Le RC Lens a clos sa phase aller par une victoire difficile sur le terrain de sa bête noire, Le Havre. Le Racing, 7e à seulement deux points du voisin lillois, suscite des avis contrastés, à l’image des retours sur la prestation d’hier ou la situation en coulisses.
Des doutes sur la direction sportive
Depuis les grandes manœuvres de l’été 2024, Lens navigue en eaux troubles. Le discours des dirigeants artésiens est ambigu. Il faut vendre, beaucoup (110 millions avancés en juin, 40 millions cet hiver). Mais garder aussi des ambitions sportives élevées. Cependant, les départs qui renflouent les caisses supposent de se séparer des meilleurs joueurs et donc affaiblir l’équipe. En parallèle, la direction souhaite renforcer le groupe à moindre coût. Mais si l’on comprend la volonté de faire des économies, dans quelle mesure la stratégie sportive peut-elle se dire ambitieuse ?
Au-delà de la communication du board, l’omniprésence de Lens sur la scène médiatique pour des raisons extrasportives n’est pas de nature à rassurer. La gestion du départ du capitaine en pleine saison et le feuilleton autour de son successeur fragilisent l’édifice sang et or. La semaine dernière avait ainsi laissé une apparence de chaos, entre les déboires en coulisses et la cruelle défaite face à Toulouse.
Mais dans la semaine qui a suivi, le RCL a recruté un attaquant qui, sur le papier, a tout de la bonne pioche. Goduine Koyalipou restait sur 15 buts en 17 matchs avant de s’engager à moindre coût. Titulaire quelques jours après sa signature, il s’est distingué par ses appels tranchants et son sens du placement. Surtout, il a marqué sur sa première situation et pour égaliser lors de la victoire face au Havre. Les débuts sont prometteurs, mais demandent confirmation. Et d’autres renforts sont attendus.
On peut retenir à mi-saison que, malgré toutes les secousses, Lens est 7e du championnat, prétendant très sérieux aux places européennes. Les supporters éprouvent pourtant un sentiment mitigé. Ce bilan comptable plus qu’honorable ne fait pas oublier que l’équipe a systématiquement échoué lors des grands rendez-vous (Conférence Ligue, derby, Coupe de France). La bande à Will Still doit son salut à sa régularité face aux équipes les plus faibles. Les Artésiens ont en effet pris 23 points sur 27 possibles contre les équipes classées entre la 10e et la 18e place ! En parallèle, ils n’ont empoché que 4 points sur 24 face au top 9…
Rupture partielle ou totale ?
Le match de dimanche résume bien cette première partie de saison. Lens a dominé et vaincu un mal classé. Mais les Sang et Or ont manqué de consistance sur l’ensemble du match, avec notamment 20 minutes médiocres pour commencer. Ils ont repris progressivement le contrôle du match en jouant à quatre derrière — soit le système préférentiel de Will Still, qu’il a finalement mis en place depuis octobre. Mais ils ont fait basculer la rencontre lorsque l’Anglo-Belge a décidé de repasser dans un système avec deux pistons pouvant évoluer plus haut. Deiver Machado a inscrit le but de la victoire sur un centre de Przemysław Frankowski… Comme un symbole, c’est Jonathan Gradit, entré à un quart d’heure de la fin, qui s’est fendu d’une superbe intervention sur l’une des dernières situations adverses.
Ainsi Lens est venu briser la série de 22 années sans victoire dans ce stade que l’on croyait maudit. Avant ce match, le RCL était l’équipe qui centrait le plus de Ligue 1 pour… 0 but marqué. Or hier, les deux buts sont venus de centres. Grâce à eux, le Racing est toujours en course pour décrocher l’une des six premières places… Ce que cette équipe, ce club n’ont pas toujours su bien faire en 2024, peut-être y arriveront-ils en 2025 ? Comme de combiner au mieux les impératifs financiers avec les besoins du sportif, et être en mai dans le bon wagon, celui d’une lucrative qualification européenne.