derby. Allez Lens !

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Failles sismiques

Les sols ont tremblé samedi soir en Artois. Et les hommes sont tombés. La déception est à peine diluée dans les médiocres résultats de la concurrence. Le RC Lens a manqué une vraie occasion de breaker. Au-delà du résultat, c’est la manière de saborder soi-même qui frustre. Photo Icon Sport Au RC Lens, on gagne ensemble et on perd ensemble. Et certainement que les premiers à regretter le match de samedi soir, ce sont eux, les joueurs. Ceux qui n’ont pas répondu présent. On pense bien évidemment à Facundo Medina, impeccable depuis le début de la saison, et qui s’est soudainement liquéfié ce samedi soir. On pense aussi à Papy Mendy, passeur presque décisif au profit de son ancien club en début de seconde période. Et enfin, on ne peut oublier la prise de lutte gréco-romaine de Kodir Khusanov dans la surface de réparation, qui permet à l’adversaire du soir, sans génie aucun, de breaker à 3-0.  Le derby dans 10 jours Le score aurait symboliquement dû être de -3 à 0, tant les hommes de Franck Haise ont réussi à se saborder tout seul, à intervalle régulier et avec une certaine homogénéité dans la forme. Failles sismiques. Les stats sont effrayantes : trois grossières erreurs individuelles amenant trois frappes cadrées générant autant de buts. Une déception en rien atténuée par le chef-d’œuvre d’Elye Wahi à l’approche de la 80e minute, qui a eu le mérite de réveiller de minces espoirs, raccrochés aux souvenirs des remontadas vertes de la décennie 2000. Le RC Lens a encore manqué le coche face à cet adversaire qu’on aurait pourtant aimé pousser vers le fond. Un rival relancé comptablement, et il ne nous reste qu’à espérer que cela s’arrêtera là.  Les matchs nuls de Monaco, de Brest et Lille, ainsi que la défaite de l’erratique patient marseillais, ont pour effet un compactage encore plus prononcé de la partie haut du classement. Finalement, le RC Lens peut se dire que dans son malheur, il aurait pu perdre plus gros. Mais la dynamique est stoppée net, comme c’est souvent le cas avec le jeu des séries. Pour autant, il s’agit de garder la raison. Perdre ainsi embête, mais peut également servir d’électrochoc. Avant cette défaite, les Sang et Or présentaient le deuxième bilan de L1 sur la séquence J6-J25. Aux joueurs de se nourrir de cette frustration, alors que Franck Haise devrait récupérer les forces vives de son côté gauche, pour aller reprendre les points donnés samedi soir. Ce sera à Lille, dans une dizaine de jours.

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Respect Club de Lens

Il est 6h en ce froid samedi matin du 10 mars 1906. 1664 mineurs et galibots sont à l’ouvrage à 350 mètres sous terre dans les fosses 2, 3 et 4 des mines de Courrières à Sallaumines, Méricourt et Billy-Montigny. Parmi eux, 1099 ne reverront jamais la lumière du jour, emportés par le grisou, le feu et la mort. Il est 20h40 en ce frais samedi soir du 9 mars 2024. Les rires des enfants se mêlent aux discussions entre amis. L’odeur des frites enveloppe l’air, les premiers chants résonnent dans les travées de Bollaert. Quand tout à coup, le silence se fait. Des visages en noir et blanc apparaissent, des anonymes aujourd’hui disparus, vêtus de tenues blanches, la tête recouverte par une barrette en cuir bouilli. Un bref instant, l’émotion étreint les 38 000 âmes qui peuplent ce temple du football. Puis chacun reprend le cours de sa vie, se replongeant dans cette douce parenthèse qu’est Bollaert. Cet endroit où le temps est suspendu et où les soucis s’effacent. Il est 21h32 quand Ruben Aguilar entame un sprint ravageur vers le kop. Le poing serré en communion avec ses fidèles parmi les fidèles. Un Grenoblois passé par Auxerre et Monaco, qui, revêtu du maillot Sang et Or, joue avec une clavicule cassée et communie comme aurait pu le faire un gars du cru. Un symbole de ce qu’est devenu le Racing Club de Lens sous Franck Haise : souvent brillant, parfois bousculé, mais toujours généreux. À l’image du bassin minier. Il est 9h20 en ce dimanche 10 mars 2024. Un frêle crachin fait frissonner les hommes et les femmes venus dans cette nécropole de Méricourt. Sous leurs pieds, les restes d’hommes sacrifiés reposent, ceux-là mêmes qui sont apparus à Bollaert-Delelis. Parmi la litanie des officiels, passionnés et associations venus déposer une gerbe, un nom se dégage et émerge : le Racing Club de Lens. Au milieu des mélanges de fleurs blanches et aux teintes claires, le rouge et le jaune des fleurs Sang et Or attire le regard. Ainsi que deux mots : Racines et Héritage. Ce week-end du 9 et 10 mars 2024, ce sont bien plus que 3 points qui ont été remportés. Ce sont aussi le respect éternel et les larmes d’un simple supporter pour ce qui est bien plus qu’un club de football.

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