CULTURE SANG & OR

Alors, on se le dit ou pas ?

Lens a vaincu le leader marseillais (2-1) et ainsi validé sa quatrième victoire d’affilée à Bollaert, avec une défense de fer et en étant devenu redoutable sur coups de pieds arrêtés. Le Racing est sur le podium de Ligue 1 avec une marge de progression évidente. Alors, on se le dit ou pas ?

Photo RC Lens
le RC Lens peut viser le top 5

Si on recoupe les paroles des différents acteurs du groupe professionnel, l’objectif de finir européen à la fin de la saison est assumé. Mais on observe que ce discours est toujours teinté d’humilité. Après la victoire de samedi, Pierre Sage affirme ainsi clairement au micro du Club 1906 que l’objectif est de « retrouver les places européennes. » Avant de développer ensuite : « Obtenons d’abord les 35 points nécessaires au maintien avant de viser l’Europe. » L’humilité teintée d’ambition, ou l’ambition teintée d’humilité, ça marche dans les deux sens.

Et ce discours, partagé à tous les étages du club, est parfait. Il correspond bien à ce qu’est le RC Lens et a la réalité de notre club dans cette Ligue 1 déchirée par une crise économique d’un côté et dopée par des clubs aussi riches qu’immoraux de l’autre. Il fait aussi écho à la position moyenne occupée par le Racing depuis la remontée. Nous supporters, ne sommes pas tenus de faire preuve d’humilité. Qu’est-ce qui nous empêche donc aujourd’hui de nous enflammer et dire que le RC Lens, avec cette qualité de jeu, peut viser le top 5 ?

les coups du sort, moteurs du pessimisme

Le premier élément serait la superstition. La même qui me fait rugir lorsque les commentateurs annoncent que Lens est deuxième de Ligue 1 alors que le match n’est pas terminé et que l’adversaire pousse. Mais peut-on considérer la superstition avec sérieux ? Le parti pris de cet édito vous livre notre réponse.

Le second point, inhérent au football, au sport de haut niveau ou tout simplement à la vie : les coups du sort. Avec en premier lieu la blessure de joueurs-clés. L’équipe de Pierre Sage ne roulerait sûrement pas aussi bien si elle venait à perdre certains éléments qui subliment le collectif. D’autant plus que le coach, qui maintient le même onze à un poste près, dispose d’un effectif restreint, dicté par un budget serré mais aussi une stratégie club assumée.

Ce qui nous mène au dernier élément, cette-fois plus tangible, de la puissance financière. Sur la ligne de départ de cette saison, Lens présente, selon L’Équipe, le dixième budget de Ligue 1, à égalité avec Lorient. Il est important de nuancer ces chiffres en mentionnant qu’il s’agit pour certains clubs d’estimations et que la masse salariale n’est pas toujours tout à fait en accord avec le budget global. Mais cela donne toutefois une idée des moyens à disposition des dirigeants au moment de construire leur effectif.

Ceci étant dit, les neuf clubs plus riches que Lens ont-ils de meilleures équipes ?

Au cas où vous n’auriez pas cliqués sur le lien plus haut, nous allons vous les citer par ordre de dépenses estimées. Paris SG, Marseille, Monaco, Paris FC, Nice, Lille, Lyon, Rennes, Strasbourg. Les nouveaux riches du PFC et les anciens nouveaux riches de Nice proposent des copies qui se rapprochent plus du championnat dans lequel évolue Lorient que Lens. Rennes est aussi riche qu’incohérent. Les autres équipes citées ont plus de moyens, plus de joueurs, achetés et payés plus cher, mais aussi un calendrier bien plus chargé que Lens dans les journées à venir. Et peut-être, pour certains, une identité collective moins marquée.

la marge de progression, plus grand facteur d’optimisme

Revenons à ce qui nous intéresse le plus, le RC Lens. Les débuts du trio Gradit-Baidoo-Sarr perpétuent la tradition de la défense en béton armée artésienne. Les pistons Ruben Aguilar et Mathieu Udol se distinguent par leur activité et sont doublés par les dragsters Saud Abdulhamid et Deiver Machado. La doublette du milieu de terrain impressionne. Tandis qu’Odsonne Édouard vient d’enchaîner son troisième but en trois matchs. On oublie quelque chose ? Ah oui pardon, Florian Thauvin est un joueur du RC Lens.

Photo RC Lens

À ce sujet, on pouvait craindre la « Thauvin dépendance ». Les victoires à Auxerre et contre le PFC ont démontré que Lens pouvait gagner sans un grand Flotov. Plus surprenant, les Sang et Or sont devenus redoutables sur coups de pieds arrêtés. Parmi les équipes évoluant dans le top 5 européen, Lens est l’équipe qui a marqué le plus de buts sur corner (six) après Arsenal (sept) !

Le contenu de la victoire face à un OM en pleine bourre a aussi témoigné d’un autre motif d’espoir : la marge de progression de ce groupe. Pierre Sage n’a pas manqué de mentionner que son équipe était en train de s’améliorer, notamment dans la maîtrise des matchs. Lens n’est pas toujours flamboyant, parfois dominé, mais prend des points. L’animation offensive et plus globalement le jeu de position sont en chantier. Car cette équipe vient tout juste de naître.

Aussi, des joueurs clés comme Odsonne Edouard ou même Florian Thauvin ne sont pas encore à 100%. Sans oublier la jeunesse de certains joueurs de l’effectif, qui induit une marge de progression évidente sous la houlette d’un coach qui connaît bien les aléas de la formation. En plus d’un bilan comptable plus que satisfaisant, ce RC Lens 2025/26 a retrouvé une identité et une solidarité, celle qui lui ont permis de soulever des montagnes par le passé. Au diable donc la superstition et les discours de façade. Ce RC Lens vise le top 5.

Vous souhaitez partager l'article ?
Retour en haut