CULTURE SANG & OR

El Aynaoui, le prix du progrès ?

Le départ du milieu marocain Neil El Aynoui, officialisé dimanche soir, prolonge une série de transferts qui désolent les amoureux du RC Lens. Dans cet exode inéluctable de ses meilleurs éléments, le club fait de son mieux pour s’y retrouver.

L’arrivée d’un joueur prometteur en 2023
Photo CS0

Au Racing Club de Lens, depuis deux ans, beaucoup de joueurs importants et attachants ont quitté le navire, tirant parfois des larmes aux supporters : Jonathan Clauss, Seko Fofana, Kevin Danso, Abdukodir Khusanov, Facundo Medina, et maintenant Neil El Aynaoui… Avec ces hommes, le club a vécu des moments extraordinaires. L’installation dans le top 8 de Ligue 1, deux parcours européens, une identité de jeu affirmée. Mais derrière les sourires et les chants, le mercato d’été vient nous rappeler que l’élite a ses exigences économiques. Et qu’à Lens, on ne peut bâtir de projet durable sans concession à la réalité du marché.

Neil El Aynaoui, 24 ans, quitte l’Artois pour la Ville éternelle. Direction l’AS Rome. Après un faux départ l’année passée, qu’avait fait avorter une visite médicale à Monaco (et on ne lui souhaitait pas cette même mésaventure), l’ancien Nancéien s’était imposé comme l’une des pièces maîtresses du milieu sang et or. Toujours très propre techniquement et exemplaire dans l’engagement, il avait gagné un statut de leader sans faire de bruit, mais avec autorité.

Une perte mais un chèque bien garni

Son départ ? Un coup dur sur le plan sportif, mais un coup gagnant pour les finances du club. Environ 25 millions d’euros posés sur la table, de quoi faire tourner quelques têtes. Peu de clubs de Ligue 1 peuvent prétendre à encaisser un chèque aussi garni. Si l’objectif de notre président Joseph Oughourlian était de renflouer les caisses ces dernières années, et de mettre fin aux exercices terminés dans le rouge, on ne peut pas lui reprocher d’avoir échoué. Mais sur le terrain, c’est l’équilibre du collectif qui risque de vaciller. El Aynaoui, c’était le liant entre la récupération et la relance, la pièce qu’on ne voit pas mais qui fait tout tenir. Au point d’être élu meilleur joueur de la saison par la communauté de Culture Sang et Or !

Plus beau but et meilleur joueur 2024-2025
Photo CSO

Lens vend bien. Lens sait valoriser ses actifs, et négocier de belles indemnités de transfert. C’est devenu une qualité, voire une nécessité, dans un secteur exposé à des turbulences. Mais à force de voir nos meilleurs éléments partir chaque été, une question se pose : peut-on encore construire en étant contraint sans cesse au renouvellement ? Le projet lensois repose-t-il sur la stabilité sportive ou sur la plus-value ?

L’arrivée de renforts défensifs comme Matthieu Udol ou Samson Baidoo démontre une certaine ambition. Le Marocain, à son arrivée il y a deux ans, affichait un CV beaucoup moins clinquant. Mais alors, au milieu, qui pour remplacer notre Lion de l’Atlas, qui a pris une tout autre dimension ? Compterons-nous sur la formation, qui prouve de belles choses en ce début de préparation ? Ou Lens sortira-t-il le chéquier pour assurer ? Jean-Louis Leca nous répondra.

Un joueur que l’on a tous aimé

Le public de Bollaert sait reconnaître l’effort, le vrai. Celui qui ne triche pas. Et c’est précisément cela qu’El Aynaoui incarnait, avec une progression spectaculaire qui doit tout à son travail. Nous lui souhaiterons, en Serie A, de s’épanouir dans un club mythique. Estimons-nous heureux : il ne sera pas notre adversaire cette saison, contrairement à Facundo Medina. Et puis nous pourrions avoir le bonheur de le revoir le samedi 2 août au stade Bollaert en amical.

Il aura beaucoup apporté au club depuis 2023. Rappelons-nous que cet homme a été recruté en National en provenance de Nancy, alors au bord de la faillite, pour un montant de quelques centaines de milliers d’euros. Franck Haise lui avait vite fait confiance (enfin, une fois purgés ses cinq matchs de suspension). La mayonnaise avait très vite pris, et sa cote avait grimpé. Les Lorrains peuvent se réjouir car ils devraient empocher quelque 2,5 millions d’euros dans la transaction. La direction sportive, aux abois, avait intelligemment négocié 10% du prix à la revente !

Neil, nous l’avons tous aimé. Un joueur élégant, sobre, tenace. Il ne laissera que des bons souvenirs.

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