CULTURE SANG & OR

« Geoffroy Guichard de nuit, c’est électrique »

Il y a un mois presque jour pour jour, l’ASSE prenait une gifle. Huit buts encaissés à l’Allianz Riviera. Depuis, les Verts ont retrouvé des couleurs. Présentation du choc des houillères avec Paul Rivolier, journaliste pour le site EVECT (En Vert Et Contre Tous).

Photo EVECT

Les Verts. Une institution légendaire qui fait son retour en L1. À l’issue de la saison 2021-22, et alors que les Girondins de Bordeaux terminent derniers du championnat, l’ASSE chute à son tour, au terme d’un barrage que l’on qualifiera a minima de chaotique contre l’AJ Auxerre. Deux grandes institutions du football français à la trappe. Mais aujourd’hui, ce sont bien les Stéphanois qui sont en train de se relever, pendant que les Bordelais visitent les bas-fonds du football français, empêtrés dans des problèmes de gouvernance aux effets létaux. Le duo Romeyer-Caïazzo n’est plus. « Dès lendemain de la remontée en Ligue 1, la vente du club fut officialisée avec la prise de pouvoir de Larry Tanenbaum, et son groupe Kilmer Sports Ventures », nous détaille Paul Rivolier. 

La saison dernière aurait pu se terminer par une ascension directe. Mais comme lors de la précédente, l’ASSE a eu du mal à terminer son championnat. Et c’est par le redoutable barrage que les joueurs d’Olivier Dall’Oglio ont dû passer, facile vainqueur de Rodez avant de faire tomber le FC Metz dans une double confrontation qui restera dans les mémoires collectives stéphanoises. « On fait un superbe premier match à l’aller à Geoffroy Guichard.
À Metz, c’est plus compliqué, même si les Messins prennent un rouge rapidement. On se libère définitivement dans les derniers instants des prolongations. Le scénario est assez fou et nous a généré pas mal de frissons
», se remémore Paul. 

Observons de plus près la situation de cette ASSE toute neuve : « Kilmer Sport arrive au club avec deux personnes importantes dans ses bagages, Jaeson Rosenfeld et Huss Fahmy, qui œuvrent à la définition de stratégie sportive et au recrutement. Les deux ont bossé au Milan AC et à Arsenal. Rosenfeld et Fahmy ont d’ailleurs mis en place un outil révolutionnaire qui est décrit comme au-dessus de tout ce qui se fait actuellement dans la data. » Et le mercato alors ? « On a rapidement été prévenu qu’il n’y aurait pas de dépenses pharaoniques. Malgré tout, c’est un mercato record avec 25 millions dépensés et neuf joueurs concernés. » 

Sainté va mieux

Le profil des recrues est assez typique de ce que l’on peut attendre d’un club de Ligue 1. Des jeunes joueurs à fort potentiel. « On a recruté un jeune néo-zélandais (ndlr : Ben Old), des joueurs venus du championnat autrichien, mais aussi des cadres comme Yunis Abdelhamid ou Brice Maubleu qui vont avoir pour mission d’encadrer ces jeunes. Zuriko Davitashvili est un joueur qui se situe entre les deux, arrivé de Bordeaux avant que ces derniers ne perdent le statut professionnel. Pour te donner une idée de l’angle d’attaque de nos scouts, on était aussi très chaud pour recruter Sebastian Nanasi qui a finalement rejoint le RC Strasbourg. » L’avant-centre belge de 19 ans, Lucas Stassin, fait d’ailleurs office de recrue phare, lui qui est arrivé du KVC Westerloo fin août pour la coquette somme de 10 millions d’euros.

Malgré tout, l’effectif de l’ASSE n’est pas encore prêt à jouer autre chose que le maintien. « On manque clairement d’expérience. Comme souvent, on nous demande du temps, mais dans un championnat à 18, qui plus est de plus en plus concurrentiel, le temps d’adaptation doit être le plus court possible. Cela peut expliquer le début de saison compliqué de l’AS Saint-Étienne. »

Mais depuis quelques semaines, Sainté va mieux. Paul nous le répète, « l’objectif c’est avant tout le maintien. » Selon lui, les nouveaux propriétaires ont en tête d’effectuer un mercato coup de poing à l’avenir, mais cela passera avant tout par de la continuité au plus haut niveau du football français. « Le début de saison est en demi-teinte, mais la tendance est tout de même plutôt positive. On démarre par une défaite encourageante à Monaco, avant de perdre lourdement à Brest. La victoire valeureuse contre vos voisins lillois nous a fait du bien, mais quelques jours plus tard, on se prend un 8-0 à Nice. La réalité, c’est que le coach Dall’Oglio a rebondi après cette déroute. » Alors qu’on s’attendait à une messe funéraire à Nantes, les Verts réussissent à ressusciter. Menés 2-0, ils accrochent finalement le match nul, avant de rouler sur l’AJA grâce à un Zuriko Davitashvili en feu, auteur d’un triplé. « On sent que les joueurs commencent à prendre le pli de la Ligue 1 », complète Paul. 

Photo EVECT

Le moment pour l’ASSE de recevoir le RC Lens. « Un match qui génère toujours une certaine attente, des deux côtés », nous confie Paul. « Dès l’annonce du calendrier, on coche les matchs contre le RC Lens. J’ai même reçu beaucoup de messages de supporters lensois qui voulaient savoir comment venir à Geoffroy Guichard. » Alors que ce dernier est régulièrement victime de sanctions administratives, il fera le plein pour la première fois de la saison ce week-end. Et pourra même compter sur le soutien direct de son nouveau propriétaire, Larry Tanenbaum, attendu pour la première fois dans le Chaudron depuis le rachat du club. Le parcage lensois, initialement prévu pour 2000 supporters Sang et Or, a finalement été réduit à 1500, la préfecture accompagnant la limitation par un laconique message faisant état d’une « situation rare de voir autant de supporters autorisés à se déplacer en Ligue 1. » On se passera de commenter. 

Un match qui s’annonce chaud, voire électrique. « Geoffroy Guichard se sublime lorsque les matchs se jouent de nuit », nous explique Paul. « Cela apporte une autre dimension à la ferveur, et ce samedi, à 19h, les conditions devraient être toutes réunies. » Les deux clubs ont besoin de prendre des points. Le RC Lens reste sur une série de cinq matchs nuls qui doit absolument être bonifiée. Et les Verts veulent poursuivre leur dynamique. « Je vois Lens favori, mais ça reste un déplacement dans le Chaudron. J’ai peu de certitudes, notamment par le fait qu’on revient d’une énième trêve internationale. C’est difficile de se prononcer. On a peu de blessés, ce qui est moins le cas chez vous. » Le RC Lens peut aujourd’hui remercier les circonstances du dernier mercato qui lui permettent, en dépit des innombrables blessures, d’aligner un onze compétitif afin de prolonger la série d’invincibilité en terres stéphanoises, alors que le Derby du Nord pointe à l’horizon.

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