CULTURE SANG & OR

« Le point de bascule ? Le départ de Thomasson »

Le RC Lens n’a jamais été aussi proche du fameux « rêve » évoqué par Seko Fofana depuis son arrivée dans l’Artois. Mais avant de se déplacer au Parc des Princes, les Sang et Or reçoivent un RC Strasbourg en convalescence, si ce n’est malade. Le club strasbourgeois, auteur d’une saison 2021/2022 de belle facture, s’est embourbé dans le doute dès le début de la saison. Aujourd’hui sur un fil, les hommes de Frédéric Antonetti sont dans l’obligation de prendre des points, au risque de retrouver une Ligue 2 dont ils avaient réussi à s’extirper en 2017. Athor, de Racingstub, a répondu à nos questions.

Tout d’abord, dans quel état d’esprit te trouves-tu ?

Pas très serein avec la fin de saison à venir du Racing (le nôtre) et le spectre d’une descente possible en L2, et encore moins avant un match compliqué à Lens.

Comment va le RCS depuis le départ de Julien Stephan ?

Comme souvent après un changement d’entraîneur, il y a eu un petit effet psychologique juste après le départ de Julien Stéphan et le début de l’intérim de son ancien adjoint Mathieu Le Scornet. Certains joueurs l’ont d’ailleurs confirmé par la suite, le départ de Stéphan leur a fait prendre conscience de leurs responsabilités et de la situation dans laquelle se trouvait le club. Ce choc psychologique, vous devez d’ailleurs vous en souvenir puisqu’il a eu lieu face à Lens, au match aller, avec un Racing qui a montré un engagement rarement vu jusque-là. Par la suite, malgré un succès inespéré à Lyon et une victoire contre le Montpellier en fin de parcours de Romain Pitau, le jeu s’est à nouveau délité, et le club a fait le choix de l’expérience avec un profil bien « solidité défensive » bien « on reste en place », celui de Frédéric Antonetti. On est donc revenu aux bases, même si on retrouve maintenant par séquences le jeu de la saison dernière avec un pressing haut et un peu plus d’intensité. Bref, on est encore loin d’être guéri, mais on peut de même se remettre à avoir un peu d’espoir.

« Openda is on fire, Ligue 1 is terrified lalalalala« 

Le début de saison a été manqué, alors que la saison dernière était en tout point excellente. Avec du recul, et peut-être quelques indiscrétions, peux-tu nous expliquer l’origine du mal ?

Le départ de Julien Stéphan a permis de lever le voile sur un certains nombre de dysfonctionnements autour de l’équipe première et dans le staff. Mais en préambule, il convient de rappeler que Stéphan est et restera l’entraîneur qui nous a fait vivre l’une des plus belles saisons en championnat depuis 40 ans, avec une 6ème place et un vrai espoir d’une qualification européenne.

Cette saison a déjà mal débuté en raison d’un mercato paralysé par le non départ d’Alexander Djiku et de Ludovic Ajorque, les deux joueurs qui avaient un bon de sortie et dont les transferts auraient permis de recruter (on n’a pas de propriétaire milliardaire ou de fonds d’investissement, le budget est donc très serré). Résultat, il n’y a pas eu le renouvellement nécessaire pour repartir sur un nouveau cycle. Il y a également eu un grand nombre de blessures musculaires, dont les causes ont plus ou moins été identifiées. Le Racing travaille depuis l’été 2021 avec un consultant performance, Grégory Dupont, ancien du Real et de l’équipe de France notamment, et celui-ci était notamment chargé de concocter le programme de reprise et de préparation physique de l’été dernier. Sauf que Julien Stéphan a choisi de ne pas en tenir compte, contre l’avis de son staff, et de suivre son propre programme, avec notamment des entraînements en pleine canicule. Résultat, durant les premiers mois, l’équipe était totalement à la ramasse physiquement et ne parvenait pas à tenir 90 minutes. Durant la trêve coupe du monde, Dupont est revenu sur place (il n’est que consultant) pour tenter de rattraper le coup, avec l’aide d’un jeune préparateur physique.

« Si Lens se relâche… »

Autre cause, les mauvaises relations de Julien Stéphan avec certains membres du staff et du club. On peut citer le cas emblématique de son ex adjoint Mathieu Le Scornet, avec qui il entretenait pourtant une amitié depuis près de dix ans. A priori, les deux ne s’adressaient quasiment plus la parole depuis le début de l’année 2022. Il y avait aussi des tensions avec la cellule recrutement et le centre de formation. En gros, de ce qu’il ressort de tout ça, c’est que Stéphan était frustré de ne pas avoir la mainmise sur le recrutement et de l’inadéquation entre ses désirs et les réalités économiques du club, en comparaison de Rennes. Le point de bascule a semble-t-il été l’annonce du départ de Thomasson vers Lens, qui a permis au Racing d’avoir des liquidités pour recruter mais que Stéphan voyait comme un nouveau signe d’affaiblissement.

Le RC Strasbourg semble toujours aussi irrégulier, capable d’aller gagner à Lyon, faire nul à Marseille mais aussi perdre à domicile contre Brest. Quel visage faut-il s’attendre à voir vendredi ?

Il est impossible de savoir à quoi s’attendre, même si les trois derniers matchs ont tout de même permis de voir quelques points positifs dans le jeu, avec un peu plus de cohérence, mais un secteur défensif toujours fragile. Face à Monaco dimanche dernier, le Racing a fait un match plutôt correct, mais un gros trou d’air d’un quart-d’heure en deuxième mi-temps a permis à l’ASM de mettre trois buts.

Avec l’intensité que met Lens, j’ai bien peur qu’on puisse prendre l’eau lors d’un de nos temps faibles. En revanche, si Lens se relâche ou s’il se met la pression par rapport au résultat et au classement, on peut être chiant à jouer.

Cette saison, Strasbourg est dans le brouillard (crédits : actu.fr)

Angers, Ajaccio et Troyes semblent partis pour descendre. Vous allez être à la lutte avec Brest et Auxerre. Es-tu optimiste pour le maintien ?

Mon expérience de supporter strasbourgeois fait que je suis pessimiste de nature. Effectivement, je pense que le trio Angers, Ajaccio et Troyes va tout droit en L2 et qu’il ne reste qu’une place dans la
charrette. Brest me parait avoir un calendrier relativement abordable et sa bonne dynamique pourrait lui permettre de s’en sortir. De notre côté, on a un calendrier assez ardu, plus qu’Auxerre à mon sens. Il faudra sans doute espérer l’un ou l’autre gros coup d’ici la fin de saison, comme par exemple contre le PSG à l’avant dernière-journée, ça pourrait en plus vous rendre service.

Y a-t-il des blessés ou des suspendus en vue du match de ce weekend ?
Quelle composition vois-tu ?

Il y a assez peu de blessés annoncés pour ce match (un fait rare cette saison !), car pour le moment, seul Maxime Le Marchand est annoncé forfait. Dimitri Liénard est incertain à l’heure où j’écris, et Colin Dagba, Kévin Gameiro et Alexander Djiku ont repris l’entraînement.

Logiquement, on devrait donc avoir la composition suivante, dans le 3-5-2 habituel : Sels dans les buts, le trio Doukouré, Nyamsi et Djiku en défense, Guilbert et Delaine (ou Sobol) sur les côtés, Aholou, Sanson et Bellegarde au milieu, et le duo Diallo-Gameiro devant.

Le RC Strasbourg est venu s’imposer deux fois à Bollaert les deux saisons précédentes. Et globalement, les confrontations tournent sensiblement à votre avantage depuis que l’on est remonté en L1. Quel prono donnes-tu pour le match de vendredi soir ?

Les deux dernières victoires à Bollaert sont tout de même à relativiser, vu la réussite qu’on a eue à chaque fois. En 2021, on s’en sort par exemple grâce au brouillard. Ce vendredi, avec la forme actuelle de Lens, je vois difficilement comment on peut espérer faire un résultat. Je vois donc plus une victoire 2-0, avec un but de Thomasson et un d’Openda. Après, je ne suis pas doué en pronostic.

Un grand merci à @Athor pour sa disponibilité !

Vous souhaitez partager l'article ?
Retour en haut