C’est doux, vraiment doux, ce début de semaine. Le genre de moment rare dans une saison de Ligue 1, où tout s’enchaîne si vite qu’on n’a parfois plus le temps de respirer. Après cette victoire contre Strasbourg plutôt méritée, pas de boucan, de casse-tête, de polémique.

Photo RC Lens
Trois victoires consécutives, après le fiasco de Saint-Symphorien : Lorient, Monaco et Strasbourg. Huit buts marqués, un seul encaissé, neuf points dans la besace, une place sur le podium, en ayant affronté tous les « gros » de Ligue 1 lors de ces treize premières journées, et des sourires partout. Avant de s’emballer, avant d’imaginer des lendemains en or, profitons. Simplement. Sereinement.
Rêver n’est pas interdit
Parce qu’on n’en parle pas vraiment, par superstition, ou par pragmatisme, mais beaucoup le monde le pense très fort : de grands espoirs enveloppent ce groupe emmené par Pierre Sage. Comment ne pas lever la tête pour regarder au dessus ? Comment ne pas jeter un œil au classement après chaque victoire, juste pour confirmer qu’on ne rêve pas ? Après cette prestation particulièrement convaincante face à un rival, des Alsaciens qui n’ont jamais réussi à trouver de faille, le compteur affiche 28 points, soit environ 2,1 par match. Un rythme d’enragés, un tempo que s’imposent de très grandes équipes. Projeté sur une saison, cela flirterait avec les 71 points.

Photo RC Lens
Et pourtant, la Ligue 1 moderne, celle du PSG et de ses effectifs XXL à budget lunaire, ne récompense pas toujours ces exploits. On l’a vu l’an dernier : l’ogre de la capitale à 84 points, stratosphérique, intouchable, et qui samedi soir gagne encore 3-0 après s’être fait bousculer à domicile quelquefois par Le Havre, plus que Lens ne l’a été par Strasbourg. Une barre qu’il faut regarder sans trembler, mais sans se voiler la face non plus.
Profiter est obligatoire
Alors prenons de la hauteur. Regardons la photo, sans préjuger de la suite : le Racing Club de Lens est troisième, à égalité avec Marseille, juste deux petits points derrière le champion d’Europe. Bollaert danse, vibre, rugit. On voit des buts, du jeu, de la folie, de la solidarité. Et nos supporters, en déplacement ou à la maison, fidèles comme le soleil qui se lève, goûtent au même festin.
Sur le terrain, les joueurs sont impliqués, concernés, habités. Dans notre but, un gardien international Espoirs. Devant, un champion du monde 2018. Au centre, un capitaine en or massif, qui porte autant le brassard que l’identité du club. On ne va pas citer tous les joueurs qui réalisent un premier tiers de saison étincelant. C’est chercher la petite bête que de débattre de Morgan Guilavogui, exclu samedi, alors qu’il aurait pu se contenter d’avoir provoqué l’exclusion d’un adversaire.

Photo CSO
Et quand on regarde le banc… on voit Sage. Sa sérénité, presque glaciale, même après un 3-0 enthousiasmant face au voisin, ou un 2-0 frustrant encaissé chez la lanterne rouge. Le type ne bouge pas, ne s’agite pas : il construit. Lentement. Solidement.
une saison spéciale et des espoirs
De plus, cette semaine nous a permis de prendre beaucoup de recul sur la chance d’appartenir à un tel collectif, d’avoir une telle équipe. Au détour d’une rencontre face à un club satellite d’un autre club, on tombe sur un buteur néerlandais persuadé d’être le centre de gravité du football européen, avant de sombrer quand il faut joindre les actes aux mots. Au moins, grâce à lui, certains auront appris quelque chose : Strasbourg est français. On n’est jamais trop cultivé.
Cette saison, en Artois, quelque chose de spécial se déroule. Les planètes sont alignées, une part de réussite de notre côté, des grands matchs remportés. Un système défensif bien en place, des attaques rapides, et quand la décision a du mal à se faire, des coups de pied arrêtés pour forcer le verrou. Continuons de rêver, de soutenir ces Sang et Or. Et cette saison, comme on le répète depuis des années, à nous la Coupe de France !
