Le samedi 3 juin dans un Bollaert-Delelis incandescent s’achevait la saison du Racing Club de Lens. On a rangé nos maillots, nos écharpes, nos drapeaux, tous ces oriflammes qui nous accompagnent dans notre temple. Mais avant tout, on a rangé nos habitudes, ces petits moments routiniers des jours de matchs. Ces moments que l’on reproduit chaque quinzaine et qui font partie, comme le décrit Philippe Delerm, « des petits plaisirs minuscules ».
Alors, en ce mercredi 2 août, ce ne sera peut-être qu’un match amical, mais comme pour tout passionné, c’est un petit peu le début de la renaissance. Comme un animal sortant de son hibernation et qui recommence à écarquiller les yeux. Tel Zizou dans la célèbre pub selon lequel « c’est toujours les mêmes gestes », je vais recommencer mon petit rituel. Je vais ouvrir le tiroir de la commode de ma chambre, le fameux tiroir des jours de match. Enfiler le maillot usé qui rétrécit année après année (non la quarantaine approchant ne fait pas grossir). Nouer l’écharpe autour de mon cou avec la lampe de mineur bien visible.
Je vais prendre la route de Lens, toujours à la même heure pour éviter les bouchons, me garer à la même place depuis bientôt trente ans. Cette place où l’on se garait avec mon père quand nous étions abonnés à la fin des années 90.
Aller à la même friterie, manger mon pain-frites avec une petite mousse en essayant bien sûr d’être assis à la place habituelle. Prendre la direction du stade, rentrer dans sa tribune en avance, me chauffer les mains et la voix pendant l’échauffement. Discuter avec les têtes connues des vacances (un peu), du mercato et de notre saint Franck Haise (beaucoup). Rester debout dans les escaliers, chanter, sauter, embrasser et prendre dans mes bras de parfaits inconnus au moment des buts. Encourager nos joueurs, puis les trouver nuls et dire que ce sont des « chèvres », puis les encenser et les applaudir. Au coup de sifflet final, danser au rythme des musiciens dans les coursives.
Retourner boire une bière et manger une frite (tant pis pour la ligne). Parler du match jusqu’à pas d’heure avec son voisin de comptoir. Rentrer chez moi et attendre une seule chose, la prochaine rencontre. Pour patienter durant ces quinze jours, parler du RC Lens encore et encore avec les collègues à la machine à café.
Les jours de match, le temps semble suspendu. Comme si on basculait dans une autre réalité, dans un environnement rassurant loin des soucis de la vie quotidienne, dans un cocon d’habitude où se mélange toute la palette des émotions. La passion, l’amour, la déception, la colère, la nostalgie, l’amitié, la fraternité.
C’est bien plus que du simple football, c’est le Racing ! Vivement mercredi et vivement la reprise !