Lens affronte l’ASSE pour se refaire une sa(i)nté dimanche. Une semaine après le derby de la vacuité, une semaine après que les Verts se furent pris un set sur leur gazon face à Paris, le match a un enjeu avant tout autre : retrouver des couleurs.

Photo CSO
La positive attitude
Les Verts font dans le positivisme. Que ce soit Eric Horneland, team manager, ou Florian Tardieu, le 10 de leur team, interrogés en cette veille de rencontre, le club s’accroche à la bonne nouvelle tombée en milieu de semaine : Saint-Étienne glane trois points, comme un symbole, sur tapis… vert, face à Montpellier, qui se fait harakiri. Sur le plan comptable déjà, cela permet à l’équipe du Forez d’entrevoir la possibilité d’accrocher un maintien difficile alors qu’il reste sept journées. Saint-Etienne reste en effet au contact à un point du barragiste, Le Havre, et à trois points du Stade de Reims, premier non-relégable. « Les trois points récupérés ce mercredi ont un impact positif dans les têtes. Ils nous permettent de recoller avec le wagon des concurrents. Ça a amené du positif au centre de formation et les joueurs sont prêts à bonifier ce déplacement à Lens », comme l’annonce le coach Stéphanois.
Cette bonne nouvelle arrive également à un moment délicat comme un petit coup de pouce au mental, après la valise prise contre le PSG. Il ne faut pas s’y tromper, le 6 à 1 pris par les Stéphanois la semaine dernière ne reflète pas tout à fait le match. Les Parisiens n’ont absolument pas maitrisé le match de bout en bout, et se retrouvent bien heureux de ne pas sortir de la première période avec un retard conséquent. Leur salut viendra d’une égalisation sur pénalty concédé par Tardieu lui-même et du rageant manque de réalisme du buteur Lucas Stassin, qui aurait pu s’offrir un hat-trick en 45 minutes. Que nenni, lui aussi souffre de cette nouvelle malédiction qui touche également Mbala Nzola : celle de la coupe de cheveux Cornrows, qui empêcherait celui qui porte ses tresses près du crane de cadrer ses frappes. Espérons que le buteur stéphanois les gardera. Côté lensois, Will Still, bien trop superstitieux, a préféré offrir l’attaquant angolais à la réserve, perdante, évidemment, ce samedi.
Cette équipe de Saint-Étienne semble pouvoir jouer correctement au ballon, avec le retour tardif de Tardieu, écarté par Olivier Dall’Oglio à l’époque où il entrainait l’ASSE, le retour en prêt d’Irvin Cardona, Vert au cœur virevoltant, et de l’ailier Zurika Davitashvili, capable de quelques coups d’éclat. Pour autant, le mental reste fragile, et elle pèche sur des erreurs individuelles, entrevues face au PSG. Comme le souligne Florian Tardieu, « mettre de l’intensité sur 90 minutes, c’est dur, mais c’est aussi avec le ballon qu’on doit faire preuve de lucidité. »
À Lens, le chemin est similaire, mais pris en sens inverse. Nos Lensois ont fait une première mi-temps affreuse, suivie d’une deuxième plus convaincante et intense, au point de presque égaliser face aux Dogues. Mais voilà, Nzola, des frappes non cadrées… Voilà à quoi peut tenir un match.
Voyants verts ou saison morose ?
Cette rencontre entre potes, car le Racing et l’ASSE ont en commun cette formidable histoire minière, accouchera surement d’une nouvelle feuille de route pour la fin de saison.
Will Still évoque plusieurs objectifs pour les deux mois qui restent, collectifs et individuels, qu’il voit comme de nombreux leviers pour motiver toute sa troupe, du petit jeune mort de faim au vieux briscard qui peut encore espérer se montrer avant de s’offrir un contrat juteux aux Amériques ou dans le Golfe.
À Bollaert, nul doute que si victoire il y a, on sautera sur sa chaise comme un cabri en disant : l’Europe, l’Europe, l’Europe. Tardieu le sait : « C’est aussi un peu leur dernière chance pour accrocher l’Europe, il faudra être prêts et les faire douter. » Le Stéphanois, futé, sait bien qu’énoncer cette idée de qualification pour une compétition continentale rend nos Lensois fébriles. Or, pour l’ASSE, une victoire permettrait un vrai coup de boost et confirmerait de bonnes intentions avant peut-être une fin de saison tambour battant, dans une course au maintien éprouvante.
En tout cas, les Stéphanois sont motivés et auront utilisé le champ lexical guerrier tout le long de l’interview d’avant-match à coups de « combat », « batailler », « se battre », « jouer avec nos armes». Nos Lensois ont intérêt à bien se mouiller la nuque avant d’entrer sur la pelouse. Car en plus des Verts qui semblent vouloir vendre chèrement leur peau, le stade pourrait devenir hostile si ses protégés ne mettent pas l’énergie qui a tant manqué la semaine précédente face aux grands rivaux du Nord. Car renouer avec les trois points pourrait rendre, oui, vraiment, la fin de saison palpitante.
