Mamadou Sangaré est la dernière surprise de Jean-Louis Leca sur ce mercato. Pour découvrir ce joueur, nous avons échangé avec @SK Rapid Wien FR, fervent supporter de son désormais ex-club. Entre qualités techniques, impact collectif et personnalité attachante, portrait d’un joueur qui pourrait bien devenir une pièce maîtresse du milieu lensois.
Le joueur au quotidien
Culture Sang et Or : Pour commencer, comment décrirais-tu Mamadou Sangaré en tant que joueur ? Quel est son style de jeu ?
SK Rapid Wien FR : Mama est un milieu relayeur pouvant faire office de box to box mais aussi servir comme premier relanceur de part sa qualité technique. Avec ballon, c’est son QI foot qui ressort. Il peut verticaliser le jeu, principalement par la course, il cherche constamment à faire progresser le jeu et à le fluidifier. Il lit très bien les situations et fait souvent les bons choix. Touchant énormément de ballons, c’est lui qui gère le tempo. Techniquement à l’aise, il est capable de dribbler pour se sortir de situations difficiles. Il obtient également de nombreuses fautes.
Sans ballon, c’est un très gros récupérateur, le meilleur en Ligue Conférence la saison dernière. Il se place bien et est agressif, en plus d’avoir un vrai cardio. En bref, c’est un milieu polyvalent, équilibré tant au niveau tactique que technique et qui réunit les trois caractéristiques principales que l’on demande à un milieu de son genre : récupérer, se projeter et verticaliser.
Est-il régulier dans ses performances ? A-t-il été un titulaire indiscutable cette saison ?
Il a été très régulier, alignant des grosses performances aussi bien en championnat qu’en Europe. Il était un titulaire indiscutable toute la saison.
A-t-il un rôle de leader ou de moteur dans l’équipe, sur le terrain ou dans le vestiaire ?
Mamadou Sangaré n’est pas spécialement leader. Il était pour autant une personne appréciée de tous dans le club, toujours souriant. Il semblait être le liant entre francophones et autrichiens dans le vestiaire et mettait une bonne ambiance. J’espère que vous aurez l’occasion de découvrir ses vidéos du vestiaire qui faisaient toujours bien plaisir.
Son rôle au Rapid Vienne
À quel poste joue-t-il principalement ?
Plutôt numéro 8. On a principalement joué avec un double pivot où il officiait aux côtés d’un 6. Même dans un milieu à 3, il conservait ce rôle de box to box. Il peut jouer 6 mais ses qualités sont bien plus mises en valeur au poste de 8.
Comment s’intègre-t-il dans le collectif ? Est-il complémentaire d’un autre milieu au style bien défini ?
Je pense qu’il est mieux aux côtés d’un milieu au profil défini plutôt que versatile comme le sien. Il s’adaptera au profil qu’il aura à côté de lui. Pour autant, même dans la situation délicate d’avoir deux milieux forts au même profil, il s’est adapté. En ce début de saison, il a dû faire avec son remplaçant attitré (Romeo Amane) au profil très similaire au sien qu’on ne pouvait pas mettre sur le banc. Ça me semblait moins efficace qu’aux côtés d’un 6 mais il a quand même été bon.
Son potentiel et ses axes de progression
As-tu observé une évolution dans son jeu depuis son arrivée au club ?
Il a joué quasiment 50 matchs avec nous mais n’est resté qu’un an au club. Je l’ai vite trouvé très fort, alors je dirais simplement qu’il n’a fait que confirmer tout au long de la saison.
Penses-tu qu’il a le niveau pour franchir un palier et réussir en Ligue 1 ?
Je pense qu’il a le profil pour s’adapter au championnat français. Physiquement suffisamment tenace. Ses performances en Europe ont montré qu’il savait s’adapter à un pallier supérieur au championnat autrichien. Il faudra voir s’il y arrive sur une saison et non des matchs ponctuels comme l’Europe.
Y a-t-il des aspects de son jeu qui mériteraient encore du travail ou qui pourraient poser problème à Lens ?
Il doit travailler sur la gestion de son agressivité. Particulièrement dans les rencontres avec beaucoup d’attentes. Ça lui a valu des cartons jaunes tôt dans les matchs qui auraient parfois pu tourner au rouge, et deux rouges qui ont coûté cher à l’équipe. Ensuite, sa qualité de frappe est encore irrégulière. Il est capable de mettre une volée superbe comme contre l’Austria dernièrement mais aussi d’envoyer des frappes dans les nuages alors qu’il est bien placé à l’entrée de la surface. Ses statistiques relativement maigres (3 buts et 3 passes décisives en 50 matchs) viennent compléter cette idée. Ce n’est pas son rôle premier, mais sa capacité à être décisif représente un vrai axe d’amélioration.
Son adaptation au RC Lens
Selon toi, Mamadou Sangaré pourrait-il s’adapter au style de jeu du RC Lens (intensité, pressing, transitions rapides) ?
Oui c’est un style qui lui convient très bien, lui qui a un très gros volume et qui a cette appétence pour le pressing, l’intensité et le fait de verticaliser le jeu rapidement.
En quoi son profil est-il proche ou différent de celui d’Andy Diouf, qu’il pourrait remplacer ?
Je ne serai pas autant expert que vous sur Andy Diouf. Je le vois comme un joueur avec un potentiel immense, des qualités naturelles dingues mais un QI foot qui peut parfois faire douter de sa progression. C’est là où je pense que Mama peut avoir plus de justesse après une course et va plus facilement réaliser le bon choix, voyant souvent bien ce qui se passe autour de lui. Il est par contre physiquement bien moins puissant que Diouf et sûrement moins incisif et dangereux que lui sur le plan offensif. Il réalisera moins de courses que lui. Et Diouf est également plus à même d’être dans la surface que Mama. Enfin je le vois plus récupérateur, avec plus d’actions défensives que Diouf, et il est capable d’être plus métronome que lui. Il a un jeu plus équilibré et moins dans la prise de risque que Diouf.
Penses-tu qu’il puisse briller dans le double pivot mis en place par Pierre Sage ?
Un double pivot lui va très bien, que ce soit entouré d’une défense à cinq ou quatre, mais je ne sais pas à côté de qui ce sera, donc difficile à dire pour le moment. En ayant vu le match contre Lyon, il aurait eu son utilité en seconde période, là où Diouf a pu perdre en intérêt lorsqu’il n’avait plus d’espaces à dévorer. Mama permet de bien recycler les possessions et de jouer intelligemment.
As-tu quelque chose à nous partager sur l’homme ?
C’est une superbe personne, toujours souriante. J’ai eu la chance de parler avec lui, c’est vraiment un bon gars. Il a respecté le club jusqu’au bout. Il n’a pas voulu brûler les étapes dès le mercato d’hiver où il était déjà désiré par des clubs comme Galatasaray ou Feyenoord. Il a patienté pour le transfert cet été et a également fait l’effort de jouer les tours préliminaires malgré les risques de blessures. Il était aimé du club et des supporters.
