CULTURE SANG & OR

Une victoire qui a du sens

Des images de liesse : après quatre défaites consécutives, le Racing Club de Lens enchaîne deux victoires contre des effectifs bien fournis. Et puis une histoire d’ego et de fierté s’est installée contre le Stade rennais. Quelle portée donner, finalement, à cette mini-rivalité ?

Photo RCLens

« Un  »capitaine » qui lâche le groupe en pleine saison. [Un] actionnaire qui joue pour un autre club. Le football moderne nous donne la gerbe ! » Cinglante, la banderole des Red Tigers sortie au beau milieu de la première période. C’est que depuis le mercato d’hiver, cette date du samedi 15 mars est cochée dans le calendrier. Lens devait retrouver Seko Fofana, Brice Samba, Arnaud Kalimuendo, Christopher Wooh, Ayanda Sishuba, mais aussi Hervé Sekli (entraîneur des gardiens) et Arnaud Pouille (directeur sportif). Parmi les sept noms cités, quatre ont rejoint le club breton cet hiver. Tous n’ont pas reçu le même accueil. 

Public hostile

Environ 45 minutes avant le coup d’envoi, les gardiens rennais entrent sur la pelouse sous une bronca persistante. Dans l’émission de Culture Sang et Or la semaine passée, les chroniqueurs se demandaient quel accueil serait réservé à Brice Samba. La réponse est donnée avec ces huées, et pas à moitié. Est-ce mérité ? À chacun son avis. Les performances du gardien international ont permis aux Sang et Or d’exister dans les plus belles places du championnat français, et de gagner des matchs historiques, des derbys et le fameux Lens-Arsenal. C’est ce que retiendront certains.

Mais d’un autre côté, un capitaine a-t-il le droit de laisser en plan ses coéquipiers en pleine saison ? Qui plus est, en étant gardien, ce poste-clé dont le marché est si particulier ? Supposons que Brice Samba serait parti vers un grand club européen et aurait communiqué avec tact. Au moins une partie du public aurait mieux compris. Mais cette décision de rejoindre un club mal classé, pour un salaire exorbitant, avec une communication à la limite de provocation, notamment sur X (anciennement Twitter), a suscité de la colère. L’incompréhension a effacé des performances exceptionnelles de notre ancien capitaine. À chaque prise de balle, les chants s’arrêtent pour laisser place aux sifflets. Si le portier rennais a le malheur de prendre du temps pour faire sa passe, les sifflets redoublent d’intensité. Nul doute que cela a joué sur ses relances moyennes, dont une qui a amené le but lensois.

les absents ont toujours tort

Quant à Seko Fofana, pas sûr du tout qu’un meilleur accueil lui eût été réservé, s’il n’avait pas été suspendu. La banderole lui était aussi destinée. Quand on prend du recul sur cette situation, elle semble parfaitement anormale. Dans quel secteur peut-on investir dans une entreprise, et être salarié chez un concurrent ? Où est la logique ? Au-delà de l’éthique, ce n’est pas intelligent. Et après tout, ces deux joueurs sont mieux en dehors de nos bases. Oui, ce foot moderne nous met très mal à l’aise. 

Photo RCLens

Un joueur a reçu un bel accueil : Arnaud Kalimuendo. Parti du club à l’été 2022 après 22 buts en deux saisons, en bons termes avec tout le monde, manifestement à contrecœur et en signifiant sobrement son respect pour un RC Lens qui avait misé sur lui, il n’est pas oublié des supporters.

Une équipe valeureuse

Ce match se déroulait sur le terrain, où les Sang et Or ont fait preuve de solidarité, mais surtout dans les tribunes, avec des banderoles en l’honneur d’Emma, la compagne de Will Still, gravement malade. Si le plus important n’est pas le football, mais la santé de nos proches, alors il serait bon pour quelques supporters de prendre ce recul de temps à autre, que ce soit ici ou ailleurs !

Lens a gagné sur le terrain et autour, avec une équipe qui, en l’espace de deux matchs, a retrouvé sa fierté, sa solidité, son équilibre, avant une magnifique communion entre joueurs et supporters en fin de soirée. Rassurant, après l’avalanche de buts qui avait fait chuter notre moral à tous.

Les derniers mots du stade Bollaert : « On veut… le derby ! » Il n’arrive pas au pire moment, c’est vrai. D’abord la trêve internationale. Puis rendez-vous le 30 mars, pour un match qui vaut plus que trois points.

Vous souhaitez partager l'article ?
Retour en haut