CULTURE SANG & OR

ITW Monaco – Lens avec Rémi

Il y a quelques semaines, le RC Lens abîmait les rêves monégasques dans les ultimes instants de la saison 2021/2022, terminant à une très frustrante troisième place, synonyme d’inqualification directe pour la phase de groupe de la Ligue des Champions. Depuis, ces mêmes monégasques se sont une nouvelle fois pris les pieds dans le tapis, une nouvelle fois dans les derniers instants d’une rencontre clef pour l’accession à cette si convoitée phase de groupe de Ligue des Champions. C’était à Eindhoven. Pour une célébration assez classique d’un Bollaert normalement en feu, qui célébrait plus ses protégés que le malheur d’un club princier, les monégasques se sont vexés. Il est dès lors devenu difficile de trouver un asémiste suffisamment objectif afin de parler du Monaco Lens de ce samedi. C’était sans compter sur le flegmatique Rémi, ancien taulier de Planète ASM, et forcément fin connaisseur du Rocher.

Crédit Photo : Anthony Dibon / Icon Sport

Culture Sang et or : Salut Rémi, tout d’abord, est-ce que la déception de l’élimination en LDC a été digérée ? 

Remi : Pour certains supporters, c’est difficile car ils mettent en cause le timing du remplacement de Tchouaméni par le directeur sportif Paul Mitchell, sur un départ identifié dès le mois de juin. Effectivement, le jeune belge Matazo, 20 ans, n’a pas été totalement à la hauteur sur la double confrontation face au PSV et le manque d’expérience à ce poste s’est fait sentir. Je ne leur donne pas complétement tort, mais à mon sens, cela ne s’est pas joué là, et le contexte de marché sur le poste de numéro 6 est difficile.

Pour l’équipe, l’élimination semble bien digérée. C’est ce qu’on a entendu dans les mots des joueurs et des dirigeants, mais aussi ce qu’on a vu sur le terrain face à Rennes avec une prestation remarquable d’abnégation et de solidarité. Le calendrier jusqu’à la trêve internationale de septembre – Lens, Paris, Nice, Lyon – oblige aussi le staff et les joueurs à se remobiliser rapidement si l’ASM veut avoir des ambitions en L1 cette année.

CSO : l’ASM connaît quelques difficultés dans ses fins de matchs, entre la douloureuse 96e minute de la 38e journée, et les finishs difficiles à Eindhoven ou Strasbourg. Est-ce pure coïncidence ?

Remi : Ma conviction, c’est que c’est surtout de la malchance, mais on ne peut nier un petit déficit d’expérience dans les moments clés. Je pense que le coach va travailler à corriger ça, mais je crains un phénomène un peu auto-réalisateur sur les pressions de fin match. Imagine, avec le passif de la 38ème journée, qu’on mène 2-1 à Louis II samedi en toute fin de match, en étant dominés… les têtes des joueurs vont cogiter, ça peut reculer…

CSO : L’ASM a, sur le papier, l’un des trois meilleurs effectifs du championnat, avec de la profondeur et du talent à tous les niveaux. L’ambition est bien d’aller chercher la seconde place ? 

Remi : L’ambition c’est clairement la seconde place, après deux éliminations de suite en tour préliminaire de C1. Un troisième podium d’affilée permettrait aussi de valider l’ASM version Paul Mitchell, après son arrivée sur le Rocher en juin 2020. Sur le papier, l’effectif parait solide à tous les étages, et reste lancé sur une dynamique de 12 matches sans défaites en Ligue 1. Le mercato semble cohérent, et les premières prestations de Embolo sont très prometteuses.

Crédit Photo: A. Mounic/L’Équipe

CSO : Vous restez sur une prestation très solide face au Stade Rennais, ayant dominé les bretons en infériorité numérique sur une grande partie de la rencontre. J’imagine que cette prestation vous a rassuré ?

Remi : Clairement. On était un peu dans le flou après l’élimination cruelle face au PSV. Malgré une opposition à 10 contre 11 durant 75 minutes, Monaco a obtenu (et raté) un pénalty et a obtenu des occasions en pratiquant un football solide et porté vers l’avant. Malgré quelques temps faibles, la supériorité numérique des Rennais ne s’est jamais fait sentir mis à part dans la domination territoriale et la possession.

De manière générale, les 4 premières rencontres de l’ASM (PSV x2, Strasbourg, Rennes) ont amené leur lot de promesses pour la saison à venir. A confirmer samedi !

Crédit Photo: AS Monaco

CSO : Monaco semble avoir trouvé le successeur de Tchouaméni en la personne de Mohamed Camara (RB Salzburg). Est-ce qu’il sera aligné dès samedi ? 

Remi : C’est probable qu’il en soit, surtout que Youssouf Fofana est suspendu pour ce match. C’est un gros manque car il a réalisé un début de saison de haut niveau. Un milieu Camara – Jean Lucas est envisageable, mais Clément peut aussi craindre de le titulariser si vite, et s’orienter vers un milieu Jean Lucas – Matazo. Même le jeune Magassa, qui a joué contre Rennes suite à l’expulsion de Fofana, est une option après sa solide prestation dans un contexte difficile.

Concernant Mohamed Camara, il arrive précédé d’une réputation flatteuse, et déjà expérimenté en C1. Le choix semble bon. Malgré tout, je réserve mon avis sur ce joueur et j’attends de voir avant de fonder de grandes espérances. Youri Tielemans aussi était arrivé auréolé d’un statut de grand espoir du football belge, déjà expérimenté en C1 et n’a que peu convaincu en Principauté. A suivre.

CSO : Comment vois-tu la rencontre à venir ? Le RC Lens reste sur deux succès à Louis II, et risque de ne plus bénéficier de l’effet de surprise. Et l’AS Monaco aura certainement à cœur de prendre sa revanche suite au match de la 38ème journée de la saison passée. 

Remi : Depuis deux ans, le RCL est un adversaire difficile avec un jeu ambitieux incarné par son coach. Au-delà des deux défaites à Louis-II depuis la remontée de Lens, Monaco est surtout resté muet lors de ces deux rencontres. Cette année, le match a clairement une saveur particulière pour l’ASM, joueurs et supporters, c’est évident.

J’aborde la rencontre avec confiance, tant les prestations de l’ASM du début de saison sont convaincantes et le projet de jeu lisible. A l’inverse, le RCL n’a pas encore réellement eu l’occasion de se tester face à une équipe du premier tiers après ces deux premières journées. Les pertes de Clauss, Doucouré et de Kalimuendo semblent difficiles à combler sportivement même si Openda a déjà laisser entrevoir de belles promesses avec Sotoca. C’est donc un RC Lens en renouvellement, avec également un nouveau gardien, que Monaco se prépare à affronter. De notre côté, la principale source d’inquiétude vient de la suspension de Youssouf Fofana qui reste sur un excellent début de saison et a clairement pris le leadership au milieu après le départ de Tchouameni.

Crédit Photo: RC Lens.fr

CSO : Comment est considéré le RC Lens côté monégasque avant ce match ? Est-ce qu’il y a vraiment de la rancœur dans la communauté monégasque ?

Remi : C’est curieux et très typique du microcosme Twitter à mon sens. L’interview de Seko Fofana à la veille du match « à notre tour, on a envie de les priver d’Europe » a mis la pression dans un match à fort enjeu. Et le scénario du match – terrible pour l’ASM – a entraîné des réactions à fleur de peau chez nous, face à quelques lensois chambreurs. De bonne guerre. Je pensais que ça ne durerait qu’une semaine, mais vu les conséquences de cette égalisation sur la C1 (que l’on ne disputera donc pas) et la proximité de la « revanche » 10 jours après le PSV, c’est reparti pour un tour. Mon sentiment, c’est qu’on ne peut pas reprocher aux joueurs lensois d’avoir joué le jeu jusqu’au bout devant leur public.

Pour moi, il n’y a pas d’animosité entre ces deux communautés, c’est une petite tension du moment qui se tassera vite. Et je peux te dire que je garde un souvenir bien plus amer de l’égalisation de Varane à la 90+4 qui nous fait descendre en 2011, alors que le RCL était déjà condamné !

CSO : Je crois savoir que tu as été abonné à Louis II. Est-ce que tu as une anecdote à propos d’un Monaco – Lens que tu souhaiterais nous partager ?

Remi : Bien-sûr ! J’ai été abonné durant deux saisons, avant l’arrivée de Rybolovlev, c’était l’AS Monaco de Ruffier, Néné, Park, pour la première année de Guy Lacombe. Alors que Monaco mène 2-0 aux abords d’une fin de match au petit trot, où l’ASM gère et Lens n’y croit plus guère, on entend une puissante clameur venant de la tribune visiteur, et on voit les Lensois fêter quelque chose pendant plusieurs minutes. Sur le moment, j’ai trouvé ça curieux. Je n’ai appris que le lendemain qu’il s’agissait d’une célébration du but…simulée ! « Allez les gars, on ne s’est pas déplacé pour rien, on fête un but ». Jamais rien revu de tel chez les visiteurs !

CSO : L’heure du pronostic ! Quel score samedi ?

Remi : Victoire 2-1, et le RCL qui rate la balle de match à la fin !

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