Lens rencontre dimanche l’équipe des anciennes gloires sang et or que sont Brice Samba, Przemysław Frankowski et Seko Fofana. Plus qu’un match de gala, ce déplacement chez le Racing Club de Rennes indiquera aux supporters ce qu’ils peuvent espérer cette saison.

Fini le derby ! Au terme d’une semaine passée avec le sourire aux lèvres, un nouveau gros match attend les Lensois. Pierre Sage, relativement serein, a déclaré en conférence d’avant-match qu’à la suite de ce 3-0 contre Lille, les joueurs prenaient conscience qu’ils étaient en mesure de battre des adversaires contre lesquels ils passaient naguère pour des outsiders. Le technicien a en outre salué l’engagement, le pressing et la solidarité entrevus lors du dernier match. Tout en rappelant qu’il n’était pas entièrement satisfait sur le plan de la maîtrise du jeu offensif. On imagine que le caractère taciturne ou impénétrable de l’entraîneur lensois n’invite probablement pas les joueurs à se relâcher.
Et les places sont chères dans le onze. Concernant la composition attendue, si la défense et le milieu se stabilisent, il se pourrait que Pierre Sage change sa ligne d’attaque. Pour le trio offensif, seul Florian Thauvin à l’heure actuelle semble intouchable. Laissera donc t-il Rayan Fofana et Wesley Saïd titulaires ? Les deux ont été à la fête contre Lille, mais Odsonne Edouard et Abdallah Sima sont arrivés dans l’Artois avec la prétention d’être des titulaires.
Du côté de la défense, cette rencontre sera la première de la saison contre une équipe avec deux attaquants de pointe — probablement Esteban Lepaul et Breel Embolo. Une occasion de voir comment la défense à trois version Pierre Sage s’organisera. De l’aveu de Malang Sarr en conférence d’avant-match, les trois centraux adoptent avec l’ancien technicien lyonnais davantage un marquage en zone, là où Will Still les faisaient privilégier un marquage individuel.
Le club qui voulait faire du Lens
En face il y aura donc un Lens bis. Un Lens avec de l’argent mais sans idées. Si Arnaud Pouille avait convaincu les supporters artésiens, sa volonté frénétique de recréer un noyau dur d’anciens joueurs lensois peut inspirer le doute quant à sa capacité à laisser son staff travailler. Par ailleurs, beaucoup de joueurs annoncés cet été à Lens l’étaient également à Rennes. Simple jeux d’agents et de rumeurs ou manque réel d’inspiration des dirigeants rennais ? La vidéo « Simpsons » de présentation d’Odsonne Edouard a moqué les Rennais avec une affiche « On ne triche pas sur son voisin ! »
Parce que les Bretons disposent des moyens que Lens ne peut qu’envier, et donc un bel effectif sur le papier, mais que le club manque de cohérence, ils sont difficilement lisibles. Lors des deux dernières saisons, ce club au budget qui dépasse allègrement les 100 millions d’euros a fini 12ème et 10ème. Un gâchis qui a provoqué une (nouvelle) vague de départs et d’arrivées cet été dans la ville du Parlement de Bretagne.

Conséquence de cette instabilité de l’effectif : des résultats en dents de scie. En ce début de saison les joueurs d’Habib Beye ont été incapables de battre Nantes ou Angers et ont coulé contre Lorient. Mais, fort de leurs individualités, les Rennais (en infériorité numérique) ont également battu Marseille et Lyon. Quel Rennes va donc rencontrer Lens ? Celui qui est fort contre les forts ou celui qui est faible contre les faibles ?
Beye face à son ambition
Après une première demi-saison en demi-teinte (8 victoires, 0 nul, 7 défaites), le peu modeste Habib Beye, qui a longtemps martelé dans les médias son désir de coacher en Ligue 1, doit maintenant prouver qu’il est à la hauteur de ses ambitions. Il n’a plus l’excuse d’être arrivé en cours de saison. C’est pour le technicien breton un test contre un adversaire direct et un autre prétendant à l’Europe. La pression sera davantage sur lui que sur Pierre Sage.
Enfin, il est à noter qu’Alidu Seidu, Przemysław Frankowski et Valentin Rongier sont incertains. Ces possibles trois absences, surtout la dernière, pourraient peser sur l’équilibre de l’équipe bretonne, souvent mis à mal. Malgré tout, Lens arrive en outsider au Roazhon Park — un stade où, depuis la remontée, il n’a jamais perdu. Ce bilan de deux victoires et trois matchs nuls ne demande qu’à être confirmé.
