CULTURE SANG & OR

9 mai 1998, récits de supporters 1/3

Je vous parle d’un temps que les moins de 25 ans ne peuvent pas connaître…. 9 mai 1998 – 9 mai 2023, nous fêtons les 25 ans du titre de champion de France. Une journée gravée dans la mémoire de ceux qui l’ont vécue, et dans l’inconscient collectif des plus jeunes.

Alors que le Racing vit une saison historique, nous avons voulu donner la parole aux témoins de cette journée, vous les supporters. Les tempes sont grisonnantes mais les yeux s’éclairent et deviennent pétillants en évoquant ce souvenir marquant.

Nous espérons que la lecture de ces quelques lignes vous feront sourire. Des lignes remplies de joie, de convivialité et d’un bonheur partagé.

Aujourd’hui, nous commençons les témoignages avec les membres de l’équipe de Culture Sang et Or.

Hugues, journaliste et chroniqueur CSO, 20 ans en 1998:

Le soir du titre, j’ai 19 ans, je suis avec mon père et mon frère devant Canal+ chez des amis à Carvin. J’ai le souvenir d’un match très stressant, moins fluide que ceux des journées précédentes. L’ambiance est pesante après l’ouverture du score par Auxerre. On est six ou sept à se ronger les sangs dans ce salon, pas très optimistes. Le but de Lachor nous fait hurler de joie. Puis le stress descend de quelques crans, parce que l’AJA n’est pas très dangereuse. Fin du match, on se serre dans les bras les uns des autres. Quelqu’un dit : « On va à Lens?!» Et nous voilà en voiture. On parcourt le centre-ville à pied depuis la place du Cantin. Partout il y a un bruit phénoménal de cornes de brume, de tambours, de gens qui chantent, qui crient. Je recroise des amis de lycée que je n’avais pas vus depuis près de trois ans. On ne sait rien du programme des festivités, alors après minuit on rentre. J’admire aujourd’hui la persévérance de ceux qui sont restés à Bollaert jusqu’à trois heures du matin. 

Thomas, chroniqueur CSO, 14 ans en 1998

En 1998, cela fait bientôt 4 ans que le RCL est entré dans ma vie… depuis un Lens Martigues vécu à Bollaert. Avec le recul, je me sens extrêmement chanceux d’avoir démarré ma carrière de supporter avec autant de bonheur. Par une qualification en coupe d’Europe en 1994 puis ce fameux samedi 09 mai 1998 !

A peine levé je ne pense qu’au match. Je me souviendrai à vie de ce mélange de stress, d’excitation, cette envie d’être plus vieux de 24h.  J’étais concentré uniquement sur ce Lens/ Auxerre, je ne me souviens plus avoir suivi Metz/Lyon lui aussi décisif dans la course au titre.

Ce but de Lachor me libère. Un peu seulement…Les vagues auxerroises qui se succèdent sur les cages de Gus me crispent. Et vient la délivrance !

Ce bonheur!! 

J’ai 14 ans, mon oncle qui m’a fait découvrir Bollaert me téléphone et me dit qu’il passera me chercher quand ils auront fini leur repas!! En fait ils ne viendront jamais, je m’endormirai dans le canapé avec ces images de joie plein la tête.

Mon drapeau Sang et Or trônera fièrement tout le dimanche sur le devant de la maison.

A jamais fier d’être Lensois

Guillaume, chroniqueur CSO, 20 ans en 1998:

Dans la semaine précédent le match, avec des amis, on a essayé d’avoir des places pour Auxerre. A l’époque, pas de portable, donc on faisait chauffer les téléphones fixes pour appeler la billetterie de l’AJA !

Résultat, rassemblement d’une trentaine de supporters dans un médiathèque municipale d’une petite commune du 59 pour regarder le match en intégralité sur l’ancien Kiosque (Foot+), pas envie de se taper le multiplex de Canal+. Ce détail a son importance car à l’époque, la diffusion sur Kiosque était décalée d’une trentaine de secondes pour permettre de zapper quand il y avait un but dans un autre match.

Je ne vous fais pas le tableau de l’ambiance à la mi-temps avec ce 1-0.  1 semaine après la finale de la Coupe de France, le sentiment qu’on allait tout perdre était omniprésent. Et puis…

Un supporter présent dans la médiathèque qui écoutait le match à la radio sur des écouteurs se met à hurler : « But de Lachor », ben oui il avait 30 secondes d’avance. Sauf que personne ne l’a crû et beaucoup lui ont demandé de se taire vertement, puis on a vu Déhu envoyer Lachor dans la profondeur, et tout le monde s’est approché de la télé, les yeux écarquillés… Le rêve devenait réalité !

La fin de match fût laborieuse pour nos cœurs avec cette pression intense de voir Auxerre égaliser. L’homme aux écouteurs avait fini par ranger son matériel sous la pression et le stress du groupe. S’en suivit au coup de sifflet final une liesse dans cette petite salle et direction Lens avec la 205 Junior !

Dès Carvin sur l’ancienne route Lille-Lens, les premiers bouchons, avec en mémoire, à chaque pâté de maison, des familles complètes dans la rue avec les enfants, les drapeaux et les écharpes. Un concert de klaxon sans discontinuer de Carvin jusqu’à Lens.

Puis vint ensuite cette nuit magique à déambuler dans Lens et à tous converger vers le temple vers 1h du matin pour attendre encore 1h ou 2h l’arrivée des joueurs. Pour l’anecdote, mon jeune frère s’endormira même en pleine milieu de la Xercès avant d’être réveillé par la clameur à l’entrée de nos héros…

Mathieu, rédacteur CSO, 16 ans en 1998 :

J’avais 16 ans. J’ai regardé le match à la télé. C’était l’effervescence dans la rue. Tout le monde regardait. Les portes de chaque maison étaient ouvertes. Les gens passaient regarder un bout de match puis allaient regarder la suite chez quelqu’un d’autre. A la fin du match c’était la fête dans la rue mais ça ne suffisait pas. Les jeunes qui avaient le permis décidèrent de partir sur Lens. Nous avons pris la route en cortège. Le klaxon de la Fiat Uno a lâché au bout de 3 kilomètres. On sentait la folie s’emparer de la région. Nous nous sommes retrouvés à Bollaert avec cette foule immense. Visiblement, sans réseaux sociaux et sans téléphone, des milliers de gens ont ressenti le besoin de se réunir pour fêter le titre ensemble. J’ai passé plusieurs heures sur le grillage de la Marek. Très vite nous avons eu l’information que les joueurs nous rejoindraient. Quand ils sont arrivés en plein milieu de la nuit, les émotions étaient folles. L’ambiance était incroyable. Les souvenirs sont ancrés à jamais. 

Nicolas, rédacteur CSO, 14 ans en 1998 :

 J’allais bientôt avoir 14 ans. Je vivais à Saint-Quentin en Picardie avec mes parents. Je me souviens que pour l’occasion, mon père est allé chercher le décodeur Canal +. Nous n’étions pas doués avec les branchements et surtout pas très patients… On a capté Canal seulement pendant l’échauffement des joueurs à quelques minutes du coup d’envoi. Je me revois avec mon maillot sur les épaules, la casquette et l’écharpe. J’étais stressé comme jamais. Nous nous sommes levés lors de la passe de Fred Déhu, persuadés que c’était l’action du but. Je ne respirais plus lors des dernières minutes, j’ai pleuré de joie au coup de sifflet final. Étant en Picardie, nous ne sommes pas allés à Lens mais il y a eu quelques coups de klaxon en ville. Le lendemain, on avait prévu les cassettes pour enregistrer le Téléfoot spécial et les journaux régionaux. Elles sont encore dans l’armoire à VHS chez mes parents. 

Sébastien Dallet, ancien du joueur du RC Lens et chroniqueur CSO:

L’année du titre des Lensois était juste l’année d’après mon transfert à Sochaux en Ligue 2. On monte en fin de saison en privant notamment le Losc d’une montée… donc triple bonheur avec ce titre de Lens !  J’ai suivi tout au long la saison sans ressentir de regret mais avec tout mon soutien comme toujours. Je suis même parti en vacances avec Philippe Brunel à Ibiza lors de l’été 1998.

Matthieu, rédacteur chez CSO, 18 ans en 1998

 L’année 1998, j’étais à Vierzon dans le cadre de mes études donc loin de l’effervescence Lensoise. Par contre, le 9 mai 1998 c’est la seule fois où j’ai gagné au Loto Foot ! Donc si on joue le titre à Auxerre cette année, je joue le PIB du Qatar ! 

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