Franck Haise a pris la parole, et a fait une annonce forte. Le jeudi 20 janvier, lors de la traditionnelle conférence de presse prévue quarante huit heures avant RC Lens – OM, le coach artésien a révélé au grand public ce que beaucoup attendaient depuis de nombreux mois. Wuilker Fariñez, gardien de la sélection vénézuélienne, va prendre du galon. La concurrence change de dimension, l’accompagnement du Felino entre dans sa phase terminale. A compter d’aujourd’hui, les deux portiers se partageront le temps de jeu jusqu’à la fin de la saison. Franck Haise, qui a également évoqué le cas Cahuzac, se pose en véritable ministre de la transition.
Le timing s’explique aussi facilement qu’il pose question. Fariñez, arrivé en Artois à l’été 2020, était certainement une opportunité de marché. Le portier de la Vino Tinto, titulaire au Millonarios, autre club de Joseph Oughourlian, débarque dans un effectif dont l’un des deux tauliers est… le gardien de but. Jean-Louis Leca est indiscutable à son poste, et ce n’est pas l’arrivée du phénomène sud-américain qui changera la donne.
Il est déjà difficile d’analyser avec précision les performances d’un joueur de champ. Partons du principe que ça l’est encore plus quand il s’agit de parler d’un gardien de but. Certes, Fariñez jouit d’une belle réputation, mais il fait alors ses premiers pas en Europe. Les exemples de joueurs sud-américains ne réussissant pas à passer le cap une fois l’Atlantique traversée sont légion. Le contrat passé avec Fariñez est clair : il arrive dans le rôle de doublure de luxe de son grand frère corse.
Titulaire en Coupe, et parfois en championnat lorsque Jean-Louis Leca est indisponible, le supporter lensois reste dans l’incapacité de se faire un avis objectif sur le niveau réel du Felino. L’envie de voir du neuf l’a souvent poussé à réclamer Wuilker dans les buts. La culture de l’instant, l’influence de Football Manager, les compilations YouTube, le nombre de sélections internationales, sa réputation. Mais les quelques boulettes de Jean-Louis Leca également. Omettant toutefois le fait indiscutable que l’apprentissage est un processus lent.
C’est donc en janvier 2022 que Fariñez se lève de son banc, pour s’avancer vers le plongeoir. Il a cette chance que les eaux soient calmes, propices au grand saut, le RC Lens étant confortablement installé dans la première moitié du championnat. Après une saison et demi à travailler les fondamentaux requis par le football européen, mais également par la philosophie de jeu Sang et Or, le voilà qui s’avance. Au RC Lens, tout est soigneusement planifié, anticipé. Wuilker se voit donc proposer une période d’essai de six mois. Et va enfin avoir l’occasion de se montrer, d’enchaîner des matchs.
Pour le RC Lens, qui arrivera au bout de sa seconde saison en L1, le cheminement intellectuel semble clair : la saison prochaine, il faudra passer un cap. On s’attend à ce que le poste de gardien de but soit un chantier, Jean-Louis Leca pouvant ne plus être l’option préférentielle pour assurer la défense des bois pour le prochain exercice. L’option Wuilker doit désormais être définitivement validée, et le risque de voir cette cohabitation coûter des points est finalement relativement faible. Cette mise en lumière doit permettre aux dirigeants de trancher en vue de la saison prochaine. Au regard des prestations à venir de ce dernier, le board lensois pourrait entériner le destin du portier sud-américain dans les Hauts-de-France ; titulaire en puissance la saison prochaine, ou transféré cet été ?
Écrit par Antoine