Le sous-marin sang et or a encore frappé. 21 août 2024, début d’après-midi, la nouvelle tombe sur FootMercato. Le RC Lens est en train de conclure le transfert du jeune Anass Zaroury, grand espoir belgo-marocain de 23 ans. Présentation d’un centreur fou.
Malines, ville située à deux dizaines de kilomètres au nord de Bruxelles. Comme dans la majorité des bourgades flamandes, le centre-ville y est charmant. Une place du marché faisant face à la majestueuse cathédrale Saint-Rombaut, des immeubles dont les façades proposent les classiques pignons à gradin, la Dyle coupant harmonieusement la ville en deux. Dans cette même Malines (Mechelen pour les néerlandophones), Anass Zaroury a commencé sa carrière de footballeur. Au sein du Yellow Red KV Mechelen, qui porte fièrement les couleurs rouge et jaune, et vainqueur à la Meinau de la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe 1988, aux dépens de l’Ajax. Le collectif emmené par Michel Prud’homme a laissé de vifs souvenirs là-haut.
C’est dans ce club légendaire, que les jeunes de moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, qu’est footballistiquement né Anass Zaroury. Rapidement, le jeune homme, grand fan de Ronaldinho et du Real Madrid, rejoint le Zulte-Waregem, puis le club de Lommel SK et enfin le RSC Charleroi, qui le cède dans la foulée à son ancien club afin qu’il termine sa post-formation en seconde division belge. Après quoi le club carolo lui ouvrira les portes de son équipe première, permettant au jeune milieu offensif de prendre son envol. Coaché par un certain Edward Still, Anass Zaroury crève l’écran. Pour la RTBF, il déclare d’ailleurs, plein d’aplomb : « Je n’ai pas peur de le dire, je suis assez sûr de moi et de mon potentiel. Ça ne fait pas de moi quelqu’un d’arrogant : je vais toujours rester calme et respectueux avec tout le monde. Mais mes parents m’ont éduqué avec beaucoup de confiance : ils m’ont souvent rappelé… que je n’étais pas un mauvais joueur ! Quoi qu’il arrive, je resterai toujours humble : attraper la grosse tête après un transfert ou un but, ce n’est pas mon genre ! »
Ses prestations en Jupiler League lui valent d’être rapidement repéré et courtisé. Burnley, coaché par Vincent Kompany et qui évolue alors en Championship, jette son dévolu sur lui. Avec le club du Lancashire, le Malinois participe à la remontée en Premier League un an seulement après sa rétrogradation au deuxième échelon du football anglais. Il ne manque que six rencontres durant toute la saison (34 matchs, 6 buts, 6 passes décisives). La saison 2023-2024 n’est pas aussi prolifique, démarrant par un carton rouge reçu dans les arrêts de jeu de la première journée de championnat contre Manchester City. À son retour de suspension, le jeune Marocain peine à trouver sa place dans le onze des Clarets. Il sera finalement prêté en janvier 2024 au club de Hull City, en Championship, où il se relance plutôt efficacement (12 matchs, 2 buts).
Un Centreur fou
Convoité par la sélection belge, Anass Zaroury opte pour le Maroc, avec lequel il a l’opportunité de disputer la Coupe du Monde au Qatar. Il est le remplaçant à la dernière minute du Marseillais Amine Harit, blessé. Après avoir fréquenté les sélections U17, U19 et Espoirs belges, il intègre le groupe de Walid Regragui en novembre 2022, et dispute ses premières minutes avec les Lions de l’Atlas lors d’un match de préparation contre la Géorgie. Durant la Coupe du Monde, il est cantonné au banc, et ne joue qu’une petite demi-heure lors du match pour la troisième place, perdu contre la Croatie. Depuis, il est apparu deux fois sous les couleurs de la sélection marocaine, lors d’un amical contre le Pérou, et d’un match de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations contre l’Afrique du Sud en juin 2023, débuté pour la première fois dans la peau d’un titulaire.
Yassine, alias @WAYZ sur le réseau X, est un observateur assidu du football marocain. Il nous présente le profil de Zaroury plus en détail. « Anass est un ailier gauche pouvant également évoluer comme milieu offensif, et qui a un style de jeu impressionnant. Il allie contrôle du ballon, accélérations, dribbles et grosse qualité de centre ». Audacieux et habile avec le ballon, Zaroury sera-t-il le percuteur et dribbleur qui faisait tant défaut à l’attaque du RC Lens la saison dernière ? Peut-être, mais pas seulement : « Il est aussi solide dans les duels et généreux dans les replis défensifs ». Avec des défauts dus à sa jeunesse, évidemment. « Comme le sont malheureusement la plupart des ailiers marocains, c’est un joueur provocateur, qui sait se créer des occasions par lui-même, mais qui peut vendanger des situations dangereuses ou n’arrive pas à concrétiser par manque de finition ». Ses marges de progression : « Il est connu pour sa grande qualité de centre, mais il doit faire mieux dans son jeu de passes, et réduire son déchet technique et ses sautes de concentration ». Son arrivée au RC Lens peut-elle lui permettre de définitivement lancer sa carrière au plus haut niveau, à l’instar d’un Martin Satriano qui a beaucoup à prouver ? « Absolument », d’après Yassine. « Avec plus de régularité dans ses performances, il peut réellement devenir un joueur majeur du championnat de France ».